Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Avril 2022
Après l'excellent Ryuko, puis l'intéressant Gamme Draconis où il était au dessin sur un scénario de Benoist Simmat, le talentueux Eldo Yoshimizu fait son retour chez Le lézard Noir en ce mois 'avril avec une troisième publication française, Hen Kai Pan, un récit d'environ 180 pages qu'il a commencé à concevoir quelque temps avant la crise sanitaire mondiale liée à la Covid-19 pour finalement l'achever il y a à peine quelques mois, non sans avoir été influencé par la pandémie en cours de route, comme il l'avoue dans sa préface.
"Hen Kai Pan", telle est une doctrine initiée par le célèbre philosophe hollandais Spinoza au 17e siècle, et qui pourrait être traduite par "Un et Tout" ou "Tout est un", en signifiant que Dieu se trouve dans la nature elle-même. Et en tant qu'incarnation de cette nature, l'heure de rendre son Jugement envers l'humanité est peut-être venue... C'est, en tout cas, ce que semble penser Neela, un esprit qui a décidé d'appliquer son propre jugement, à savoir éradiquer l'humanité et dans la foulée l'écosystème tout entier de la Terre, tant l'espèce humaine n'est qu'une nuisance pour elle. C'est dans cette optique que Neela exploite Asura pour mener à bien ses desseins... Mais dans son entourage, tout le monde ne l'entend pas ainsi, à commencer par la bonze Pemaj qui certes concède effectivement de nombreuses tares à l'espèce humaine, mais qui ne peut laisser Neela agir à sa guise au point de détruire toute forme de vie sur Terre. C'est ainsi que Pemaj pousse Asura à s'écarter de l'emprise de Neela pour se faire sa propre idée de l'espèce humaine et du jugement qui doit être rendu à son égard.
Le nouveau récit d'Eldo Yoshimizu nous conte ainsi le parcours d'Asura à travers de nombreuses contrées du monde, à la rencontre de différents esprits de la Terre qui pourront l'aiguiller, le tout dans un rendu d'autant plus mystique que les inspirations mythologiques, en particulier hindouistes mais pas uniquement, sont très prégnantes. Au fil de ses rencontres avec Ombiasa, Jofuku ou encore Honga, Asura va devoir apprendre à développer son opinion personnelle, se confronter à des sentiments comme la peur de mourir, penser par elle-même, suivre sa propre volonté, jauger son endurance ou encore sa force au combat... jusqu'à son éveil en tant que divinité de la destruction et la prise de sa forme iconique avec trois visages et six bras.
Au fil du parcours initiatique de son héroïne mystique, Yoshimizu livre toutefois, avant tout, un certain regard sur ce que 'espèce humaine tend à faire de la Terre, ce qui passe par plusieurs constatations invasion jusque dans les airs, conflits où les hommes s'entretuent gratuitement (contrairement à nombre d'animaux), destruction de la nature, pollution... l'humain est souvent vu ici comme un cancer pour la planète, et cela ressort plus encore quand le mangaka, même brièvement, souligne en face la beauté de la Terre. Mais si l'humanité semble penser que la planète est sa propriété exclusive, faut-il dire pour autant qu'il faut l'éradiquer totalement ? Là-dessus, Yoshimizu n'offre pas de réponse toute faite, son histoire cherchant avant tout à soulever quelques réflexions sur le sujet.
Le propos n'est pas forcément nouveau, et en 180 pages Yoshimizu reste forcément en surface. Mais assurément, aborder ce sujet n'est jamais vain, la tonalité mystique de l'oeuvre apporte un charme supplémentaire, et le tout reste porter par le style visuel toujours aussi immersif de l'auteur, un style compensant souvent facilement les petits raccourcis narratifs qui tendent à donner un côté encore plus rapide/expéditif au récit.
