Innocent - Rouge Vol.11 - Actualité manga
Innocent - Rouge Vol.11 - Manga

Innocent - Rouge Vol.11 : Critiques

Innocent Rouge

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Mars 2021

Décapité, le roi Louis XVI n'est plus, et c'est suite à cet événement historique que Shinichi Sakamoto a décidé, dans la dernière partie du tome 10, d'entamer un petit retour en arrière pour nous faire revivre la fameuse tentative de fuite de la famille royale jusqu'à son arrestation à Varennes. Un passage venant donc dénoter un peu dans la chronologie de l'oeuvre, mais qui s'avère très intéressant ici, en premier lieu bien sûr pour le petit portrait de famille effectué: entre la douceur et des instants comme le pique-nique, il y a une certaine innocence dans ces instants en famille, presque hors du temps alors que la situation est justement à l'urgence avec la fuite. Et puis, il y a le désir du roi d'assumer son rôle de père de famille en prenant la fuite en maison contre l'avis de Fersen... mais pour quel résultat ? Fuir ainsi, est-ce vraiment ce qu'il souhaite ? A cette vision de la famille royale presque candide (et d'une blancheur parfois immaculée sous le dessin de l'auteur), viennent répondre toutefois des moments bien différents et rappelant la situation du pays et la méconnaissance que Marie-Antoinette et les siens ont de la situation à force d'être restés dans une sorte de cocon détaché du peuple, la scène de la mendiante en étant un exemple fort. Mais l'aspect le plus intéressant de ce "flashback" est sûrement la confrontation de Marie-Josèphe, qui a deviné le plan de fuite, à Fersen, le noble suédois qui est déterminé à protéger la reine. Un véritable duel de valeurs entre celle qui veut changer son époque par le sang, et le "sang bleu" rongé par son sentiment de noblesse jusqu'au cou au point de mépriser le peuple.

Cette entame de volume passée, retour en 1793 où, tandis que la Terreur bat son plein sous l'égide de Robespierre, Danton et Saint-Just, on retrouve une Marie-Antoinette veuve, séparée de ses enfants qui ont été confiés à Antoine Simon (dont le mangaka offre une vision loin d'être tendre), enfermée dans la Conciergerie dont on ne ressort que rarement vivant. Celle qui avait une enfance idyllique et qui était promise à un bel avenir est devenue la femme la plus détestée de France et a perdu tous ses proches, et Sakamoto nous invite volontiers à entrevoir certains de ses états d'âme. C'est alors que ressurgit devant elle une figure qu'elle ne connaît que trop bien, celle de Marie-Josèphe, qui a une chose surprenante à lui proposer... mais pour cela, sous le regard de celle qui est devenue "l'assassin de la Terreur", l'ancienne reine saura-t-elle purger le sang royal dont elle est si fière, ou restera-t-elle dans sa dignité quitte à ne jamais revoir ses enfants ?

Une chose est passionnante ici, à savoir la place que Sakamoto accorde à Marie-Josèphe dans sa revisite des événements historiques. Que ce soit sa course contre le carrosse au début de la fuite de la famille royale, son altercation avec Fersen, ses mises à mort sous la Terreur, ce qu'elle vient proposer à Marie-Antoinette... Même dans ses élans les plus sanglants voire cruels, elle fascine dans son genre, à force de remuer son époque et d'incarner à elle seule nombre de choses de la Révolution, en bien comme en mal. Et ici, le mangaka poursuit son récit avec une certaine ambivalence, car ils y a bien des innocents dans chaque camp, mais ceux-ci se voient forcément très malmenés par le chaos de cette période.

Et puis, le travail visuel de Sakamoto fait le reste, avec certaines nouvelles métaphores hypnotiques (le carrosse-corbillard), ou encore un dernier chapitre délicieusement exubérant avec sa transposition des choses dans un lycée du Japon d'aujourd'hui.

Innocent Rouge reste alors une lecture toujours aussi fascinante, dont on attendra avec beaucoup d'intérêt le 12e et dernier volume... Espérons donc que celui-ci ne sortira pas dans plusieurs mois.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction