Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 18 Juillet 2012
Chronique 1
Timide, maladroit et décalé, le nouvel infirmier du collège Tokofushi et aussi particulièrement effrayant. Avec son visage livide et couturé d'étranges cicatrices, personne n'ose l'approcher. Jusqu'au jour où trois copains vont découvrir son incroyable secret... M.Hadès est en réalité un éminent chasseur de psycho-démons doté d'incroyables pouvoirs !!
Voici venir un nouveau shonen chez Delcourt et qui n'est pas des moindres, car celui-ci vient tout droit du Jump ! Celui-ci nous transpose dans un monde tel que le notre où des "psycho-démons" sévissent en possédant de pauvres collégiens totalement innocents...
Hadès est un shonen reprenant la sauce de nombreux mangas parus dans le Jump : des histoires courtes durant un ou deux chapitres avec une petite intrigue et sa dose d'humour. Du même genre on connaît "Que sa volonté soit faite" avec un héros otaku qui doit draguer une fille spéciale tous les deux chapitres, "Neuro" avec son héros qui doit manger des mystères, et il en reste encore plein d'autres de la même espèce. Ici, nous avons affaire à une bande de collégiens qui deviennent amis (si l'on peut dire) avec leur nouvel infirmier, Itsuhito Hadès, à l'allure plus qu'étrange. Celui-ci n'est autre qu'un chasseur de "psycho-démons", des êtres infâmes qui s'amusent à posséder de pauvres collégiens en fonction de leur faiblesse : par exemple, si une personne est un peu jalouse d'un de ses amis, un psycho-démon la possédera afin de renforcer ce sentiment de jalousie jusqu'à elle devienne hors de lui. Mais heureusement, Hadès est là, et grâce à son pouvoir il peut capturer ces vilains démons !
Ce procédé nous permet donc d'avoir plusieurs petites histoires courtes au fil du tome : le début du volume nous présente les divers personnages que l'on suivra à travers le manga tels Ashitaba, le personnage sans trop de caractère mais qui a le profil du "héros" de ce manga, Fuji, le beau gosse qui fait craquer toutes les filles malgré lui (c'est un gros fan de manga et ne fiche strictement rien en cours) et Mimasaka, le "gros" de la bande, qui a contrario de Fuji fait fuir toutes les filles...malgré lui. Ces trois bonhommes qui ont pourtant peur de leur nouvel infirmer terrifiant vont vite s'attacher à lui et à chercher ce qui se cache derrière ce mystérieux personnage. Celui-ci racontera vite sa véritable profession et un de ses secrets : il cache lui-même depuis très longtemps un psyhco-démon dans son corps !
Toute la suite du volume est donc un enchaînement d'histoires où des camarades de nos trois compères se font posséder, mais Hadès est là pour les capturer en bonne et due forme.
A la lecture de ce premier tome, il faut avouer qu'une idée nous vient vite en tête : ce manga est ultra classique. Malheureusement ce premier volume ne brille pas par son originalité et on en vient vite à vouloir savoir s'il va y avoir quelque chose de véritablement nouveau dans les pages qui suivent...et ce n'est pas le cas. On connaît la recette du Jump : le premier tome nous introduit souvent dans l'univers de l'auteur, et la série se lance vraiment à partir du deuxième ou troisième. Laissons donc cette chance à cette nouvelle auteure et espérons qu'elle trouve une idée sympathique pour changer la routine qui pourrait s'installer dans son manga.
Ce qui est dommage en fait, c'est que Hadès capture les psycho-démons d'une page à l'autre, il n'y a pas de combat (mais ceci est compréhensible car ce n'est pas le genre) mais surtout pas d'énigme pour capturer ou bien faire sortir le psycho-démon du corps de la personne possédée. Nos trois collégiens n'ont d'ailleurs pas un rôle majeur pour l'instant, si ce n'est de subir les bizarreries de leurs camarades transformés.
Notons cependant que l'auteure vise à faire de l'humour et cela marche, nos pauvres héros voient leur vie bouleversée depuis l'arrivé de Hadès. La dernière histoire d'ailleurs a de quoi faire rire, tout comme la fille qui viendra probablement se joindre à l'équipe, Kaburagi.
Au niveau du dessin Shô Aimoto se débrouille plutôt bien, nous avons là un trait fin pour des formes rondes, donnant une allure enfantine à son récit, qui d'ailleurs vise un public assez jeune. Son découpage est efficace et ses personnages, souvent un peu clichés, sont cependant bien utilisés : sur ce c'est un bon point.
Coté édition, c'est du bon travail de la part de Delcourt, l'impression est de qualité tout comme la traduction, malgré une ou deux petites coquilles mais rien de très grave.
Que donc penser du nouveau shonen de Delcourt ? Rappelons nous que l'éditeur n'en publie que très peu dans l'année, peut être que Hadès va nous surprendre par ses prochains volumes ? En attendant, nous avons là un premier tome classique qui ravira certainement les lecteurs non initiés au genre, mais qui ennuiera peut être un peu ceux qui ont déjà lu une flopée de titres de ce genre. Nous verrons bien par la suite !
Chronique 2
L'infirmerie. Si on en croit le nombre de manga lycéens qui en parlent à un moment ou à un autre, il s'agit pour les élèves d'une véritable plaque tournante d'une école japonaise. Une fascination qui émane sans doute d'une volonté de s'échapper de la vie scolaire active, pour trouver un moment de répit, loin de toute l'agitation ambiante. Mais il s'agit aussi d'un lieu qui, il faut le reconnaître, nécessite beaucoup d'imagination pour créer une histoire et des circonstances potables autour du sujet. C'est dans ce contexte que démarre "Hadès, Chasseur de psycho-démons", premier titre issu du Jump publié par Akata-Delcourt.