On ressort alors globalement satisfait de cette lecture où la patte Yoshimizu fait encore quelques merveilles, d'autant plus que l'édition, si l'on excepte de rares coquilles dans les textes (un oubli de mot de liaison, par exemple), est très jolie: la couverture rigide, le signet-marque-pages et la reliure de qualité supérieure donnent un cachet assez luxueux à l'objet, le papier est bien épais, l'impression est excellente, le lettrage est propre, et la traduction signée Sébastien Raizer est très claire.
"Hen Kai Pan", telle est une doctrine initiée par le célèbre philosophe hollandais Spinoza au 17e siècle, et qui pourrait être traduite par "Un et Tout" ou "Tout est un", en signifiant que Dieu se trouve dans la nature elle-même. Et en tant qu'incarnation de cette nature, l'heure de rendre son Jugement envers l'humanité est peut-être venue... C'est, en tout cas, ce que semble penser Neela, un esprit qui a décidé d'appliquer son propre jugement, à savoir éradiquer l'humanité et dans la foulée l'écosystème tout entier de la Terre, tant l'espèce humaine n'est qu'une nuisance pour elle. C'est dans cette optique que Neela exploite Asura pour mener à bien ses desseins... Mais dans son entourage, tout le monde ne l'entend pas ainsi, à commencer par la bonze Pemaj qui certes concède effectivement de nombreuses tares à l'espèce humaine, mais qui ne peut laisser Neela agir à sa guise au point de détruire toute forme de vie sur Terre. C'est ainsi que Pemaj pousse Asura à s'écarter de l'emprise de Neela pour se faire sa propre idée de l'espèce humaine et du jugement qui doit être rendu à son égard.
Le nouveau récit d'Eldo Yoshimizu nous conte ainsi le parcours d'Asura à travers de nombreuses contrées du monde, à la rencontre de différents esprits de la Terre qui pourront l'aiguiller, le tout dans un rendu d'autant plus mystique que les inspirations mythologiques, en particulier hindouistes mais pas uniquement, sont très prégnantes. Au fil de ses rencontres avec Ombiasa, Jofuku ou encore Honga, Asura va devoir apprendre à développer son opinion personnelle, se confronter à des sentiments comme la peur de mourir, penser par elle-même, suivre sa propre volonté, jauger son endurance ou encore sa force au combat... jusqu'à son éveil en tant que divinité de la destruction et la prise de sa forme iconique avec trois visages et six bras.
Au fil du parcours initiatique de son héroïne mystique, Yoshimizu livre toutefois, avant tout, un certain regard sur ce que 'espèce humaine tend à faire de la Terre, ce qui passe par plusieurs constatations invasion jusque dans les airs, conflits où les hommes s'entretuent gratuitement (contrairement à nombre d'animaux), destruction de la nature, pollution... l'humain est souvent vu ici comme un cancer pour la planète, et cela ressort plus encore quand le mangaka, même brièvement, souligne en face la beauté de la Terre. Mais si l'humanité semble penser que la planète est sa propriété exclusive, faut-il dire pour autant qu'il faut l'éradiquer totalement ? Là-dessus, Yoshimizu n'offre pas de réponse toute faite, son histoire cherchant avant tout à soulever quelques réflexions sur le sujet.
Le propos n'est pas forcément nouveau, et en 180 pages Yoshimizu reste forcément en surface. Mais assurément, aborder ce sujet n'est jamais vain, la tonalité mystique de l'oeuvre apporte un charme supplémentaire, et le tout reste porter par le style visuel toujours aussi immersif de l'auteur, un style compensant souvent facilement les petits raccourcis narratifs qui tendent à donner un côté encore plus rapide/expéditif au récit.
On ressort alors globalement satisfait de cette lecture où la patte Yoshimizu fait encore quelques merveilles, d'autant plus que l'édition, si l'on excepte de rares coquilles dans les textes (un oubli de mot de liaison, par exemple), est très jolie: la couverture rigide, le signet-marque-pages et la reliure de qualité supérieure donnent un cachet assez luxueux à l'objet, le papier est bien épais, l'impression est excellente, le lettrage est propre, et la traduction signée Sébastien Raizer est très claire.