Guerrilla High Vol.1 - Actualité manga
Guerrilla High Vol.1 - Manga

Guerrilla High Vol.1 : Critiques

Gakuen Taikutsu Otoko

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Avril 2018

Le Japon, dans les années 1960-1970. Comme dans d'autres pays du monde (dont la France), des mouvements ont lieu pour faire changer la société, y compris (et surtout) du côté des étudiants qui veulent faire évoluer un système éducatif dépassé. C'est dans ce contexte qu'agissent des activistes, mais face à eux les enseignants se montrent de plus en plus violents afin de contrer la menace que représente pour eux cette jeunesse rebelle. Les choses vont si loin que les professeurs n'hésitent pas à prendre les armes, voire à semer la mort... Mais dans ce contexte sans foi ni loi, des guérilleros résistent et organisent leur lutte contre cette forme de dictature...

La collection Gô Nagai se poursuit aux éditions Black Box avec Guerrilla High, de son nom original Gakuen Taikutsu Otoko. Initialement publiée de 1970 à début 1972, cette oeuvre comptait initialement 3 tomes reliés, avant que ses rééditions au Japon ne la compilent en deux volumes. C'est également sous la forme de deux épais volumes d'environ 300 pages que la série arrive en France, et pour cette édition on peut dire tout de suite que Black Box ne déçoit pas: l'éditeur a mis les bouchées doubles en réservant une excellente surprise, à savoir pas moins de 92 pages couleurs ! L'édition paraît sur le coup assez chère (16,99€ par tome), mais compte tenu de ce nombre de pages couleur, de l'épaisseur de 300 pages et du grand format, une fois le volume en mains on comprend donc vite qu'on en a plutôt pour son argent. Qui plus est, comme souvent depuis désormais plusieurs mois chez l'éditeur, l'impression est très bonne et est faite sur un papier à la fois bien blanc, souple et assez épais. La traduction de Mélissa Millithaler est claire et assez vivante, et le travail d'adaptation et de lettrage reste convaincant.

C'est donc dans une édition à la hauteur (seule l'absence de jaquette amovible, typique chez l'éditeur, pourra toujours rebuter une part des lecteurs) que l'on peut enfin découvrir en langue française une série qui, quand on connaît la bibliographie de Gô Nagai, semble avoir une place assez particulière, de par sa naissance dans un contexte assez délicat pour l'auteur. En effet, Guerrilla High fait partie des oeuvres de jeunesse de Gô Nagai, et est arrivée dans la foulée de son premier grand succès, L'école impudique (Harenchi Gakuen, aussi publié en France par Black Box), qui restera à tout jamais le premier best seller historique du magazine culte Shônen Jump de Shûeisha. Née en 1968, L'école impudique avait vite défrayé la chronique dans son pays, de par son ton très libre ayant posé des bases du genre ecchi. Novateur, ce récit avait offusqué plusieurs associations de parents d'élève ayant  poussé la série à s'arrêter, ce à quoi Nagai avait répondu avec force directement dans son manga, en mettant en scène le massacre violent de tous ses héros écoliers par ces mêmes associations ! Nagai semble donc avoir la rancune tenace, et il est intéressant de voir que ces problèmes, qui sont intervenus essentiellement en 1970 au milieu de L'école impudique (la série s'est malgré tout poursuivie après ce heurt), correspondent aussi à l'année où Guerrilla High est né. On est donc plus que tenté de voir Guerrilla High comme une continuité de L'école impudique, ou en tout cas comme une version encore plus violente, puisque ici ces tout le corps enseignant qui prend clairement les armes contre les jeunes qu'ils sont censés former mais qui n'acceptent plus leur autorité.

L'idée de Guerrilla High est à la fois très simple, mais en même temps assez novatrice et osée pour son époque: Nagai prend le contexte d'alors, à savoir les révoltes étudiantes, pour le pousser à l'extrême via des conflits sanglants aux allures de far west sans foi ni loi. Tandis que les profs deviennent de sortes de dictateurs cherchant à garder leur autorité par la violence, les étudiants se transforment en guérilleros tout aussi brutaux s'il le faut. parmi ces derniers se détachent trois figures. Tout d'abord Mondo, leader de la révolte, et également jeune homme le plus radical, qui interroge un peu concernant l'utilité de toute cette violence, tant son comportement révèle vite un réel plaisir à provoquer le chaos et à tuer. Puis vient Midô, jeune homme aux traits assez féminins, suivant Mondo dans la guerre contre les tyranniques enseignants, mais ayant régulièrement des doutes sur la tournure des événements. Enfin, il y a la rebelle Tsubasa Nishikiori, cheffe d'un groupe de jeunes étudiantes rebelles, aussi belle que forte de caractère, se retrouvant parfois dans de situation délicates avec les siennes, mais ne lâchant jamais prise.

Les personnages posés sont assez intéressants, mais on attend encore de voir ce que l'auteur en fera réellement, car pour l'instant le tout reste un petit peu basique. Sur ce premier volume l'histoire tant à être très linéaire, à ne pas vraiment avancer concrètement et à se reposer parfis sur les mêmes éléments. On y retrouve toutefois le charme des récits de Nagai: des moments de violence assez extrême et sans concession, une petite pointe d'érotisme bon enfant qui vient autant des jolies héroïnes que du côté vicieux de certains personnages (les profs, mais aussi Mondo), un petit peu d'humour de temps en temps quand même...

On attend de voir dans le tome 2 ce que Guerrilla High a réellement sous le coude, mais pour l'instant la lecture reste tout de même très plaisante pour qui aime Gô Nagai, car on y retrouve pas mal d'éléments faisant sa marque de fabrique, et que le tout est servi dans une édition assez qualitative.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs