Gravitation Extra Vol.1 : Critiques

Toute fan de yaoi qui se respecte connait au moins de nom la série Gravitation. Pas forcément pour le meilleur, souvent pour le pire. Car si les débuts de la série sont corrects quoique maladroits, les derniers tomes partent dans un ballet de n’importe quoi et de gags totalement délurés. Gravitation Ex, c’est en quelque sorte la continuité de ces derniers tomes de Gravitation. C’est la série qui va faire perdurer l’esprit dérangé de la mangaka, au travers de planches représentant des personnages bien connus de par le monde yaoi : le beau Yuki et Shuichi l’imprévisible. L’histoire de ce premier tome … il n’y en a pas vraiment. Les deux amoureux couleraient des jours heureux, du moins autant que possible connaissant les deux lascars, et se seraient rendus en Amérique pour se recueillir sur la tombe du plus grand pêché de Yuki. Au passage, ils rencontreront le frère de Kitazawa, et le très jeune fils de celui-ci. Ce qui fait que Yuki va être confronté à la progéniture de l’homme qu’il a tué … Cela sans que le moindre problème ne se pose. En rentrant au Japon, c’est scandale sur scandale et déchirures en déchirures entre Yuki et Shuichi, qui vont finir par être séparés de force par Toma, pour le bien de tout le monde … Mais c’est sans compter la force de l’amour de notre héros, qui au passage trompe Yuki avec Monsieur Sakuma, qui va tout mettre en œuvre pour retrouver l’homme de sa vie et s’excuser, s’aplatir même. Et quand on dit tout faire, c’est tout faire. Jusqu’à prendre la mitraillette contre les journalistes, à mourir au moins cinq fois en quelques pages sous les assauts irréalistes de Rage et les contre attaques désespérées de Claude (dont le nom a été francisé à outrance) …

La qualité de cet ouvrage est alors on ne peut plus absente, bien d’avantage encore que dans les derniers volumes de la série principale. Car ici, l’auteur reprend tout ce qu’on connait déjà et tente un nouveau mélange, avec un Yuki faible et humain, avec des personnages totalement illogiques et décevants, avec des tentatives d’humour catastrophiques … C’est la fin de Maki Murakami, qui s’enfonce dans le n’importe quoi avec une aisance qu’elle seule peut percevoir et un plaisir que peu de gens pourront ressentir. C’est du gâchis pur et simple, c’est du grand délire, et c’est une nouvelle série qui n’apporte rien de nouveau et qui se base exclusivement sur la notoriété de l’ancienne. Les personnages secondaires tels que le meilleur ami de Shuichi ou les autres membres de leur groupe n’ont plus aucune importance, d’ailleurs la musique qui est supposée être le point d’orgue de la série n’apparait plus nulle part, et l’on se contente d’assister à la déchéance des idées de l’auteur, qui se raccroche à un amour qui ne fonctionne même plus, sur des idées vues et revues notamment le panda géant détruisant tout sur son passage, idée déjà saugrenue en elle-même mais en plus très mal exploitée … La plus grande déception en matière de Boy’s Love, bien que l’on s’y attendait un peu … Gravitation doit rester dans les annales comme la plus grande série décalée, mais nul n’est besoin d’exploiter ce titre peu glorieux pour en faire … ça.

Avec le temps, on aurait au moins pu croire que l’auteur se soit améliorée dans le traitement des graphismes, que ce soit sur les erreurs de proportions vis-à-vis des personnages ou sur la clarté des arrières plans et des scènes d’action … Il n’y a pas grand-chose à répondre à part que ce n’est pas le cas. Murakami fait de grossières erreurs de dessins, avec des personnages qui ressemblent parfois à une œuvre de gosse, avec le visage un peu de travers et aucune douceur ou aération dans les traits. Les figures sont d’ailleurs largement rajeunies, si bien que le héros semble avoir douze ans … Les scènes dynamiques qui peuplent -ou envahissent- le manga ne valent pas mieux, avec leur grand délire graphique où tout est permis, même de lâcher un crayon qui œuvrerait tout seul, dans le plus strict respect du n’importe quoi. Il en est de même pour les SD, trop présents et déjà vus, lassants et excessivement désagréables. Bref, Gravitaiton Ex n’est à servir que pour les fans vraiment accros ou les collectionneurs, la déchéance du héros et de son compagnon étant totale dans cette suite largement superflue.

NiDNiM