Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Avril 2025
Quelques années après la série @Ellie #JeN'aiPasDePetitAmi qui avait reçu un joli accueil, la mangaka Fujimomo est de retour dans la collection shôjo des éditions Kana en ce mois d'avril avec sa dernière série en date "Hikaeme ni Itte mo, Kore wa Ai" (littéralement "Pour le dire gentiment, c’est de l’amour"), renommée dans notre langue en "C'est de l'amour, crois-moi !". Auréolée d'une assez belle popularité avant même son arrivée dans notre pays, cette oeuvre suit tranquillement son cours au Japon depuis 2021 dans les pages du magazine Dessert des éditions Kôdansha, magazine dont proviennent aussi de très belles séries comme A sign of affection, A tes côtés, La maison du soleil, Le garçon d'à côté ou encore Daisy - Lycéennes à Fukushima.
On découvre ici Risa Amakawa, adolescente qui a tout de la lycéenne sérieuse: studieuse et pragmatique, elle a toujours appris dans la vie à se débrouiller par elle-même, à tel point que son très lourd sac regorge de trucs pouvant lui être utiles à tout moment et qu'elle ne demande jamais l'aide des autres. Ce qui s'apparente à une certaine force de caractère lui a pourtant déjà joué des tours: on la pense souvent plus hautaine qu'elle ne l'est, elle reste solitaire et n'a donc pas spécialement d'amis, les gens ont vite fait de croire qu'elle est insensible et froide, et même son jeune prof aux cours du soir la voit comme quelqu'un qui peut tout faire toute seule, alors qu'elle aimerait tant réussir à être plus spontanée et adorable auprès de lui... Pourtant, derrière ces apparences, Risa, même si elle ne demande jamais d'aide aux autres, est de celles qui, en revanche, tendent naturellement à aider les gens quand elle les voit dans le besoin. Et c'est en sauvant Zen Ôhira, un lycéen yankee blessé après une baston, que sa vie va changer à tout jamais: touché par l'acte de cette fille qui l'a abordé quand tous les autres passants faisaient mine de ne pas le voir, ce délinquant au grand coeur se met en tête de lui rendre la pareille, en l'aidant dès qu'elle en aura besoin. Et si, au départ, la jeune fille refuse catégoriquement, le voir accourir systématiquement dès qu'elle en a besoin risque bien de changer rapidement la perception qu'elle a de lui...
Autant évoquer tout de suite ce qui pourra éventuellement lasser ou agacer une part du lectorat dans ce premier tome, à commencer par le fait qu'on nous ressorte un peu tous les poncifs habituels de ce type de romance adolescente entre un beau bad boy qui a en réalité un bon fond et une adolescente initialement sage mais qui va vite s'ouvrir et tomber amoureuse. Pas de surprise, alors, dans le déroulement-même de ce premier opus qui, toutefois, a au moins le mérite de faire rapidement avancer certains aspects sentimentaux pour, peut-être, mieux évacuer les inévitables et classiques bases et ainsi, on l'espère, mieux nous surprendre et développer les sujets les plus intéressants par la suite. Quant à l'autre limite, elle vient du côté potentiellement un peu lourd, insistant et tactile de Zen par moments, alors que lui et Risa se connaissent à peine. Même si elles se veulent taquines, certaines petites réflexions apparaissent un peu trop intrusives et lourdes, le pompon étant sûrement l'inévitable coup du baiser volé (et non, ce n'est jamais classe).
Et pourtant, si l'on dépasse ces écueils, il y a de belles choses à retenir de ce premier volume, à commencer par le style de Fujimomo: sans avoir énormément de personnalité, celui-ci est vraiment très propre, appuie sans forcer les différentes notes humoristiques, et dégage une certaine douceur et une légèreté qui, plus d'une fois, peut avoir quelque chose d'assez réconfortant. Et cette atmosphère-là colle particulièrement bien avec ce qui fait sûrement le plus grand charme de ce début de série, à savoir le plaisir qu'il y a à voir cette adolescente sortir petit à petit de sa coquille en découvrant quelque chose qu'elle n'avait jamais connu dans sa vie: avoir quelqu'un qui peut nous sauver à tout moment et que l'on a alors aussi envie de pouvoir aider dès qu'il le faut. Dans cette optique, Zen est assez bénéfique en appréciant Risa pour ce qu'elle est, en effaçant ses doutes car il l'accepte ainsi, et en voulant voir ses plus profondes qualités quand d'autres la considèrent à tort comme froide, solitaire et capable de tout toute seule. Peut-être aurait-on juste aimé avoir déjà un peu plus de détails sur le passé de Risa pour mieux comprendre pourquoi elle est devenue comme ça (il y a bien quelques indices, mais c'est trop vague pour vraiment la rendre plus attachante), mais il reste que ce soutien mutuel, évidement voué à très vite pencher vers l'amour, on a envie de le voir se développer et se renforcer encore, d'autant plus que pour ça Fujimomo distille déjà tout ce qu'il faut, entre la découverte rapide mais prometteuses des différentes potes de Zen, et les dangers arrivant par le biais de la bande de Fumiya, délinquant rival de Zen qui semblerait prêt à tout pour le faire tomber, y compris à tourner autour de notre héroïne...
A l'arrivée, si l'on passe outre les quelques limites évoquées précédemment, il y a de quoi se laisser avoir par la lecture de ce premier tome qui, assurément, ne manque pas de charme ni de possibilités. Au-delà de la romance qui semble toute tracée, Fujimomo dégage des sujets qui font assez chaud au coeur et que l'on a envie de voir se poursuivre. Affaire à suivre, donc !
Enfin, côté édition française, on a droit au petit format shôjo habituel de Kana avec un papier souple et globalement assez opaque, une impression correcte, une traduction assez claire de Misato Raillard et un lettrage très appliqué. Soulignons aussi la jaquette fidèlement adaptée de l'originale nippone, ainsi qu'un joli petit supplément exclusif au premier tirage: une fort jolie jaquette alternative au verso.