Héros de la galaxie (les) Vol.28 : Critiques

Alors que se joue l’ultime bataille entre Reinhard et Yang, une terrible nouvelle arrive aux oreilles du Kaiser : l’Amiral Mittermeyer serait tombé au combat. De ce drame naîtra un ultime sursaut de la part des troupes impériales. Les deux armées font face à une situation critique, malgré leurs différences numériques. Contre toute attente, le spectre de Kircheis revient rappeler son ami à l’ordre pour mener cette guerre à son dénouement…

La grande bataille, celle présentée comme le dernier duel entre les deux protagonistes, arrive à sa fin. Par sa narration qui nous tease sans cesse des enjeux et drames inéluctables, Ryû Fujisaki a fait monter nos attentes. Sans doute a-t-il même joué avec nos esprits pour l’issue de ce conflit, ce qui lui permet de déjouer nos estimations avec une conclusion très différente de ce qu’on pouvait imaginer, mais qui n’en reste pas moins pertinente. Au-delà des stratégies exquises mises en œuvre pour placer la bataille dans un statu quo, le développement incessant de Reinhard ne cesse de faire mouche. L’intrigue traite toujours aussi habilement son amour du combat en opposition avec ses nobles promesses faites au défunt Kircheis, ce qui en fait un personnage ambigu et profondément humain.

Pourtant, le soufflet ne retombe pas immédiatement dans ce qui s’annonce comme une phase de négociation avec, en jeu, le sort de la petite démocratie que cherche à instaurer Yang. Depuis le début de ce dernier face-à-face avec Reinhard, la narration n’a eu de cesse d’insister sur une possible disparition du Magicien. Dès lors, le sujet est remis sans cesse sur la table, semant le doute dans nos esprits malgré la fin de la bataille, tandis que des rebondissements surprenants viennent piquer nos peurs quant au sort du héros. Le coup de maître vient assurément de la manière dont l’auteur d’origine, Yoshiki Tanaka, réimplante dans son scénario la troisième faction, sectaire et tapie dans l’ombre, pour la greffer à l’intrigue actuelle. Un très beau coup qui vient redynamiser les enjeux, et qui nous fera attendre la suite avec une certaine hâte.

Vient alors la fin du tome qui, si elle est sans surprise, développe cette issue dans un déluge d’intensité ponctuée par des tons doux-amers. Le drame qui se joue était inévitable au vu de tout ce qu’a promis la narration de Tanaka depuis quelque temps, mais il n’en reste pas moins dur et poignant. On se remémore alors la dernière leçon donnée par le personnage, à savoir le combat pour un idéal et une vision de l’avenir et non pour une personnalité, ce qui devrait résonner en chacun de nous à une ère où le culte de la personnalité prime souvent sur le débat politique. Une leçon qu’on peut évidemment appliquer à la série, sur nos choix du camp à soutenir, d’autant plus que Reinhard s’est montré plus endiablé par le combat que par la paix lors de ses derniers échanges militaires avec Yang.

La suite de la série sera sans doute très différente, et le début du 29e volume devrait être émotionnellement fort. On salue alors ce coup de poker extrêmement risqué qui risque fortement de redistribuer les cartes pour les prochains volumes des Héros de la Galaxie.