Innocent - Rouge Vol.10 - Actualité manga
Innocent - Rouge Vol.10 - Manga

Innocent - Rouge Vol.10 : Critiques

Innocent Rouge

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Février 2021

"Lorsque je vois une femme dans une mise si soignée qui s’apprête à changer le cours de l’Histoire…il est de mon devoir de l’encourager."

Même s'il faut prendre en compte la situation sanitaire et les confinements, pas moins d'une année complète aura été nécessaire pour que les éditions Delcourt/Tonkam daignent enfin sortir le tome 10 d'Innocent Rouge, le volume 9 étant paru en février 2020. Pour une série terminée au Japon en 12 tomes depuis un an, c'est long... mais consolons-nous en constatant qu'au moins, à force de reports, il n'y aura pas longtemps à attendre jusqu'à la sortie du volume 11 puisque celui-ci est prévu début mars.

Louis Capet n'est plus. Celui qui, encore quelques années auparavant, était le roi Louis XVI, a vu sa tête tomber sous la guillotine, marquant dès lors une charnière dans l'histoire de France. Le peuple veut à présent tremper un mouchoir ou un morceau de papier dans le sang royal en guise de "porte-bonheur", mais Charles-Henri en a décidé autrement: maintenant que l'ancien souverain a été sacrifié pour permettre au pays de changer, il n'a en tête que deux choses. Tout d'abord, conduire au plus vite la dépouille jusqu'au Cimetière de la Madeleine avant que la nuée populaire ne pose ses mains dessus. Puis, trouver un prêtre qui osera répondre à ses doutes... Est-il innocent ?

Tandis que Charles-Henri s'enfonce dans ses tourments, il n'est toutefois pas question de l'attendre pour que le pays s'engage dans une nouvelle ère, pour un résultat restant on ne peut plus chaotique: épaulé par Danton, Marat, Saint-Just et les autres Jacobins, Robespierre installe le fameux régime de la Terreur, qui porte on ne peut mieux son nom. Une période de dix mois pendant laquelle, sous couvert de défendre le peuple, quiconque ira à l'encontre des Jacobins sera arrêté, exécuté... en somme, une période où Charles-Henri devra enchaîner les mises à mort, celles-ci se comptant par centaines voire par milliers. Mais durant ces mois de profond chaos, certains visages ont cherché à se révolter contre la situation, pour des raisons parfois assez différentes, et parmi eux se trouvaient certaines femmes ayant marqué l'Histoire...

Dans ce volume, ce sont alors avant tout les femmes révoltées qui sont mise à l'honneur. Et si le cas très intéressant de Théroigne de Méricourt, personnalité un peu oubliée aujourd'hui mais ayant bien existé, est abordé un peu vite, Shinichi Sakamoto développe par contre très bien celui de Charlotte Corday, celle qui est restée dans l'Histoire comme la meurtrière de Marat, vouée alors à la décapitation très peu de temps après à un jeune âge. La manière dont le mangaka reprend Corday est aussi passionnante que fascinante: au-delà des convictions et des origines, il propose une femme aussi belle que pure, et dont la pureté l'a justement poussée à oser agir là où ses camarades masculins n'avaient que de la gueule. Il y a bien quelque chose de féministe dans la manière dont Sakamoto dépeint la jeune femme, qui apparaît bien plus en valeur que les hordes d'hommes dénigrant son statut de femme tandis qu'eux-mêmes n'agissent pas. Et nul doute que cette soif de révolte féminine a été brillamment nourrie par certains choix de notre chère Marie-Josèphe, toujours aussi fidèle à elle-même et fascinante. Et jusque sur l'échafaud, la Charlotte Corday de Sakamoto saura conserver pureté et dignité.

"Je me fais toujours l’alliée de ceux qui se rebiffent contre leur époque."

La dernière partie du tome, elle, voit Sakamoto revenir un peu en arrière pour dépeindre la fameuse tentative de fuite de la famille royale jusqu'à son arrestations à Varenne. Un choix intéressant, y compris pour observer les choix de Fersen, et dont on attendra de voir la suite avec intérêt, sachant que l'auteur n'a sans doute pas choisi au hasard de revenir là-dessus maintenant. Pour le reste, le mangaka livre encore nombre de merveilles visuelles, entre la pointe d'excentricité de certains personnages (cette petite valse de Robespierre et Saint-Just), ou encore les différentes métaphores (comme celle du golem, qui est bien trouvée côté sens), qui sont toujours autant d'élément contribuant à l'unicité et à l'aspect artistique de la série.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction