Imagination Real : Critiques

Ima Rea

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Août 2019

Si le nom de Hiromitsu Takeda vous dit quelque chose, ce ne serait pas forcément étonnant: cet auteur est déjà connu en France via sa toute première série professionnelle, le manga ecchi/action Maken-Ki!, qu'i poursuit inlassablement depuis 2007, et qui a été adapté en anime. Ce mangaka a aussi participé à quelques autres titres "grand public" orientés ecchi, mais parallèlement à tout ça il poursuit également depuis presque 15 ans une carrière dans le manga porno, que ce soit en doujinshi avec des parodies d'oeuvres connues qu'il propose sous les noms Pearl Oyster, Shinjugai ou KingPin, ou en publication professionnelle. C'est cette dernière catégorie qui nous intéresse ici, Taifu Comics ayant décidé le mois dernier de publierdans notre langue Imagination Real (ou Imaria), un ouvrage qui ne fait pas dans la dentelle...

Passionné par les idols et notamment par la vedette Seika dont il a de nombreux dérivés qui l'excitent beaucoup, Kazuya est aux anges depuis qu'il a découvert que la belle Honami Aihara, sa voisine et propriétaire de son logement, a elle-même entamé une carrière dans ce milieu. Le jeune homme s'applique à lui cacher qu'elle-même l'excite beaucoup, qu'il a des posters d'elle sur lesquels il se masturbe souvent... et mieux vaut effectivement le lui cacher, car Honami semble avoir un caractère bien trempé ! Pourtant, la situation entre les deux jeunes gens évolue le jour où Kazuya surprend Honami en train de se masturber sur un poster... de lui?! S'avouant alors tous deux leur attirance mutuelle, ils entament une relation faite d'amour sincère et de sexe bourré de désir: la Honami pure et innocent du public devient alors, en privé avec Kazuya, la Honami amoureuse et lubrique. Mais le monde des idols étant intransigeant, le contrat de Honami stipule qu'il lui est interdit de fréquenter quelqu'un. Et quand le scandale est proche d'éclater, son producteur exige qu'elle paie son erreur d'une façon peu louable, en participant notamment à un nouveau projet de groupe très particulier aux côtés de deux autres idols donc la carrière commence à chuter: Seika elle-même, et la dénommée Kisara...

Les idols font partie de ces fantasmes bien japonais, demoiselles à l'image pure que nombre d'auteurs de hentai n'hésitent pas à souiller, et Takeda s'engouffre totalement dans ce registre en allant assez loin, car lui, son truc, c'est la manipulation psychologique, la déchéance morale et le netorare (une forme d'adultère). Vous pouvez donc déjà deviner comment va tourner l'histoire de Kazuya et de Honami: dès lors que son producteur s'en mêle, il a une idée bien précise en tête, à savoir la soumettre, en faire son jouet personnel qui ne pourra pas lui résister (quitte à utiliser quelque substances douteuses), puis se faire de l'argent sur son dos en en faisant un nouveau genre d'idol bien plus débauchée avec ses fans... le tout, pendant que Kazuya continue d'avoir confiance en sa précieuse compagne avant de découvrir ce qui lui arrive par divers moyens, comme des vidéos qui lui sont envoyées.

On est donc dans un registre assez malsain, du genre où il ne faut pas compter sur une image respectueuse de la femme, qui pourra assurément trouver son public et dégoûter les autres, et qui ici rappelle par certains égards l'histoire d'un autre recueil paru chez Taifu Comics il y a quelques années: Sex Infinity d'Erect Sawaru, où ce dernier proposait aussi une histoire d'adultère où un petit ami bienveillant suivait la déchéance brutale de sa chérie en recevant des vidéos sans pouvoir faire quoi que ce soit. Mais il y a une grosse différence entre le récit d'Erect Sawaru et celui de Takeda: l'ambiance. Dans son récit, Sawaru travaillait véritablement toute une atmosphère malsaine, et soignait beaucoup ses choix d'angle de vue. Dans Imagination Real... hé bien, c'est moins le cas. Bien qu'il ait un trait assez agréable pour faire ressortir l'ahegao ainsi que les formes des filles en plein mouvement lors des scènes de sexe assez brutales, l'auteur montre peu d'inspiration dans la mise en scène en offrant souvent le même type de coït, son récit devenant alors un peu lassant à la longue. D'autant plus que tout compte fait, malgré la situation, on peut trouver, paradoxalement, que l'auteur ne va pas très loin, dans la mesure où on restera toujours sur du vaginal classique: pas d'anal, pas de vraies scènes de groupe pour Honami... et quand il en annonce une juste avant la fin de son livre, le mangaka s'arrête avant de la dessiner. C'est un choix qui, selon les goûts pourra plaire ou non, mais pour une histoire de ce genre le mangaka donne l'impression de ne pas oser aller trop loin alors qu'il en avait visiblement envie, ce qui rend alors son récit plutôt lambda dans le domaine. La principale déception qui devrait mettre tout le monde d'accord reste toutefois à chercher dans le rôle des deux autres filles de l'histoire, Seika et Kisara, qui sont complètement sous-exploitées. Takeda s'est pourtant appliqué à offrir à chacune des trois héroïne un physique bien différent, mais au final les deux compagnes d'infortune de Honami sont introduites à l'arrache (dans tous les sens du terme) et n'ont pas de rôle très marquant.

Après ce récit en 4 chapitres occupant environ 140 pages, le recueil se referme sur deux autres histoires d'adultère assez rentre-dedans, mais là aussi sans grosse originalité ni prise de risques, mais avec, pour la première des deux, une héroïne assez efficace. Enfin, on regrettera l'absence d'une postface de la part de l'auteur.

En somme, Imagination Real a quand même de quoi plaire aux amateurs de ce genre de hentai, mais globalement il faut avouer que l'on s'attendait à mieux, l'auteur restant dans quelque chose d'assez lisse et ne renouvelant pas assez ses scènes de sexe. L'édition, elle, est très bonne avec ses 4 premières pages en couleur, sa traduction sans gros couacs et assez cochonne, et une bonne qualité de papier et d'impression.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
11.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs