Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 11 Juillet 2025
Ca n'aura échappé à personne: après une année sans sorties ni communication, et quelques mois de rumeurs concernant une possible reprise de leur catalogue par les éditions Meian, les éditions Noeve Grafx font leur retour dès cet été. Bien que la direction reste la même, la distribution est désormais gérée par IDP, société derrière laquelle on retrouve notamment les éditions Meian (comme pressenti), Hana et Hot Manga ou encore la boutique en ligne Anime-Store. La production, elle, est à la charge d’IDP, mais la plupart des traducteurs historiques des séries restent en place et la charte graphique reste la même afin de garantir la meilleure continuité. Ce retour ne se fait toutefois pas sans compromis, afin d'assurer le maintien de toutes les séries en cours: ainsi, les éditions deluxe et collector telles que Noeve Grafx avait l'habitude d'en faire sur certaines séries sont vouées à être abandonnées. Enfin, ce retour de l'éditeur, annoncé fin juin, s'est fait en grandes pompes avec de nombreuses avant-premières pendant Japan Expo début juillet, en attendant la sortie officielle dans les mois à venir. Et parmi ces avant-premières se trouvait le volume 6 de La Grande Jahy ne perd jamais !, série de Wakame Konbu que vous avions laissée sur le tome 5 en mars 2024 et qui fera officiellement son retour en août.
Malheureusement, pour ce retour en grandes pompes de l'éditeur, il faudra composer avec une petite douche froide: avec une trentaine de sorties prévues chaque mois jusque fin 2026 et la réimpression de très nombreux titres, il y avait de quoi se demander vers quel imprimeur l'éditeur s'est tourné pour pouvoir gérer tout ça sur un marché déjà saturé, et la réponse est simple: la grande majorité des titres, dont Jahy, ont été imprimés à des milliers de kilomètres de chez nous, chez InkWize en Chine, ce qui non seulement n'est vraiment pas fou sur le plan écologique, mais en plus se révèle très inégal en terme de qualité d'impression et de papier. Dans le cas de Jahy, on a des moirages plus ou moins prononcés et une légère transparence du papier, néanmoins la série s'en tire assez bien par rapport à d'autres. Si l'on fait fi de ces problèmes, et en plus du plaisir primaire d'enfin découvrir la suite de l'oeuvre, on appréciera quand même la conservation des jaquettes avec embossages et vernis sélectif, et une traduction qui reste efficace même si Jasmine Bretcha, traductrice des premiers tomes, a laissé sa place à Christophe Maertens.
Dans le tome 5, nous avions laissé Jahy dans une situation-clé: non seulement elle a "vaincu" (le mot est fort) la magical girl, mais en plus elle a vu réapparaître devant elle son maître le roi démon, enfin ressuscité ! Autant d'événements qui ont de quoi apporter un nouveau souffle à l'oeuvre... mais qu'en sera-t-il réellement ? En vrai, Wakame Konbu ne trahit pas du tout l'ambiance de sa série: loin de faire de tout ceci des enjeux intenses, il en fait des éléments comiques supplémentaires, entre le roi-démon qui, sous couvert de devoir retrouver sa puissance, se contente surtout d'être une gamine-parasite passant son temps à manger sur le dos des autres (chose qu'elle faisait déjà un peu avant la destruction du monde démoniaque, au vu d'un petit flashback), et la magical girl qui devient en quelque sorte une stalkeuse profondément désireuse de devenir l'amie de notre héroïne, quitte à être excessivement collante sans s'en rendre compte.
A vrai-dire, plus que le roi-démon, c'est même la magical girl qui redynamise le plus l'oeuvre ici, tant ses interactions avec Jahy et surtout avec son entourage posent de nouvelles problématiques. Ici, elle fait irruption auprès de la petite Kokoro quand Jahy la retrouve. Là, elle suscite inévitablement la jalousie de Druj dans un parfum de rivalité rigolo. Et quand elle ne s'incruste pas dans le resto de la patronne pour travailler elle aussi, elle trouve le moyen de ficher en l'air les nouveaux plans hasardeux de Saurva pour piéger Jahy.
Voila qui est amplement suffisant pour amener des dynamiques supplémentaires à l'oeuvre, pour un résultat toujours aussi frais et léger dans son genre. Et même si l'on pouvait éventuellement attendre des évolutions quand même plus marquées, il n'en reste pas moins que l'auteur accomplit l'essentiel, et qu'il parvient encore à nous laisser sur des dernières pages intrigantes.