Isabella Bird - Femme exploratrice Vol.8 - Actualité manga
Isabella Bird - Femme exploratrice Vol.8 - Manga

Isabella Bird - Femme exploratrice Vol.8 : Critiques

Fushigi no Kuni no Bird

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Décembre 2021

Isabella et Ito ont enfin atteint la ville d'Akita, leur dernière grande étape avant d'essayer de quitter l'île principale du pays afin de rejoindre l'île d'Ezo (l'ancien nom de Hokkaidô) au nord. Sur place, ils logent au sein d'une auberge où l'ambiance semble à la fête puisque O-Shino, la fille de l'aubergiste, doit se marier le lendemain ! Forcément, dans son désir de découvrir en profondeur les us et coutumes nippons, notre héroïne est désireuse d'assister à ce mariage. Seulement, l'atmosphère est-elle vraiment totalement festive ? Comme le laissent deviner assez bien les toutes premières pages introductives un peu violentes, il règne une certaine tension entre le père et sa fille concernant cette union...

Même si Taiga Sassa ne perd jamais de vue d'autres petites découvertes sur les traditions japonaises de l'époque (les croyances envers les teriboshi, le respect dû aux défuntes générations antérieures, la coutume festive "Hikiyama", ou même les habitudes japonaises pour la toilette lors d'un très court chapitre), les deux premiers tiers de ce volume se concentrent vraiment beaucoup sur le mariage d'O-Shino, et cela permet évidemment à la mangaka, à travers les découvertes d'Isabella, d'apporter avec suffisamment de profondeur et d'immersion nombre d'aspects liés aux moeurs nuptiales d'alors: le noircissement des dents qui est vu comme un summum esthétique, le déroulement de la cérémonie, le rôle du marié concernant le saké, etc, etc... le tout étant toujours mis en images efficacement à grâce à un dessin se voulant, encore et toujours, suffisamment riche et précis. Néanmoins, Taiga Sassa, à travers l'opposition du père au mariage de sa fille, prend soin d'aller encore plus loin: sur une base classique de différence de classe sociale, l'autrice se sert surtout de la chose pour évoquer le concept de "vol d'épouse" ainsi que tout ce qu'il implique, entre les coutumes pouvant faire accepter ce type d'union, la question du "déshonneur" lancé sur la famille, et par la même occasion la question du respect familial lié aux générations précédentes. Tout ceci à travers le regard d'une Isabella qui, avec son regard d'Occidentale découvrant le pays en évitant autant que possible de le juger, dresse des parallèles intéressants entre sa propre culture et la culture japonaise. Enfin, même si l'opposition entre l'aubergiste et sa fille est un petit ressort scénaristique classique, l'autrice n'oublie pas d'en faire quelque chose de suffisamment prenant, en évoquant tout de même le lien qui subsiste entre O-Shino et son père, en tant que famille.

En nous immisçant soigneusement et de manière assez emballante dans ces traditions autour du mariage, ce passage à Akita est donc tout à fait réussi, avant que la suite ne fasse reprendre à Isabella et Ito leur voyage, cette fois-ci en direction d'Ezo, et avec des enjeux clairs: la santé de notre héroïne restant fragile, elle doit obligatoirement parvenir à rejoindre en sept jours Hakodate, ville portuaire de l'extrême sud d'Ezo/Hokkaidô, afin de s'y faire soigner par Hepburn, sans quoi son corps risque de ne plus du tout supporter le voyage. Mais une épreuve de taille se place devant eux: comment traverser/remonter le fleuve Yoneshiro, alors qu'une tempête s'abat en faisant sortir le cours d'eau de son lit au point de tout emporter, maisons comme embarcations ? Après le "calme" d'Akita, Taiga Sassa varie alors le plaisir avec une traversée périlleuse dotée d'un petit parfum de danger et d'aventure... mais une aventure ne manquant pas également de rappeler, le temps de quelques pages tragiques et très bien mises en scène, que la nature peut être implacable et emporter des vies sans sourciller quand elle est déchaînée. De quoi nous rappeler de plus belle que le voyage d'Isabella n'est pas fait que de bonne découvertes, et que les menaces peuvent toujours surgir.

A l'arrivée, ce tome annuel de la série est un bon cru, Taiga Sassa y trouvant toujours le bon équilibre entre les découvertes d'une culture différente, l'aventure humaine et les différents problèmes/dangers. Isabella Bird - Femme exploratrice reste donc un manga que l'on retrouve toujours avec un grand plaisir !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction