Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 19 Mai 2023
Le yakuza Nitta tâche, autant que possible, de s'adapter à sa cohabitation avec sa drôle de colocataire Hina, gamine à l'air toujours neutre, sortie de nulle part et dotée d'immenses pouvoirs psychiques. Mais il ne faudrait pas grand chose pour que le fragile équilibre tout juste trouvé s'enraye, et la menace va prendre la forme d'une petite fille blonde, elle aussi pourvue de pouvoirs. Anzu, puisque c'est son nom, a à son tour atterri sur Terre avec une mission claire confiée par ses énigmatiques supérieurs: retrouver Hina et l'éliminer ! Mais tout va-t-il se passer si simplement ? La réponse est évidemment non ! Non seulement par qu'Anzu, ne connaissant elle non plus absolument rien des règles humaines, se fait vite remarquer, en se mettant à voler de la nourriture sans savoir que c'est mal, ou en dégommant à elle seule tout un clan de yakuzas qui menaçait de l'embêter. mais aussi parce que, une fois Hina retrouvée, le combat contre elle va prendre une drôle de tournure sous la houlette d'un Nitta qui essaie de tempérer la situation comme il peut.
Au bout de tout ça, on comprend surtout qu'Anzu est loin d'être une fille méchante (elle a simplement suivi les ordres), et ça va se confirmer dans la suite du volume où elle est assurément le moteur. Par la force des choses, cette jeune fille se retrouve à son tour coincée sur Terre, mais contrairement à Hina qui est arrivée chez Nitta, la petite blonde n'a pas eu la chance d'atterrir chez quelqu'un d'à peu près compréhensif. Alors qu'elle aurait pu se retrouver livrée à elle-même sans connaître quoi que ce soit des règles de notre monde, elle va heureusement pouvoir compter sur un groupe de SDF emmené par le dénommé Yassan. Entre apprentissage et acceptation par les autres sans-abri, Masao Ohtake nous offre l'occasion, en même temps que la jeune fille, d'entrevoir un peu le monde difficile de la survie des sans-abri: méthodes éprouvantes pour gagner un petit peu d'argent, nécessité de se serrer les coudes, importance de la soupe populaire... Sans surprise, la vie de ces sans domicile fixe n'est pas des plus aisée, et pourtant il va s'en dégager une chaleur humaine touchante, avec une belle petite part d'émotion autour de ces hommes qui, pour certains, ont vu leur condition les éloigner de leurs proches. Ceux-ci étant alors aux petits soins pour cette gamine qui leur rappelle leur vie d'avant et leur réchauffe le coeur.
Mais qu'arriverait-il si Hina, à son tour, se retrouvait à la rue ? C'est ce que nous propose de découvrir l'auteur dans la suite du tome ! Alors que Hina, en pensant au cas d'Anzu, essaie de se rendre utile dans la demeure de Nitta et fait pire que mieux, c'est la goutte de trop pour le yakuza qui le jette dehors. Tandis que le jeune homme se fait vite conspuer par son entourage, il s'avère que notre héroïne, d'abord avec l'aide d'Anzu puis sans elle, prend conscience de certaines choses, semble commencer à s'en sortir... mais dans le fond, que pensent nos deux personnages principaux de cette situation ? Tandis que Hina comprend qu'elle se sent vraiment bien chez Nitta, le yakuza, lui, semble réellement s'inquiéter pour la petite fille, même s'il ne l'avouera jamais. Et cela en dit long sur la vie ensemble que ces deux-là ont commencé, certes à leur façon, à apprécier.
Entre une première partie réussissant vraiment très bien l'entrée en scène de l'excellente Anzu, et une deuxième partie jouant bien sur les premières consolidations du duo Hina/Nitta via une première grosse dispute et séparation, Ohtake livre des enrichissements convaincants et des instants touchants, tout en sachant parsemer régulièrement son récit d'un humour aussi ravageur que dans le tome 1, entre un petit lot de situations incongrues, les inimitables expressions faciales permises par le trait particulier de l'auteur, et la bonne utilisation de visages secondaires comme cette chère Hitomi qui se retrouve encore dans quelques situations insolites. Mais côté humour, c'est bel et bien le dernier chapitre, portée par une Hina candidate au conseil des élèves (si si), par les réactions inquiètes de son entourage et par un discours hilarant, qui obtient la palme !