Grimms Vol.1 : Critiques

Qui ne connait pas les frères Grimm, les auteurs originaux qui inspirèrent Walt Disney avec Blanche-Neige, Cendrillon, le Petit chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce et bien d’autres encore … Après le fameux studio de dessins animés, c’est Kei Ishiyama qui reprend les principaux (ou méconnus) contes des deux frères. Ainsi, le lecteur part à la découverte du Petit Chaperon rouge, de Raiponce, d’Hansel et Gretel, des Douze chasseurs et des Deux frères, justement. Sauf que quelques modifications sont apportées aux récits originaux. Tout comme le monde du dessin animé l’a fait, celui du manga revisite tour à tour les cinq légendes présentées ici. Ainsi, le loup du petit chaperon rouge est un loup peu ordinaire et auquel on s’attache facilement, au lieu de le diaboliser l’auteur le rend sympathique et en fait le personnage principal. Conseillé par les chèvres, il aide la Mère Grand et tombe amoureux de celle qu’il est supposé dévorer. Raiponce, quant à elle, perd ses attributs féminins et se retrouve dans la peau d’un charmant jeune homme attendant sa dulcinée à la fenêtre, histoire d’inverser les rôles. Hansel et Gretel sont confrontés à une bien étrange mégère, etc etc … Bref, vous l’aurez compris la mangaka se permet de jouer avec les classiques sans toutefois les dénaturer complètement.

Au premier abord, on remarque tout de suite le côté enfantin de la narration, plus éloignée d’une certaine cruauté sous jacente dans les contes de Grimm. Cette version là est mignonne, et tout se finit toujours bien, encore mieux que dans l’original. Ceci dit, on retrouve les grands axes de l’œuvre de départ : des histoires de rois, de magie et surtout d’animaux parlants, qu’ils soient bienfaisants ou mauvais. Les histoires mettent sur un pied d’égalité les animaux et les humains, afin de créer des récits toujours plus diversifiés et originaux. Bien moins effrayants que leurs prédécesseurs, ces contes mettent en avant des concepts moraux évidents, ce qui nous conforte dans l’idée qu’un public assez jeune est visé. Ceci dit, certains points n’ont pas le même sens à partir du moment où on lit ce one shot d’un autre œil. Comme dans toute fable, il y a un sens un peu caché, en dehors de l’aspect sucré, mignon et féérique de la narration. Et c’est cette double lecture qui séduit au premier abord. De plus, les titres sont choisis avec pertinence, puisque l’on en redécouvre trois très connus et deux autres qui le sont beaucoup moins. Cela permet de nous éclairer sur le travail des frères Grimm sans toutefois nous dépayser totalement, bref une bonne initiative (surtout de commencer par les contes « classiques », ce qui nous permet également de nous habituer au travail de l’auteur et à sa volonté de changer quelques détails).

D’un point de vue graphique, c’est assez réussi. On avait plus ou moins peur du résultat d’adaptation des contes dans un style manga, mais au final le tout passe très bien : la couverture est attirante et propose agréablement le titre, les tons chauds se marient bien à l’ambiance et la physionomie des personnages est à double tranchant. Assez classique et esthétique pour les protagonistes principaux, et beaucoup plus d’originalité pour les autres (afin de les identifier sans peine comme le héros / les autres). De plus, on remarquera que les décors sont présents, les détails travaillés … Il n’y a que les ombres qui soient parfois un peu maladroites ou trop sévères, mais dans l’ensemble le travail de Pika est satisfaisant. On se réjouira d’autant plus que les contes originaux de Grimm sont présents à la fin du tome, ce qui permet de comparer l’adaptation et le modèle, d’évaluer la réussite de la mangaka et d’apprécier le style de départ. Une bonne petite surprise que ce manga, sans pour autant être révolutionnaire. Ce n’est pas un incontournable si l’on connait déjà sur le bout des doigts les frères Grimm, mais certaines nouvelles sont intéressantes, quoique parfois trop courtes ou bien pas assez, au contraire.

NiDNiM