Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 05 Décembre 2023
Pensant à tort qu'il est de mèche avec la bande de Masaki (et c'est ce qui sauve notre héros d'un pur et simple pugilat pour l'instant), les gars du lycée Sawa veulent obliger Yû à se battre en duel, et n'auront sans doute aucun scrupule à tous lui tomber dessus en même temps derrière si jamais il en sortait vainqueur, tant ils sont motivés par le revanchard Yagi qui semble prêt à tout pour mettre briser le "chasseur de yankees". Autant dire que Yû est possiblement dans une situation critique, lui qui n'a pourtant jamais voulu tout ça. Il pourrait alors attendre que le temps passe, s'effacer et ne plus jamais retourner dans le monde de la rue nocturne... mais est-ce ainsi que sa situation pourra vraiment s'améliorer ? Le passé lui a déjà prouvé que non. Et puis, intérieurement, il sent que la rue l'appelle, qu'il pourrait y trouver sa place et s'y sentir enfin vivant.
En conséquence, ce troisième tome a évidemment pour sommet le fameux duel qui oppose notre jeune héros à Shôgo Midorikawa, un karatéka de talent qui est persuadé de la supériorité de son art. S'ensuit donc, sous l'oeil de la bande de Masaki et des yankees de Sawa entre autres, un combat opposant la boxe au karaté, le jeu de bras de Yû au jeu de jambes de Shôgo, pour un résultat tout à fait prenant dans l'ensemble, car même si le dessin de Kouji Mori conserve ses petites limites en restant parfois trop statique (rappelons encore que Holyland fut la première série de sa carrière), le mangaka s'applique à décortiquer plusieurs éléments techniques en attaque comme en défense, à offrir pas mal de petites informations (par exemple sur ce que la façon dont on se met en garde dit de nous en combat), et surtout à sonder son personnage principal en plein coeur de l'action, lui qui a encore tant chose auxquelles se familiariser, à apprendre et à comprendre dans le monde sans foi ni loi de la ville la nuit. Il découvre alors certaines horreurs du combat, à l'image d'un os qui craque où d'un bras qui se démet en provoquant une insoutenable souffrance. Mais surtout, il pose également un regard intéressant et humain sur tous ces yankees qui, même s'ils roulent des mécaniques et foutent le boxon dans les rues, semblent surtout chercher leur place. Alors, Yû doit-il forcément devenir lui-même un bourreau pour ne plus être une victime ? N'y a-t-il pas d'autre solution ?
C'est en étant notamment porté par cette interrogation de notre héros que se déroule une dernière partie de tome elle aussi assez intéressante: quelques détails sur le passé de Masaki l'ayant amené là où il est, la place nouvelle que Yû commence à prendre au lycée face à ceux qui le brimaient, ce qu'il advient de Morikawa après son duel en nous montrant le côté impitoyable et sournois de ce monde à part, et surtout la place que Yû veut désormais donner au karatéka dans les dernières pages, ce qui affiche de belles promesses pour la suite.