Une chose est sûre, ce titre est à sa place dans le catalogue shônen (plus que réduit) de l'éditeur : Une ambiance sombre, très terre-à-terre et ancré dans la réalité malgré le supernaturel omniprésent ; un focus sur les personnages et leurs sentiments qui l'emporte sur l'action ; pas de combats à rallonge en vue, et la série ne s'éternise pas avec ses dix tomes. Bref, le choix du titre est sensé et ne vogue sur aucune vague en particulier, malgré l'argument marketing bien mis en avant d'une publication "Jump".
"Hadès" nous présente un drôle de bonhomme dans la vingtaine (mais qui en paraît plus) du nom de Hadès, fraîchement arrivé dans une école pour y exercer la profession d'infirmier. Cependant, son apparence "savant fou" (qui n'est pas sans rappelé le professeur Stein de Soul Eater) fait fuir les élèves plus qu'autre chose, et personne n'ose vraiment l'approcher. À son grand désespoir, lui qui ne désire qu'aider son prochain. Néanmoins, il a une autre corde à son corde pour perpétuer la mission qu'il s'est fixé, et qui lui a obtenu ce poste en premier lieu. Il est chasseur de "psycho-démons", des monstres qui s'infiltrent dans les failles de l'âme humaine pour se nourrir et faire le malheur de leur hôte et de ceux qui les entourent. Une caractéristique qui n'est pas sans rappeler "Togari", autre shônen d'Akata où là aussi des démons s'emparent des faiblesses humaines pour les amplifier encore davantage et leur donner une forme concrète.
Autant le dire tout de suite, "Hadès" est une série des plus classiques dans son genre, soit enquêtes-mystères saupoudré de combats rapides mais qui monteront sans doute en puissance. Introduction du personnage d'Hadès à travers une première apparition, création d'un groupe petit-à-petit autour de sa personne, mystères concernant le passé et la raison de la présence de psycho-démons dans cet endroit précis... L'amateur de shônen n'aura rien de bien neuf à se mettre sous la dent.
Néanmoins, c'est le cas depuis longtemps déjà, et l'intérêt n'est pas là. En effet, Hadès dévoile des atouts qui rendent le titre sympathique. Son héros éponyme d'abord, qui est attachant avec son excentricité, son apparence et ses manières douces et attentionnés. La petite bande d'élèves qui l'entoure dans ses enquêtes et sa progression (les classiques petit chétif, lourdaud, "dark one" et jolie fille) l'est tout autant, composée de membres variés et pas aussi figés dans leur rôle qu'on pourrait croire. On découvre l'histoire à travers leurs yeux, c'est-à-dire d'un point de vue extérieur par rapport au protagoniste principal, ce qui nous offre une perspective intéressante et entretient l'aura de mystère du titre.
Côté monstres, il s'agit simplement de l'incarnation des peurs humaines les plus communes, que tout un chacun a ressenti au moins une fois dans sa vie, et le lycée constitue évidemment un territoire parfait pour leur développement. Les inspirations pour leur design sont diverses, ils sont souvent un peu ridicules une fois révélés, mais l'ensemble reste correct, notamment dans leur manifestation extérieure. Pour ce qui est du combat contre ces créatures, rien de bien intéressant néanmoins. Une fois émergé de leurs victimes, Hadès dévoile son pouvoir, et ils disparaissent aussitôt. Non, l'intérêt réside avant tout dans les personnages possédés, dans la compréhension des mécanismes qui ont permis aux démons de s'infiltrer dans leur âme, et dans la façon dont ces malheureux dépassent leurs souffrances pour s'en libérer et avancer. Que ce soit par la réalisation auto-critique ou par les paroles de leurs proches ou de ce cher Hadès lui-même. La morale propre au shônen, comme très souvent en rapport avec les tourments de l'adolescence au sens large mais qui s'étend à tous les âges de la vie, fait cliché mais reste efficace dans ses conclusions, car toujours d'actualité et suffisamment bien traitée pour ne pas lasser, et c'est le principal.
Les ingrédients sont donc là, classiques mais efficaces, avec comme à chaque fois la petite touche de chaque auteur qui fait la différence.
Un dernier mot sur le graphisme, agréable et adapté à l'ambiance mais qui n'a rien de particulièrement accrocheur par rapport aux canons du genre.
En conclusion, "Hadès, chasseur de psycho-démons", est un shônen tout simplement classique mais efficace. On passe un moment agréable en compagnie de la petite troupe sympathique et qui s'agrandit toujours plus, on ressent de l'empathie pour ces gens victimes de leurs émotions mais qui finissent par trouver la force en eux-mêmes de les surmonter, et on souhaite toujours en savoir plus sur ce drôle de personnage qu'est Hadès, ce grand incompris de la vie et qui a pas mal de vécu derrière lui. La simplicité même, qui ne nous ment pas sur la marchandise et délivre ce qu'on attend de lui tout en sachant apporter sa propre personnalité. Un titre qui s'adresse avant tout à ceux qui aiment les histoires surnaturelles bien ancrées dans la réalité, et qui s'attardent avant tout sur les humains qui composent ces aventures plutôt que sur les scènes d'actions qui n'en finissent plus. À découvrir.
Sorrow