Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 14 Décembre 2020
Harada est une mangaka qui, au fil d'oeuvres souvent qualitatives, variées et portées par une patte visuelle bien personnelle et précise, a su se tailler une assez jolie place dans le paysage du boy's love en France. Ainsi, il n'est pas étonnant de l'avoir vue revenir en juillet dernier dans la collection Hana des éditions Boy's Love avec l'une de ses séries les plus récentes, Happy Kuso Life, qui suit tranquillement son cours depuis 2018 dans le magazine QPA de Takeshobo (le magazine de Yatamomo, Crack Star, Sick...) avec à ce jour deux volumes parus (le premier en novembre 2019, le deuxième en novembre 2020).
Renommée Happy Shitty Life en France, l'oeuvre nous immisce aux côtés d'un duo de jeunes hommes un peu opposés, mais qui se retrouvent liés par une passion commune un peu... spéciale: la pénétration anale, passion dévorante qui occupe la plupart de leurs pensées. Jugez plutôt: Kasuya Kyôtarô, ambitieux salaryman qui avait tout pour réussir dans son entreprise à Tokyo, a soudainement été muté dans un trou paumé après avoir provoqué un "léger" scandale: il entretenait avec la fille du patron une relation un peu particulière, où celle-ci assouvissait les fantasmes du jeune homme en lui défonçant le c** avec sadisme sur son lieu de travail. Dans le coin perdu où il doit désormais travailler, sorte de filiale où les quelques employés sont des hommes mûrs campagnards et se la coulant douce, il fait vite la connaissance de Kuzuya Yoshiyuki, son nouveau voisin, typiquement le genre d'homme qu'il exècre puisqu'il est au chômage et ne fait apparemment rien de ses journées. Rien, à part imaginer des jouets sexuels abracadabrants voués à satisfaire son anus, tel son fameux "ventilo-bite", un gode tournoyant en étant attaché au centre des hélices d'un ventilateur. Entre ces deux gaillards, une relation "profonde" va se mettre en place...
Si Harada est une mangaka qui a déjà largement su nous prouver qu'elle est à l'aise dans différentes tonalités, elle nous le prouver encore ici dans une comédie très rentre-dedans, où l'érotisme est omniprésent, n'est absolument pas censuré, et se veut surtout très humoristique avec un flot de situations loufoques. Cette part comique, on la ressent bien vite, dès les noms de nos deux héros (pouvant tous deux signifier "déchets"), l'aspect un peu moisi de leur vie où ils ont tous deux des problèmes pas banals, et leur relation souvent conflictuelle mais où ils ne manquent jamais une occasion de se lier l'un à l'autre par leur passion commune pour se mettre des trucs dans le derrière.
Les deux hommes, de base, ne se présentent pas forcément comme homosexuels, et il n'y a d'ailleurs (du moins, pour l'instant) aucune trace de sentiments entre eux. Juste, ils sont liés par leur passion perverse, et ont au fil du temps pris soin de l'assouvir avec ce qu'ils pouvaient: des objets, des femmes bien dominatrices derrière leur allure mignonne, des mecs, et désormais entre eux. Et c'est sur ces bases que, de fil en aiguille, s'installe une palette de personnages secondaires pas piqués des hannetons, tant certain(e)s d'entre eux/elles apporteront des situations particulièrement incongrues, délirantes ou décomplexées. Par exemple, il faut voir les membres de cette famille (père, fille et fils) abordant sans trop de chichis le fait qu'ils sont tous déjà passés dans Kuzuya. Soulignons tout de même, pour les plus réfractaires à ce type de scènes, qu'il y a du viol via le personnage de Leo, celui-ci passant son temps à taper dans Kuzuya en étant certain que son amour pour lui est réciproque alors que ce n'est pas le cas, l'aspect humoristique de ces scènes pouvant rebuter certaines personnes.
Entre les délires des deux personnages principaux, leurs prises de bec (ou d'autre parties du corps) et les personnages secondaires, Harada joue sur toute une palette d'humour idiot, de moments décomplexés parfois très gênants pour nos héros, de comique de situation assez enlevé, voire même de passages où un aspect surnaturel un brin crétin apparaît, pour un résultat assez enlevé et qui ne fait pas semblant. Et pour porter tout ça, l'artiste délivre à nouveau une très belle patte visuelle dont elle a le secret, avec en particulier des designs et des expressions de personnages vraiment variés et plaisants. Sans compter les décors assez présents quand il le faut, le dynamisme du trait, et l'érotisme prononcé souvent mis en scène avec ardeur.
