Ile de Hozuki (l') Vol.2 : Critiques

Critique 1

Riki, le leader de la petite bande qui en a découvert beaucoup à propos de la machination des adultes, a été assassiné de sang-froid et son corps déplacé hors de portée de vue. Même Mlle Kai, la tutrice si gentille à l’égard de Kokoro et de sa sœur, montre désormais une facette plus sombre. Nos héros, survivants, doivent alors faire fonctionner leurs méninges pour préparer une évasion de l’île, car si ça continue, tous seront tués…

Alors que le premier tome marquait énormément nos doutes par rapport au déroulement de l’histoire, laissant croire soit à un complot des adultes où à une trop grande méfiance des enfants à leur égard, voilà que cette suite rend sa direction un poil plus tangible dans le sens où se créer un danger cette fois réel et à l’origine de bien des sueurs froides, aussi bien des héros que du lecteur. La série s'ancre alors dans l'horreur pure, mais garde un semblant de subtilité tant la réponse finale ne nous est pas donnée et reste en lien avec les mystères de l'intrigue.

Se consacrant alors au plan d’évasion de la troupe d’enfants, ce nouveau volet se présente comme une lecture assez palpitante dans le sens où le divertissement est entièrement assuré. La mise en place de l’œuvre étant achevée, celle-ci entre dans le vif du sujet et propose un rythme effréné jusqu’à sa toute dernière page. La démarche de Kei Sanbe est alors simple, mais efficace, on n’en demandait pas forcément plus à l’auteur pour nous divertir et ce dernier fait ça on ne peut plus habilement. Son sens du rythme est d’ailleurs marqué par la succession des séquences d’accalmie et de moments plus forts où la menace se rapproche des enfants, une cadence qui nous empêche de fermer le tome jusqu’à la fin de notre lecture, tout en sachant que celui-ci se savoure très vite étant donné le peu de présence de textes.

Mais à côté de ça, le scénario se tait quelque peu et ne dévoile pas vraiment de clefs à ces mystères durant cet opus qui se consacre à la sensation. Au contraire, les éléments surnaturels qui laissaient croire à une intrigue plus complexe se font toujours présents sans livrer de vérité. Gageons toutefois que si le récit se veut plus noir puisque la facette des adultes laisse moins d’ambiguïté, le tome laisse une légère part à l’interprétation, un point assez bien mené par Kei Sanbe ce même s’il cherche à dépeindre le camp opposé aux enfants sous un angle maléfique… Mais si les héros se font de fausses idées, comment expliquer les morts et le fantôme hantant l’île ?

Notons au passage que la fin du volume propose une histoire courte que le mangaka a dessinée pour les deux ans du magazine de prépublication Young Gangan. La Pécheresse se présente alors comme un prototype qui aurait très bien pu donner lieu à une série plus développée tant elle présente rapidement de nombreux concepts sympathiques, mais laissant place à une intrigue trop superficielle à cause du petit nombre de pages. Néanmoins, Kei Sanbe montre ici ce qu’il aime faire le plus, à savoir créer une ambiance sombre marquée par des rebondissements plus ou moins prévisibles.

Passée son introduction, L’île de Hozuki passe à la vitesse supérieure en faisant la belle part au suspense, développant alors un récit particulièrement effréné et efficace. Les mystères autour du scénario de la série restent néanmoins entiers, la curiosité de lire les deux derniers tomes est donc bel et bien là.

Critique 2

Après les incidents et les morts qui ont eu lieu, les enfants, face à des professeurs plus que jamais inquiétants, décident de s'organiser pour prendre la fuite. L'île devient alors le théâtre d'une implacable course-poursuite entre nos jeunes héros et les adultes, qui se lancent à leur poursuite en pleine nuit...

Qu'on se le dise, ce deuxième tome est quasiment totalement dépourvu de la moindre révélation: si l'on excepte l'énigme grandissante autour du fantôme de cette mystérieuse jeune fille qui est morte sur l'île et aide par instants les enfants, ainsi que les interrogations toujours présentes autour de Mlle Kai, quasiment absente de ce second opus, étrangement invisible à partir du moment où les adultes se lancent à la poursuite de nos jeunes héros, mais conservant un comportement étrange voire incohérent en se rangeant apparemment subitement du côté des adultes alors qu'elle continuait sa prise de renseignements dans le tome 1 et paraissait à l'écart des machinations de ses collègues, nous n'aurons absolument aucune information nouvelle sur l'objectif des adultes, bien que l'auteur insiste vaguement par moments sur quelques pistes.

C'est donc bel et bien le jeu de cache-cache malsain entre enfants et adultes qui prime ici, et sur ce point, le style de Kei Sanbe fait des merveilles: sombre à souhait, pourvu de décors bien présents dont l'aspect lugubre est renforcé par le fait que le tout se déroule la nuit, expressif à souhait, doté d'un trait appuyé mettant fort bien en avant le côté nerveux et tendu des évènements, le coup de crayon est ici un plus indéniable, parvenant à happer sans mal le lecteur. Ajoutons à cela une narration dynamique et des rebondissements bien présents, et l'on obtient un volume au suspense réussi en tous points.
Par ailleurs, l'auteur conserve son style bien à lui en intégrant toujours un fan-service allant des scènes les plus légères possibles (oh, la jupe de Hatsune se soulevant quand elle court...), à celles les plus poussées, loin d'être totalement gratuites, servant toujours à instaurer un malaise encore plus grandissant pendant la lecture (les orientations et pulsions du professeur Kuwadate sont décidément bien malsaines...).

Malgré la quasi-absence de révélations, ce deuxième tome, en tenant en haleine le lecteur d'un bout à l'autre, divertit très efficacement. Gageons que l'exploration de cette sinistre île ne fait que commencer...