Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 22 Novembre 2023
A chaque volume de Hirayasumi sa saison, ce qui est un grand classique dans ce genre de tranche de vie réconfortante: après l'été dans le volume 2, place ici à l'automne, et par la même occasion à quelques grands changements dans le quotidien de certains proches de Hiroto: tandis que le bébé de Hideki et de Maki est enfin né pour laisser découvrir une adorable petite fille prénommée Tsumugi , Natsumi a eu l'excellente surprise d'être contactée par les éditions Shôgakusha, car son manga a gagné un prix, ce qui signifie qu'elle pourrait bientôt faire ses débuts dans le magazine Spirit.
Une partie de ce troisième opus est alors consacrée à ces évolutions dans la vie des personnages. On retrouve Hideki et son épouse alors qu'ils viennent présenter leur bébé à Hiroto et à Natsumi, ce qui est l'occasion pour la jeune étudiante de faire connaissance avec la fameuse Maki et de voir en elle une femme si gentille et si fiable, si bien que notre héroïne se demande un peu ce qu'une femme pareille trouve à quelqu'un comme Hideki ! Mais comme on dit, l'amour ne se contrôle pas, et puis derrière ses maladresses et ses petites mensonges Hideki apparaît vraiment aimant et parfois même attentionné. Quant aux possibles futurs débuts de Natsumi en tant que mangaka, ils s'annoncent quelque peu laborieux sous le joug de Nikaidô, un responsable éditorial exigeant et qui semble sévère dans ses propos en faisant peu de compliments, tempérament cachant surtout un côté très franc n'étant pas forcément mauvais. Dans ce contexte, la jeune fille saura-t-elle se donner à fond, et s'interroger sur ce qui fait la force de ses mangas et comment ils pourraient toucher les lecteurs ? Une chose est déjà sûre: on sent, plus encore que dans les tomes précédents, que Keigo Shinzo s'inspire pas mal de ses propres expériences personnelles pour croquer le parcours de la jeune étudiante !
Pendant ce temps-là, les autres personnages ne sont pas oubliés, à commencer par une Yomogi quelque peu troublé, dans son travail où elle est si habituée à faire des sourires de façade, par son nouveau client: Ryô Ishikawa, écrivain de 36 ans qui a eu son heure de gloire mais dont le succès commencer à décliner, et qui semble au premier abord très austère... à moins qu'il ne soit juste très timide ? Une chose est sûre: un sentiment étonnant se crée entre ces deux-là sans qu'ils se l'avouent, mais seront-ils seulement compatibles si quelque chose devait se passer entre eux ? Entre une Yomogi préoccupée par son poids, ayant trop de vecteurs de stress et se posant toujours des questions sur son travail où elle n'affiche que des sourires de façade, et un Ryô minimaliste et se questionnant sur son parcours (il a tout donné pour réussir, mais pour quoi au final ?). Et du côté de la fac où est Natsumi, les coeurs s'emballent à l'occasion des examens et surtout du festival des arts. Alors que Natsumi sympathise avec le dénommé Senkichi Yamada, un senpai naturel, sympathique et inspirant la confiance, elle ne s'attendait sûrement pas à ce que son amie Akari va lui avouer ! Saura-t-elle la soutenir comme il se doit, elle qui ne comprend elle-même pas grand chose au sentiment amoureux pour l'instant ?
Entre l'arrivée de nouveaux personnages (Ryô, Senkichi), les avancées personnelles de certains visages dans leur vie, l'émergence de sentiments amoureux amenant petit à petit un contexte relationnel supplémentaire, et les les différents petits problèmes et tourments pouvant animer ces différents caractère, Keigo Shinzo séduit toujours autant dans les portraits de vie qu'il croque avec subtilité. Et c'est d'autant plus plaisant qu'il y a toujours cette ambiance feel-good devant beaucoup à Hiroto: notre héros n'est évidemment pas oublié et est sans cesse présent pour apporter sa touche, que ce soit en se remémorant son premier rendez-vous avec son agent artistique de sa courte carrière d'acteur afin d'épauler Natsumi, en se rappelant d'un nouveau souvenir avec Madame Hanae qu'il continue de chérir, en s'incrustant au festival des arts en sympathisant immédiatement avec Senkichi (qui lui ressemble sûrement par certains aspects...), en faisant même rire de la plus naturelle des manières (et ça fait du bien à voir) cette chère Yomogi suite à un petit incident de gaz... Et quand le freeter semble lui-même proche de la mélancolie ou de la solitude, il y a heureusement toujours des proches pour lui apporter ce que lui-même leur apporte habituellement, à l'image d'une Natsumi qui finira par participer à son petit délire autour d'un ovni enfoui.
"Peut-être qu'il n'est jamais trop tard pour faire quelque chose de nouveau."
Après trois volumes, Hirayasumi reste un vrai bonheur de lecture, dont Keigo Shinzo maîtrise très soigneusement les rouages, tant on sent qu'il ne laisse en réalité rien au hasard dans ce récit apparaissant pourtant régulièrement si insouciant. Cela se sentait dès le premier volume, mais l'oeuvre a bel et bien tout ce qu'il faut pour s'imposer comme un futur grand incontournable de sa catégorie, et c'est tout ce qu'on lui souhaite.