Innocent Vol.6 - Actualité manga
Innocent Vol.6 - Manga

Innocent Vol.6 : Critiques

Innocent

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Juin 2016

Le magistrat de Versailles a rendu sa décision : le Marquis Georges de la Tour est condamné à la décollation : séparation de la tête et du corps. Cependant, si l’exécuteur des hautes œuvres de Versailles n’est autre que Marie-Josèphe Sanson, elle n’est pour le moment âgé que de onze années et, derrière cette sentence, se dissimule les jeux de pouvoirs d’un certain Louis-Philippe II : l’exécution doit être menée au fil du rasoir. Charles-Henri Sanson, « Monsieur de Paris », désormais responsable naturel du devenir du lignage, et doté d’une récente nouvelle maturité, entend prendre les choses en mains, personnellement. En dépit de ses louables intentions, Marie-Josèphe, d’un tempérament féroce, fomente : elle compte bien être présente sur l’échafaud afin d’œuvrer comme il se doit… mais c’est l’escalade : la tension monte, le condamné pose problème et, comme si cela ne suffisait point, il a été exigé qu’il soit décapité en position debout : posture qui semble rendre impossible la décollation au glaive en une seule frappe ; la jeune enfant se retrouve seule à devoir surmonter une succession d’aléas devant une foule baveuse.

Il y aurait maintes choses à dires quant à cet ouvrage et, probablement, celle qui semblera devoir être évoquée en premier rang sera la spécificité d’un récit construit à l’aune d’une rivalité entre deux êtres, frère et sœur, autrefois complices, devenus, dans leurs maturations respectives actuelles, les opposés purs et simples. D’un côté, Charles-Henri, jeune homme brun, le cœur bon, exerçant sa profession en dépit d’aspirations vertueuses et progressistes ; et, de l’autre versant, Marie-Josèphe, une enfant, blonde à souhait, l’âme d’une bête et n’aspirant qu’à exécuter les sentences dans une violence assumée et parfois exacerbée.

La personne de Marie-Josèphe Sanson aura fait l’objet de bien moins de littérature historique que n’a pu en être le réputé Charles-Henri ; aussi c’est sans doute pourquoi l’auteur aura choisi celle-ci, afin de s’octroyer les libertés narratives et créatives qu’il souhaitait instaurer et insuffler le souffle romanesque nécessaire pour que la fresque ne prennent point les allures d’un sobre reportage scolaire : chose réussie, tant sur le fond que sur la forme avec ce look romantico-punk et glam-cool. Dans le cadre de la conceptualisation de ce personnage, l’auteur s’affranchit de toute limite : une femme enfant bourreau durant cette époque et arborant, de surcroît, une coiffure iroquoise, en germe de la rancune dépouillée de toute empathie… attention les pupilles.

Si, à l’instar du précédent tome, il est ici procédé à l’entrée en scène de nombre personnages, cela sera fait de manière davantage agréable : l’auteur étant revenu à une narration moins accélérée et se consacrant, par là même, davantage à la psychologie des personnages. Appuyé sur la rivalité susdite entre les frères et sœur, l’intrigue ne manquera pas de se raviver en fin d’ouvrage avec une nouvelle relation semblant se dessiner entre Charles-Henri et un personnage qui pourra hautement surprendre : Louis-Auguste de France, autrement dit le dauphin et donc futur Roi de France en la réputation de Louis XVI. Shin’Ichi ne se saura jamais accordé autant de liberté avec les réalités historiques ; le lignage Sanson constitue un prisme privilégié de la lecture de cette époque, et l’auteur ne s’en prive pas le moindre.

Tout cela implique une description des personnages qui fréquentaient lesdits cercles de pouvoir, leurs fonctionnements et leurs évènements ; et il y aurait beaucoup à évoquer ; néanmoins, l’auteur y procède de manière suffisamment fluide et pédagogique sans trop rentrer dans les lourdeurs qui pourraient prêter au flanc, tant certaines choses de cette époque sont sensibles. Et, si, sous le trait de Sakamoto-sensei, tout est sujet à être sublimé dans une romance maîtresse, alors le Palais de Versailles prendra des allures de Jardin d’Eden.

Un rehaussement manifeste eu égard au précédent tome, lequel aura pu en l’espèce développer un ensemble d’éléments qui seront susceptibles de permettre à l’œuvre de produire tout son effet dans la suite de l’épopée Sanson. En espérant que la suite soit tout autant sombre, intimiste et empreinte de gravité que certains des précédents tomes de la fresque, avec des personnages profonds en prise avec leurs propres turpitudes et, bien évidemment, toujours estampillé de ce romanesque éthéré.






Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs