Je suis un assassin (et je surpasse le héros) Vol.4 : Critiques

Après deux longues années d'attente, le manga Je suis un assassin (et je surpasse le héros) a enfin pu faire son retour en France le mois dernier, avec la publication de son 4e volume aux éditions Doki-Doki ! Rappelons que cette longue absence de l'oeuvre dans notre pays découle directement de la situation de sa dessinatrice au Japon: tombée gravement malade en 2020, Hiroyuki Aigamo dut effectivement mettre son manga en pause pour suivre un traitement et se reposer pendant environ un an et demi, jusqu'à enfin pouvoir reprendre son oeuvre en 2022. Dans la foulée, le tome 4 a pu paraître au Japon en juillet de l'année dernière, et le voici donc désormais dans notre langue. Il y a donc de quoi être heureux, non seulement car la mangaka est sortie victorieuse de sa maladie (ce qui est vraiment le principal), mais aussi parce que grâce à son éditeur et à son entourage elle a pu reprendre sa série sans encombre malgré la longue pause, et enfin parce qu'elle n'a rien perdu de ses talents de dessinatrice: au fil de ce 4e tome, on a effectivement droit à des planches suffisamment riches autant dans les designs que dans les décors, à un découpage vif et fluide, à des petits moments d'action rudement efficaces... On pourrait même trouver que l'autrice a progressé !

C'est, alors, avec un certain plaisir que l'on replonge dans cet isekai où nous laissions Akira, sa compagne elfe Amelia et le chat noir démoniaque Yoru au pays des elfes, terre d'origine d'Amelia où elle n'avait aucunement l'intention de revenir. Sur place, Akira est parvenu à vaincre Kirika, cette jeune fille elfe qui vouait une haine envers sa soeur Amelia à force d'être comparée à elle. Suite à cette rixe, le roi des elfes se décide alors à briser la sortilège d'amnésie qu'il avait autrefois lancé sur Kirika pour sceller de très douloureux souvenirs qui avaient failli la faire sombrer dans la folie... Pourquoi lève-t-il le sort maintenant ? Eh bien, car c'est précisément dans ces souvenirs longtemps enfouis que Kirika peut comprendre qu'elle est toujours lourdement trompée sur Amelia...

On peut dire sans souci que l'issue de cette partie chez les elfes est satisfaisante, tant les auteurs font vite et bien ressortir ce qu'il faut sur les personnages: la découverte par Kirika de ses propres erreurs du passé ayant failli coûter cher à Liam et plus généralement au peuple des elfes, ses regrets vis-à-vis d'Amelia, puis un focus sur les propres doutes d'Amelia qui s'est toujours interrogée sur ce qu'on attendait d'elle, sur les compliments et sourires de façade qu'on lui faisait peut-être sans qu'on voie la vraie elle-même. Et enfin, ce que l'observation de ces deux soeurs rappelle à Akira concernant sa vie d'avant dans son monde d'origine, avec la découverte brève mais intéressante de sa situation familiale, et son désir nouveau de revoir un père qui a disparu 7 années auparavant et qu'il considère désormais sous un jour nouveau.

Mais avant même d'envisager de rentrer dans son monde d'origine un jour, Akira a encore bien des choses à faire dans cet autre monde. Le voici atteint d'une vision d'avenir effrayante où le roi démon a tué Tsukasa, Kyôsuke et les autres, une vision qui a de fortes chances de se réaliser dans l'état actuel des choses, si bien que c'est avec une volonté décuplée qu'il reprend son voyage, tout d'abord sans but précis hormis celui d'atteindre le niveau 100, afin d'ensuite venger le commandant Saran, faire en sorte que sa vision funeste du futur ne se réalise pas, et aller au château du Roi Démon. Sur conseil de Yoru, et après avoir vaincu les sbires d'un certain Gram qui vivrait là-bas, notre héros et ses deux compagnons d'aventure prennent finalement la route de Bruta, le continent des hommes-bêtes, et plus précisément de la ville d'Ur. Dans la dernière partie du tome, tout n'est que mise en place de cette nouvelle halte, avec la découverte de premiers éléments assez intrigants sur ce nouveau continent: le fait que les humains soient considérés par les hommes-bêtes comme une race inférieure, la réputation négative des êtres comme Yoru là-bas, les faces mystérieuses de Linga le maître de la guilde des aventuriers de la ville d'Ur...

La curiosité est facilement piquée de ce côté-là, mais en parallèle les auteurs n'oublient pas de continuer à s'intéresser au groupe de Tsukasa, qui progresse à son rythme entre petites missions et recherche d'Akira. On les retrouve surtout alors qu'ils envisagent de quitter le continent humain de Kantynenn (notamment pour échapper aux troupes du roi), mais qu'il est encore trop tôt pour aller sur le continent où se trouve le Roi Démon, car aller là-bas demande avant une solide préparation. Si bien que leur prochaine destination les remettra peut-être sur la route d'Akira...

Avec la fin de la partie chez les elfes, l'installation de celle chez les hommes-bêtes, et à côté de ça l'entretien de la progression du groupe de Tsukasa, ce 4e volume nous offre en quelque sorte un entre-deux, l'ensemble étant rendu suffisamment efficace par une mangaka que l'on est heureux de retrouver en si bonne forme après les épreuves qu'elle a traversées. Souhaitons désormais une longue vie à cet isekai tout à fait sympathique à suivre !