Helck Vol.5 : Critiques

Ayant construit une relation de confiance avec Vermilio qui se méfiait pourtant énormément de lui au départ, Helck a entrepris de tout lui raconter sur son difficile passé l'ayant amené jusque-là, et a ainsi entamé dans le volume précédent un long flashback qui se poursuit pendant l'intégralité des pages de ce cinquième tome. Son frère Cless a beau avoir autrefois gagné sa bataille et avoir été érigé en héros de l'espèce humaine, il en est ressorti très grièvement blessé, si bien que Helck a décidé de prendre la relève, si besoin, en pouvant compter toujours plus sur les mercenaires Alicia et Edil, devenus de véritables amis, voire encore un peu plus dans le cas d'Alicia... Et quand des monstres réapparaissent soudainement pour attaquer la ville alors que le Roi Démon est censé avoir été vaincu, l'heure de prendre des décisions et de découvrir de nouvelles vérités terrifiantes est venue.

Ici, Helck choisit de se rendre au château du Roi Démon pour faire le point sur certains doutes, et y fait une rencontre capitale qui risque de bouleverser ses perspectives. Et là, l'enclenchement de toute une machination impliquant Cless et le peuple humain entier va changer à tout jamais son regard sur sa propre espèce... Si ces deux événements sont de véritables clés dans l'intrigue, il est difficile d'en parler plus en détails sans spoiler, tant ce très riche et très intense volume agit comme une succession de rebondissements terribles. On se contentera donc d'aller à l'essentiel, et de souligner certaines choses.

Tout d'abord, la cohérence des nombreuses révélations qui se dessinent, car tout ici vient parfaitement expliquer les points d'interrogations disséminés depuis le début de l'oeuvre, en particulier sur pourquoi Azudra semblait d'emblée faire tant confiance à Helck, sur les origines de la haine de notre héros pour les humains et de son désir de faire tomber le système humain en place, mais aussi sur le précieux et douloureux souvenir de ses compagnons qu'il garde au font de lui. Ensuite, le rapport de Helck aux gens qu'il aime, justement: au vu du présent de la série, on se doute très bien à l'avance que l'issue de ce long retour en arrière ne pourra qu'être entièrement dramatique, et pourtant les qualités narratives et l'attachement facilement acquis pour les personnages sont tels qu'on se se laisse aisément toucher et que l'intensité émotionnelle est palpable. Enfin, le fond terrible de ce qui se joue souligne efficacement à quel point les êtres humains (pas tous, bien sûr) peuvent être en dessous de tout, au vu des inégalités entre un peuple peinant à réfléchir par lui-même et des nobles rongés par leur sentiment de supériorité et par leur persuasion d'être intouchables.

En soi, l'histoire n'est pas forcément nouvelle, mais c'est bien la manière dont Nanaki Nanao la mène qui rend la lecture si forte, intense, touchante et prenante. Le changement de ton est redoutablement efficace après des premiers volumes qui ne manquaient pas de notes d'humour, on sent que toute la structure scénaristique a été méticuleusement pensée, et à cela s'ajoute par moments une vraie puissance graphique, avec des pages très denses, terribles et tragiques renforçant toujours plus le sentiment d'injustice et la compréhension des sentiments profonds de Helck. En somme, si vous cherchez un divertissement d'aventure/fantasy un brin old school et maîtrisé, il est désormais certain que Helck fait partie du haut du panier.