Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 31 Mars 2010
La majorité de ce tome prend place dans une école de danse classique, le Ballet du Bolchoï. C'est là qu'un tout nouveau tuteur a décidé de recruter ce qui sera la première cyborg de seconde génération. Parce que le Bureau d'aide sociale a progressé dans ses recherches, la personne choisie n'est pas une fillette : c'est une adolescente de 16 ans.
La première partie de tome insiste sur le mal-être de Rico, qui est communément toujours de bonne humeur. Ce contraste plonge dès le début du tome le lecteur dans un malaise assez avancé. Le chapitre suivant introduit une discussion entre les deux frères Jean et José, notamment à propos de leur haine envers la Padania : serait-ce là le fondement d'un nouvel arc ? Cela permet aussi de connaître enfin les raisons de l'affection portée par José sur Henrietta.
La seconde partie de tome fait office de rupture franche. Changement de décors, changement d'objectifs, personnages entièrement nouveaux : un véritable renversement dans la narration !
Pétrouchka, jeune danseuse, s'entraîne assidûment pour devenir étoile du Ballet du Bolchoï. Mais la maladie met fin à ce travail soutenu et à ce futur rêvé. Métamorphosée en cyborg – lavage de cerveau à la clef – mais sauvée de la maladie, Petra a perdu la mémoire mais conservé des automatismes et l' « instinct des danseuses » : étirements, pieds en diagonale en position d'attente etc... On suit alors son apprentissage avec le tout nouveau tuteur Alessandro. Contrairement aux autres, celui-ci n'est pas un ancien policier ou militaire. C'est un spécialiste en investigation, expert dans le profilage à partir de l'observation des personnes dans la rue. Cela entraîne une personnalité radicalement différente de celles qu'on a pu rencontrer jusqu'à présent et un personnage attachant dès sa première apparition.
Yu Aida met en évidence son souci du détail et sa culture des références. Le prénom du personnage de Pétrouchka est en effet emprunté au ballet du compositeur Igor Stravinski. Le ballet Pétrouchka, créé dans les années 1910 conte l'histoire d'une marionnette à qui on a conféré la vie, et qui, bien que devant rester docile et humble, n'est pas dépourvue de sentiments humains. La représentation de la problématique posée par Gunslinger girl est évidente, la référence est remarquable ! Lors des derniers chapitres, la phase d'observation des gens dans les lieux publics italiens et les explications des profils politiques et sociaux de chacun données par Alessandro est tout aussi excellente.
Les visages sont toujours aussi expressifs, les nouveaux personnages se distinguent très clairement des autres, la chara-design est varié. Les décors russes et italiens sont superbes. Bref, encore un sans-faute de la part de Yu Aida.
Asuka nous propose étonnamment en fin de tome les deux postfaces déjà présentées dans les tomes précédents, portant sur les enfants soldats et les snuff movies. Quel intérêt de reprendre ainsi ces pages, surtout celles concernant les snuff movies qui n'ont guère de rapport avec ce tome ? Asuka a sans doute pensé que ce tome 6 ouvrant un nouvel arc, il était judicieux de reprendre certaines réflexions. On aurait évidemment préféré une toute nouvelle thématique.
Yu Aida ose se permettre la nouveauté dans un tome de transition et le fait avec brio.
Combien de surprises nous réserve encore cet auteur ?
Du très grand seinen.