En somme, tout en assurant et en assumant une forte part érotique, Happy Shitty Life enchaîne les situations débridées et comiques avec savoir-faire, pour offrir un BL assez unique en son genre, dont on lira la suite avec plaisir en espérant qu'elle sera tout aussi drôle et enlevée. Quant à l'édition française, elle est satisfaisante: le papier et l'impression sont très honnêtes, la première page en couleurs est sympathique, la jaquette bénéficie d'un marquage brillant sur son logo-titre, et la traduction de Delphine Desusclade est suffisamment soignée.
Renommée Happy Shitty Life en France, l'oeuvre nous immisce aux côtés d'un duo de jeunes hommes un peu opposés, mais qui se retrouvent liés par une passion commune un peu... spéciale: la pénétration anale, passion dévorante qui occupe la plupart de leurs pensées. Jugez plutôt: Kasuya Kyôtarô, ambitieux salaryman qui avait tout pour réussir dans son entreprise à Tokyo, a soudainement été muté dans un trou paumé après avoir provoqué un "léger" scandale: il entretenait avec la fille du patron une relation un peu particulière, où celle-ci assouvissait les fantasmes du jeune homme en lui défonçant le c** avec sadisme sur son lieu de travail. Dans le coin perdu où il doit désormais travailler, sorte de filiale où les quelques employés sont des hommes mûrs campagnards et se la coulant douce, il fait vite la connaissance de Kuzuya Yoshiyuki, son nouveau voisin, typiquement le genre d'homme qu'il exècre puisqu'il est au chômage et ne fait apparemment rien de ses journées. Rien, à part imaginer des jouets sexuels abracadabrants voués à satisfaire son anus, tel son fameux "ventilo-bite", un gode tournoyant en étant attaché au centre des hélices d'un ventilateur. Entre ces deux gaillards, une relation "profonde" va se mettre en place...
Si Harada est une mangaka qui a déjà largement su nous prouver qu'elle est à l'aise dans différentes tonalités, elle nous le prouver encore ici dans une comédie très rentre-dedans, où l'érotisme est omniprésent, n'est absolument pas censuré, et se veut surtout très humoristique avec un flot de situations loufoques. Cette part comique, on la ressent bien vite, dès les noms de nos deux héros (pouvant tous deux signifier "déchets"), l'aspect un peu moisi de leur vie où ils ont tous deux des problèmes pas banals, et leur relation souvent conflictuelle mais où ils ne manquent jamais une occasion de se lier l'un à l'autre par leur passion commune pour se mettre des trucs dans le derrière.
Les deux hommes, de base, ne se présentent pas forcément comme homosexuels, et il n'y a d'ailleurs (du moins, pour l'instant) aucune trace de sentiments entre eux. Juste, ils sont liés par leur passion perverse, et ont au fil du temps pris soin de l'assouvir avec ce qu'ils pouvaient: des objets, des femmes bien dominatrices derrière leur allure mignonne, des mecs, et désormais entre eux. Et c'est sur ces bases que, de fil en aiguille, s'installe une palette de personnages secondaires pas piqués des hannetons, tant certain(e)s d'entre eux/elles apporteront des situations particulièrement incongrues, délirantes ou décomplexées. Par exemple, il faut voir les membres de cette famille (père, fille et fils) abordant sans trop de chichis le fait qu'ils sont tous déjà passés dans Kuzuya. Soulignons tout de même, pour les plus réfractaires à ce type de scènes, qu'il y a du viol via le personnage de Leo, celui-ci passant son temps à taper dans Kuzuya en étant certain que son amour pour lui est réciproque alors que ce n'est pas le cas, l'aspect humoristique de ces scènes pouvant rebuter certaines personnes.
Entre les délires des deux personnages principaux, leurs prises de bec (ou d'autre parties du corps) et les personnages secondaires, Harada joue sur toute une palette d'humour idiot, de moments décomplexés parfois très gênants pour nos héros, de comique de situation assez enlevé, voire même de passages où un aspect surnaturel un brin crétin apparaît, pour un résultat assez enlevé et qui ne fait pas semblant. Et pour porter tout ça, l'artiste délivre à nouveau une très belle patte visuelle dont elle a le secret, avec en particulier des designs et des expressions de personnages vraiment variés et plaisants. Sans compter les décors assez présents quand il le faut, le dynamisme du trait, et l'érotisme prononcé souvent mis en scène avec ardeur.
En somme, tout en assurant et en assumant une forte part érotique, Happy Shitty Life enchaîne les situations débridées et comiques avec savoir-faire, pour offrir un BL assez unique en son genre, dont on lira la suite avec plaisir en espérant qu'elle sera tout aussi drôle et enlevée. Quant à l'édition française, elle est satisfaisante: le papier et l'impression sont très honnêtes, la première page en couleurs est sympathique, la jaquette bénéficie d'un marquage brillant sur son logo-titre, et la traduction de Delphine Desusclade est suffisamment soignée.