Gunslinger girl Vol.11 - Actualité manga

Gunslinger girl Vol.11 : Critiques

Gunslinger girl

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 20 Janvier 2010

Un nouveau volume de Gunslinger Girl, c'est une chose tellement rare que c'est à chaque fois un petit évènement. Et 11 mois après le dixième tome, voici que débarque enfin le onzième opus de la cruelle histoire de ces jeunes filles cyborgs.

Ce onzième volume s'ouvre sur un chapitre s'attardant sur une cyborg très peu présente jusqu'à maintenant: Béatrice, dite Bice. Incapable de ressentir la moindre émotion, la taciturne fillette en vient à se demander ce que l'on peut ressentir face à la mort...

Mais après cela, c'est, pour une fois, l'action qui domine avant tout, puisque le Bureau d'Aide Sociale se retrouve à Venise pour contrecarrer les plans du terroriste vétéran Giacomo Dante. Et la première chose qui frappe, c'est l'indéniable gain de qualité du coup de crayon de Yu Aida. Le début de la série péchait un peu sur ce point, puis peu à peu, l'ensemble s'était beaucoup affiné et avait gagné en précision. Et avec les scènes d'action de ce tome, Aida nous en met enfin véritablement plein la vue: toujours plus fin et toujours plus expressif, son trait sert parfaitement des scènes de combats rendues totalement immersives par un découpage intelligent, une mise en scène dynamique et une représentation de la ville de Venise bourrée de réalisme, précise et détaillée. L'ensemble nous happe totalement, on n'en ressort pas indemne.

De l'action, oui, mais le tome ne s'arrête pas à cela, puisqu'il permet avant tout de faire entrer en scène celui qui sera sans doute le plus grand ou l'un des plus grands ennemis de la série: Giacomo Dante, le terroriste à l'origine de l'affaire Croce, qui a coûté la vie au père et à la jeune soeur de Jean et de José. Dès lors, on comprend aisément que les deux frères fassent de cette mission une véritable affaire personnelle.

Enfin, tout ceci n'occulte pas la situation en elle-même, les sentiments et ressentiments de nos jeunes tueuses et de leurs responsables. Et de ce côté-là, ce onzième volume est très riche.
Ainsi, alors que le personnage de Béatrice a déjà été évoqué plus haut, signalons que le destin qui l'attend ne manque pas d'être poignant. Elle qui ne ressent rien, elle accomplira sa mission jusqu'au bout sans la moindre arrière-pensée, si ce n'est une ultime réplique remplie d'espoir envers Triela, qui endosse ici plus que jamais son rôle de "grande soeur".
Une Triela qui, par ailleurs, nous apparaît à nouveau comme la plus humaine et touchante de toutes les fillettes, de par sa volonté de continuer de se battre, non plus en étant prête à mourir pour Hilscher, mais en étant bien décidée à continuer à vivre le plus longtemps possible pour lui.
Un Hilscher qui, de son côté, apparaît lui aussi comme le plus humain des fratelli, s'étant beaucoup attaché à Triela, souhaitant la préserver, allant même jusqu'à lui dire de ne pas en faire trop.
Car ici, Hilscher est bien le seul fratello semblant doté d'une parcelle d'humanité, puisque tous les autres n'hésiteraient maintenant plus à sacrifier les obsolètes cyborgs de la première génération, du toujours aussi froid et dépourvu de sentiments Jean, jusqu'à José, dont le désir de vengeance inébranlable le pousse à être plus froid qu'auparavant envers Henrietta.
Petit à petit, la chute de la première génération de cyborgs continue donc de se dessiner et nous laisse entrevoir une suite toujours plus intense et dramatique pour Henrietta, Triela, Rico et les autres, et cela est d'autant plus le cas lorsque l'on voit, à côté, la bonne condition de Petrouchka, issue de la deuxième génération, et de son fratello Alessandro.

Alors qu'après la bataille, l'affaire Giacomo Dante n'est toujours pas conclue puisque le redoutable terroriste parvient à s'échapper, mettant ainsi en échec la mission du Bureau d'Aide Sociale, un début de flashback arrive, le temps de trois chapitres. Le premier met en scène Enrica, la jeune soeur de Jean et José décédée lors de l'affaire Croce. On découvre ainsi une enfant comme les autres, qui s'amuse, pense à sa famille trop occupée pour s'occuper d'elle, et tente de combler le vide qu'elle laisse en gardant sa bonne humeur. Le portrait effectué ici nous présente une fillette attachante, ce qui ne fait que nous faire ressentir un malaise plus profond quand on se rappelle du tragique destin qui l'attend.
Les deux derniers chapitres reviennent sur Jean, le si froid fratello de Rico et frère de José. On appréciera énormément de voir enfin se lever un voile du passé de cet homme déjà taciturne à cette époque, de faire la connaissance de celle qui était sa fiancée, et gageons que dès le prochain tome, le lecteur pourra réussir à cerner un peu mieux la personnalité de ce personnage.

Passionnant d'un bout à l'autre, ce onzième volume, en plus d'être esthétiquement impeccable, continue de nous prendre aux tripes. La psychologie de la plupart des personnages est à nouveau de la partie, et l'affaire Croce, qui a conditionné José et Jean, est ici centrale. Et ainsi, tandis que la première génération de cyborgs marche petit à petit vers son inévitable perte, l'oeuvre de Yu Aida pourrait bien prendre ici un tournant laissant envisager la fin prochaine de la série. A moins que l'auteur ne souhaite prolonger encore le plaisir.

Pour l'une de ses toutes premières sorties, Kazé Manga nous propose une édition dans la droite lignée de ce que nous proposait Asuka.


koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs