Holyland Vol.5 : Critiques

Après un 4e volume terrible où ses amis Shin et Shôgo ont été passés à tabac en laissant même le premier des deux avec de graves blessures à l'hôpital, Yû a perdu pied: derrière le désespoir et le sentiment de culpabilité d'avoir emmené les deux victimes dans des problèmes ne les concernant pas directement, il ressent surtout, désormais, une profonde colère qui le font se mouvoir dans un seul but: la vengeance. Celui que nombre de délinquants de la nuit appellent le "chasseur de yankees" est, ainsi, en train de véritablement devenir un chasseur, traquant les gars qui ont fait tant de mal à ses deux compagnons. Et au bout de tout ceci, il remonte enfin la piste de celui qui est derrière tout ça: l'effrayant Katô, qu'il provoque en duel, en annonçant un combat au sommet auxquels nombre de voyous voudront assister...

On attendait forcément ce 5e tome au tournant, au vu des enjeux installés par le volume précédent et de la découverte de Katô, garçon camé, ultraviolent et sans la moindre règle, qui promettait alors d'être un adversaire redoutable, d'autant plus que le doute persistait pour savoir s'il respecterait le cadre d'un duel fair-play, lui qui n'a aucune règle hormis celle de la rue. Heureusement, autour de lui, nombre de garçons monteront que même s'ils se battent ils ont encore un minimum de dignité !

Le duel qui s'en suit est, comme prévu, passionnant, à la fois pour les habituels détails techniques glissés par Kouji Mori, pour le rendu très clair de l'action, et pour l'opposition entre un personnage principal suivant globalement les règles des sports de combat et un adversaire qui n'a précisément aucune règle. Pour espérer l'emporter et assouvir sa vengeance, peut-être que Yû devra alors, lui aussi, assimiler le fait que le monde de la rue est une jungle sans foi ni loi, où les règles d'honneur ne sont pas toujours respectées, et où il faut savoir être impitoyable. Seulement, jusqu'où cela mènera-t-il notre héros ?

C'est là tout l'enjeu de la deuxième moitié du tome, où l'auteur expose avec force les conséquences de tout ça sur un Yû qui, plus que jamais, s'enfonce ensuite dans le monde de la rue la nuit, et plus précisément dans sa part la plus sombre, comme si plus rien ne pouvait l'arrêter. Est-il sur la bonne voie pour trouver sa place ? Mori nous fait bien sentir que non, en particulier à travers le regard de Shin ou de Mai qui s'inquiètent pour lui, au point de faire prendre une décision à un personnage en particulier: Masaki, qui prend plus d'épaisseur dans son rôle et qui, au bout d'un tome particulièrement intense, nous laisse sur de fortes attentes.

Comme on pouvait l'espérer au vu du terrible tome précédent, on a droit ici à un volume captivant, à la fois troublant dans la voie obscure qu'est en train de prendre Yû, prenant dans son action toujours décortiquée avec soin, et très intéressant dans les sujets que Mori continue de développer en filigranes.