Baby Vol.1 : Critiques

BABY.

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 13 Mai 2025

Après avoir proposé l'année dernière Yan, les éditions Glénat poursuivent leur exploration de la bibliographie du célèbre auteur taïwanais Chang Sheng (Oldman, Stanle, X Girl...) avec la série Baby.

Achevée en cinq volumes à Taïwan, celle-ci est vouée à être proposée dans notre langue sous la forme de trois jolis pavés en grand format, le premier d'entre eux comptant environ 310 pages. Et histoire de bien faire les choses, Glénat propose ici sensiblement la même charte graphique et la même grande qualité éditoriale que pour Yan: le papier souple et opaque et l'excellente qualité d'impression permettent de profiter au mieux du gros travail visuel de l'artiste, la jaquette jouit d'un joli vernis sélectif mettant de plus belle héroïne en valeur, le lettrage assuré par Yasmin Govoni est très propre, la traduction de Stéphanie Chen est assez claire, et les pages couleur ont été conservées histoire de nos ravir encore un peu plus les yeux.

Publiée à Taïwan à partir de 2008, Baby est, sur le papier, la troisième série professionnelle de l'auteur après Stanle et X Girl. mais en réalité, la genèse de la série est un petit peu plus complexe que ça puisqu'il s'agit d'une histoire dont il avait fait des ébauches avant même de devenir mangaka, ce qui en fait l'oeuvre ayant réellement initié le début de sa carrière d'auteur. Avant de devenir auteur, Chang Sheng en avait fait le storyboard, puis a d'emblée essayé de se lancer avec cette série, mais les deux premières fois ont échoué en aboutissant finalement aux projets X Girl et Stanle, et c'est à la troisième fois qu'il a enfin pu mener son idée à bien. Mais ce n'est pas tout puisque l'artiste considère également que c'est pendant la publication professionnelle de Baby qu'il a vraiment commencé à comprendre ce qu'est un manhua et qu'il a alors définitivement forgé son style. Il s'agit donc d'une série capitale dans la bibliographie de l'auteur... mais cela en fait-il une oeuvre totalement satisfaisante pour autant ? C'est ce que nous allons essayer de voir dans les lignes qui suivent.

L'histoire nous plonge en 2043, dans un futur où un parasite jusque-là inconnu, nommé Baby, a fait son apparition en transformant les humains infectés en monstres mécaniques, provoquant un véritable carnage et poussant l’humanité au bord de l’extinction. Agente des forces de l'ordre fonceuse et luttant avec verve contre les dangers liés à Baby, Elisa est malheureusement, à son tour parasitée par Baby lors d'une rixe... et c'est là que l'impensable survient. Loin d'être entièrement parasitée et de muter en monstre, la jeune femme n'est touchée qu'à la main gauche, celle-ci devenant alors autre chose, comme un être à part entière dont elle ressent le souffle. Elle reste donc elle-même en vie, mais forcément avec beaucoup de questions en tête. Pourquoi son corps n'a-t-il pas été parasité ? Pourquoi n'a-t-elle toujours pas muté ? Est-elle différente des autres ? Bien que terrifiée, d'autant plus que rien ne dit qu'elle ne mutera pas plus tard, elle veut désormais comprendre, connaître la vérité, quitte pour ça à entamer un long chemin de croix.

Quelque temps plus tard, dans une base souterraine secrète, une patrouille de sauvetage, qui est alors là pour une mission assez opaque, tombe sur une étonnante petite fille se nommant Alice. Ayant à première vue l'apparence d'une gamine tout à fait classique et faisant donc partie des personnes à sauver par la patrouille, elle semble pourtant étonnamment bien connaître les lieux, n'est pas apeurée, ressent me^me des choses que le commun des mortels n'est pas censé pouvoir ressentir... Alors, qui est-elle réellement ?

Comme vous pouvez vous en douter, ces deux axes autour d'Elisa et d'Alice sont voués, au bout d'un moment, à se rejoindre, pour intriguer de plus belle sur ce qu'est vraiment Baby et sur ses origines. mais pour en découvrir réellement plus, il faudra attendre, car même si ce premier tome est bien épais Chang Sheng se contente vraiment d'y poser les bases, en préférant surtout jouer sur ce qu'il sait faire de mieux: l'action. Sur ce plan-là, l'artiste assure vraiment le spectacle à travers une esthétique irréprochable hormis une grosse faute de goût: si l'on peut facilement accepter le fait d'avoir en Elisa une héroïne sexy à souhait, d'autant plus que ça ne l'empêche aucunement d'être bien badass, la chose devient un peu plus critique quand c'est la petite Alice, une enfant, qui se retrouve beaucoup trop sexualisée, avec son inutile combinaison bien moulante et un petit paquet d'angles de vue insistants dont on se serait volontiers passé (sur son fessier, entre autres). Mais si l'on passe outre ça, l'esthétique typique de l'auteur est bien là et régale souvent, avec son lot d'angles de vue très cinématographiques (rien que la vue aérienne derrière les hélicoptères entre les buildings en début de tome, ça en jette), ses moments d'action recherchant tour à tour des moments de gros divertissement popcorn amples et spectaculaires et des affrontement à la chorégraphie travaillée, ses designs mécaniques assez variés chez les Organos, et ses designs humains tout aussi diversifiés.

Et puisqu'une série de Chang Sheng ne serait pas vraiment une série de Chang Sheng sans héroïne qui en jette, on en a ici deux pour le prix d'une. Jeune femme devenue en quelque sorte mi-humaine mi-machine suite à son infection par Baby, Elisa en ressortant totalement badass dans son genre, affichant une détermination à toute épreuve et un tempérament de fonceuse y compris quand il lui faut se battre. Quant à Alice, si l'on excepte le souci évoqué plus haut, elle se veut assez attachante avec sa personnalité assez affirmée et sa manière de mener un petit peu son monde par le bout du nez.

A l'arrivée, il faudra vraiment attendre la suite pour voir ce que baby a réellement à proposer en matière de l'histoire, même s'il faut avouer qu'on n'en attend pas forcément grand chose au vu du passif de Chang Sheng où ses scénarios finissent généralement par un peu s'effondrer sur eux-même. Mieux vaut alors ne pas attendre grand chose d'autres qu'un efficace divertissement à grand spectacle, et de ce côté-là le style visuel immersif, léché et travaillé de l'auteur a de solides arguments à faire valoir.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs