Je suis Shingo Vol.4 - Actualité manga
Je suis Shingo Vol.4 - Manga

Je suis Shingo Vol.4 : Critiques

Watashi wa Shingo

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Octobre 2019

La conscience de lui-même, puis les sentiments: telles sont les choses que Shingo a apprises par lui-même, suite aux premiers apprentissages que Satoru et Marine lui ont inculqués. Témoin de leur amour, le robot les voit comme un père et une mère pour lui. Et en tant qu'enfant, il veut les revoir, et transmettre à Marine les mots de Satoru a laissés, "Marine je t'aime encore". Mais là où les deux enfants ont appris à Shingo l'amour, les adultes semblent n'avoir de cesse de lui enseigner la destruction, tant ils se montrent violents et avides quand ils le voient.

C'est ainsi que se poursuit la folle fuite du robot, traqué par des adultes, aidés par certains enfants comme Shizuka dans le seul but de retrouver Marine. Ici, son parcours reste captivant à suivre: après la tragique fin de la fuite sur les quais avec Shizuka, le robot devra trouver comment sortir de l'immeuble en destruction où il s'est réfugie, dénicher un moyen de communiquer avec l'extérieur, etc... mais sur son chemin, il croisera toujours des figures tantôt assez bienveillantes tantôt destructrices, ces deux facettes étant bien incarnées ici par une seule et même personne, à savoir le petite génie de l'informatique et hacker. D'abord assez conciliant dans sa communication par ordinateur avec Shingo dans ce qu'il prend pour un jeu vidéo d'un nouveau genre, à tel point qu'il accourt dehors pour essayer de la sauver, il va pourtant radicalement changer de comportement en approchant du robot, dès qu'il le verra. Enfant peut-être trop mature pour son âge, comme le montre son intelligence en hacking, cet enfant finit par avoir le même comportement destructeur que les adultes. Et tandis que la fuite de Shingo se poursuit difficilement sous les blessures et les errances, sa plus belle piste se retrouve dans les traces de pas de son père, des traces dans lesquelles il parvient à dénicher tous les sentiments qu'il faut...

Mais tandis que l'incroyable et destructrice quête de Shingo se poursuit et restant toujours rythmée, haletante et noire, les événements se passant en Angleterre, du côté de Marine, sont eux aussi tout aussi puissants. A l'heure où nous laissions la fillette en perdition face aux méfaits de Robin, hospitalisée et en partie amnésique, la situation pour les Japonais en Angleterre devient soudainement tendue, tout prétexte devient bon pour casser du Japonais, et le pays lui-même semble devenir la cible du monde entier d'après le père de la petite fille... Un véritable climat de paranoïa s'installe, une paranoïa cauchemardesque, déjà teintée de violence et de mort, où Umezu dépeint toujours plus, sous son trait noir et dense, ses expressions faciales de peur totale et figée et ses plus profonds excès de violence, la folie destructrice des adultes. Une folie où la seule lueur d'espoir semble venir d'une fillette incomprise, qui dit pouvoir entendre les mises en garde des machines, mais que tout le monde, l'inquiétant Robin en tête, s'acharne à faire taire. Il est clair que le mangaka se plaît beaucoup à en faire des tonnes cette fois-ci, en particulier dans toute cette partie où il exagère le trait dans nombre de choses (le dérapage total du lien entre Anglais et Japonais, le rapport du Japon aux machines...), pour mieux entremêler les degrés de lecture, se rapprocher toujours plus du récit méta, tout en apportant une part presque psychédélique et en enchaînant les références cinématographiques peut-être plus ou moins conscientes (ne serait-ce que les motards à la Mad Max où le dérapage de la situation façon The Warriors de Walter Hill, des films justement sortis à peine quelques années avant le manga d'Umezu). Il faudra peut-être, plus que jamais adhérer au trip jusqu'au boutiste de l'auteur, mais si c'est le cas la lecture est à nouveau une merveille d'immersion.

A ce stade où le récit prend une ampleur toujours plus démesurée, il est difficile de dire jusqu'où Kazuo Umezu va nous emmener, mais en attendant de le découvrir une chose est sûre: son récit reste toujours aussi malin, puissant et captivant.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction