Soul Keeper Vol.1 - Actualité manga
Soul Keeper Vol.1 - Manga

Soul Keeper Vol.1 : Critiques

Hito Hitori Futari

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Mars 2016

Avec les oeuvres Alive, Sky High, Blue Heaven et Sidooh, l'immense, mais injustement boudé en France Tsutomu Takahashi reste un auteur assez représentatif du catalogue seinen d'une certaine époque de Panini Manga. Et même si l'on ne digère toujours pas la pilule concernant la mise en stand-by de l'excellent Sidooh, remercions tout de même l'éditeur de nous offrir la possibilité d'enfin pouvoir relire en langue française ce mangaka avec Soul Keeper, une série dessinée entre 2011 et 2013, terminée en 8 volumes (bref, si Panini ne parvient pas à boucler convenablement cette série plutôt courte, il y aura vraiment de quoi se poser des questions), et qui voit l'auteur renouer avec une thématique sombre et surnaturelle qui a fait sa notoriété dans la saga Sky High : les fantômes.

Soul Keeper, c'est l'histoire de Riyon, fantôme se présentant sous les traits d'une jolie adolescente de 18 ans, qui s'avère surtout plutôt rebelle et indépendante, si bien que dans l'au-delà, à l'étage inférieur qui constitue le cercle des fantômes, elle préfère largement passer ses journées à jouer à Reversi plutôt que d'assister aux cours visant à bonifier son âme. Afin d'éviter qu'elle ne sombre et pour l'aider à revenir dans le droit chemin, le précepteur en chef de l'au-delà décide de la faire retourner sur Terre, où elle aura la charge de veiller en tant qu'esprit protecteur sur un humain qui est en train de se laisser engloutir par les ténèbres. En choisissant au hasard celui sur qui elle devra veiller, la jeune fille fantomatique ne sait pas encore qu'elle vient de jeter son dévolu sur le Premier Ministre du Japon, Soichiro Kasuga, un homme qui, en plus de subir de plein fouet la pression due à sa fonction, est gravement malade et n'a plus que 500 jours et quelques à vivre...

"La plupart des personnes qui vivent sur Terre passent toute leur existence sans se rendre compte qu'elles ne sont pas seules. Derrière chacune d'entre elles se trouve en permanence un esprit qui veille."

Cette phrase ouvre le récit et résume assez bien le postulat de base de la série, qui nous invitera donc à suivre le parcours de Riyon en tant qu'esprit protecteur invisible de Kasuga. Au fil de ce premier tome, les choses sérieuses ne sont pas encore vraiment commencées et rien de très original ne vient pointer le bout de son nez, car Tsutomu Takahashi s'y applique surtout à jeter les premières bases de son histoire : le fonctionnement de l'au-delà, la hiérarchie qui y règne, sa division en plusieurs étages, certains concepts comme la réincarnation, la thématique de l'esprit bienveillant... Mais qu'on se le dise, ce sont surtout les deux personnages principaux qui sont le mieux installés.
L'une, Riyon, fantôme de fille de 18 ans, séduit dès le départ. Les habitués des mangas de Tsutomu Takahashi connaissent bien le goût du mangaka pour les filles plutôt jolies, mais tirant surtout leur charme de leur caractère et de leur esprit rebelle (souvenez-vous des demoiselles de Bakuon Rettô, ou de la captivante Mozu de Sidooh). L'héroïne de Soul Keeper rentre sans mal dans cette description : fine, élancée, naturellement sexy et au regard fort, elle ne manque pas d'un charme qui est accentué par son caractère assez marqué, mêlant une pointe de désinvolture à une certaine assurance et indépendance.
L'autre, Kasuga, se présente dès le départ comme un homme à bout. Malade, il s'est réfugié dans l'alcool pour esquiver les nombreux problèmes qui lui tombent dessus, et ne semble absolument plus en mesure de gouverner le pays. Une aubaine pour ses rivaux politiques qui font tout pour l'enfoncer encore plus, tandis que le mécontentement du peuple l'accable...
Et l'on devine que ces deux protagonistes seront amenés à évoluer l'un au contact de l'autre, d'autant que leur lien prend une tournure inattendue quand Kasuga, après avoir frôlé de près la mort et avoir vu son âme s'ouvrir, obtient la capacité normalement impossible de voir son ange gardien. Dès ce premier tome, Riyon se doit de changer pour devenir moins désinvolte et plus forte, en empêchant le politique de sombrer dans les ténèbres, représentées ici par des boules noires à extirper de son âme et par d'inquiétants et sombres esprits venus du monde des ténèbres. Quant à Kasuga, on devine déjà en lui un homme qui, avant de sombrer sous la pression de son statut, était pétri d'une envie d'oeuvrer pour son pays.

En attendant de voir ces bases décoller par la suite, ce qui captive aussi est évidemment le dessin très identifiable de Takahashi. Autour de ses deux personnages principaux bien croqués, on se laisser facilement absorber par l'ambiance surnaturelle et inquiétante qu'instaurent ses visuels très travaillés : visage peu rassurant de la medium, look très noirci et marqué du fantôme venu du monde des ténèbres, décors omniprésents et variant entre le réalisme du Japon contemporain et le surnaturel intrigant ou inquiétant de l'au-delà, gros travail sur les nuances de noir et de gris...

Avec ce premier volume, le contrat est donc rempli : les bases sont efficacement posées, les deux principaux personnages captent très bien l'attention, les dessins immersifs de l'artiste peuvent fasciner et font bien leur office... Il n'y a plus qu'à voir l'intrigue décoller !

Côté édition, la traduction s'avère tout à fait correcte, et on peut être heureux de voir que le tome évite le papier rêche et l'encre baveuse dont Panini nous abreuve trop souvent. Ici, on a un papier qui, sans être non plus dans le haut du panier, s'avère souple, non transparent, et ne laisse pas l'encre baver, conférant une qualité d'impression assez honnête. Le principal point décevant concerne plutôt la jaquette : en plus d'être assez fine, elle a été retravaillée pour l'édition française, et malgré le vernis sélectif sur Riyon et sur le titre, on ne peut pas dire que ce soit sublime : une simple silhouette sur fond noir, le tout semblant avoir été fait sous photoshop à la va-vite. On y perd clairement au change par rapport à la superbe jaquette de l'édition japonaise, bien plus travaillée et riche.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs