Irene Vol.6 - Actualité manga
Irene Vol.6 - Manga

Irene Vol.6 : Critiques

Itoshi no Irene

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Mars 2022

En acceptant de marcher avec les yakuzas dans l'espoir de "libérer" son fils d'Irène, Tsuru a fait pire que mieux: poussé par sa détermination à protéger sa jeune épouse philippine, Iwao en est arrivé à tuer les deux proxénètes, qu'il a enterrés dans la montagne. Mais depuis, le quarantenaire n'est plus comme avant, s'est replié sur lui-même, ne veut quasiment plus sortir de la grange sauf, peut-être, pour quand même aller travailler et passer du bon temps avec quelques femmes de sa connaissance. En attendant, Irène est contrainte de vivre sous le même toit que sa belle-mère,d ans un climat d eplus en plus intenable. Et le pire reste peut-être à venir car, forcément, d'autres yakuzas viennent rôder, menaçants, pour savoir ce que sont devenus leurs deux compères... Y a-t-il encore le moindre salut pour Iwao, et le moindre espoir de bonheur pour Irène dans ce village ?

On retrouve donc le trio principal de la série dans un climat plus terrible que jamais, où tout risque d'éclater d'un moment à l'autre de la plus terrible des manières... et où, pourtant, Hideki Arai, sur son habituel ton violent, continue jusqu'au bout de croquer ses personnages dans leur humanité, que ce soit dans leurs élans de tendresses, dans leurs faiblesses ou dans leurs excès nocifs. On suit Iwao qui évacue ses regrets en s'enfonçant dans ses désirs purement sexuels, si bien que n'importe quelle femme à sa portée fait désormais l'affaire (que ce soit Marine qu'il s'achète volontiers, Aiko qui l'attirait tant autrefois, ou Majima envers qui il se montre très rustre), et si l'homme pourrait apparaître odieux, le fait est que lesdits regrets sont bele t bien présents, et qu'il se dit qu'il aurait peut-être dû laisse la pauvre Irène dans son pays. Irène qui, justement, fait tant d'efforts, pour trouver le bonheur, pour garder un espoir dans ce mariage, pour Iwao, pour le protéger et le rendre heureux, mais aussi pour elle. Mais elle s'interroge, entre attentions, efforts et colère: dans le fond, quel est le sens de ce mariage, de cette "relation de couple" et de tout ça ? Qu'est-elle pour Iwao ? Une vraie épouse, ou juste un vagin à se payer ? Elle qui a quitté son pays, s'est éloignée de sa famille pour l'aider, a eu l'espoir d'un mariage heureux en tirant sans doute trop tôt un trait sur son enfance... Quant à Tsuru, elle reste horrible avec sa belle-fille, la conspue sans cesse, la nourrit à peine, mais d'un autre côté, il y a toujours aussi cette vieille femme aimant plus que tout, naturellement, son fils, défendant autant que possible "son" Iwao face aux accusations, et pleurant toutes les larmes de son corps pour lui.

Dans cette ambiance toujours directe et violente où pointent pourtant ces rares mais importants élans de tendresse et d'humanité, on suit ainsi le parcours chaotique et tragique de ces personnages, jusqu'à cette dernière ligne droite et cette conclusion douces-mères, entre nihilisme, lueur d'espoir malgré tout, et éléments symboliques (les ultimes pensées de Tsuru pour les générations de sa famille). On referme le dernier volume d'Irène chamboulé par un récit qui jusqu'au bout, met en exergue la misère de cette campagne japonaise où les habitants son marginalisés, éloignés de tout, laissés à l'abandon voire volontairement abandonnés sur place, et où ils ne peuvent que se replier toujours plus en entretenant préjugés et haine vis-à-vis de ce qui leur est étranger. Un violent et incroyable portrait de misère sociale, à la fois tragique et dépourvu de la moindre concession.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs