Goblin Slayer - Roman Vol.1 - Actualité manga
Goblin Slayer - Roman Vol.1 - Manga

Goblin Slayer - Roman Vol.1 : Critiques

Goblin Slayer

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Septembre 2018

Goblin Slayer est une saga dont on risque de pas mal entendre parler dans les prochaines semaines voire les prochains mois. A l'origine, cette série de romans de Kumo Kagyu (sa toute première oeuvre de romancier) est née en publication sur internet, mais elle a vite été repérée par l'éditeur japonais SB Creative, qui a décidé de la publier en grande pompe. La version en tomes papier de ce light novel est alors lancée en 2016... et avant même la publication du premier volume, une adaptation en manga par Kôsuke Kurose était déjà démarrée dans le magazine Big Gangan des éditions Square Enix. Depuis, 3 autres spin-off manga ont déjà vu le jour: en 2017 Goblin Slayer - Side Story Year One, et en 2018 Goblin Slayer Gaiden - Tsubanari no Daikatana ainsi que Goblin Slayer Brand New Day. Notons d'ailleurs que ce dernier spin-off est dessiné par un mangaka déjà bien connu en France: Masahiro Ikeno, l'auteur des mangas Malicous Code (paru chez Komikku) et Red Dragon (publié chez Glénat).


Avec tout ça en seulement deux ans, Goblin Slayer s'impose donc comme l'une des grosses nouvelles licences du moment, et les chiffres en témoignent: au Japon, la saga enregistre déjà plus de 2 millions de ventes. Et ça ne devrait pas s'arrêter avec l'arrivée, cet automne, d'une adaptation en série animée qui sera diffusée en France sur la plateforme Wakanim, et que l'on doit au prestigieux studio White Fox (Steins;gate, Re:Zero, Jormungand...). Autant dire qu'avec l'arrivée de l'anime, le timing était parfait pour publier en France le manga et le light novel de Goblin Slayer. Et les éditions Kurokawa, qui ont raflé la licence, ne s'y sont pas trompées, en lançant les deux formats simultanément en ce mois de septembre. Tandis que le manga rejoint le catalogue habituel de l'éditeur, le light novel, lui rejoint la jeune collection Kuropop, et se paie le luxe d'être le tout premier roman édité par Kurokawa.


Tout commence dans un univers typé RPG/fantasy tout ce qui semble être de plus classique. Tout juste arrivée à la Guilde des Aventuriers, une jeune prêtresse de 15 ans, aussi frêle que mignonne, est désireuse de se lancer dans des quêtes, plutôt que de se contenter des Ordres. Très vite, elle attire l'attention d'un groupe de trois jeunes aventuriers, eux aussi novices: un guerrier, une lutteuse, et une magicienne, avec qui elle accepte de faire équipe. Si la magicienne paraît un peu hautaine et facilement irritable, le jeune guerrier est jovial, et la lutteuse paraît fiable. Assurément, il ne devrait pas y avoir de problème pour leur toute première quête en tant qu'aventuriers, d'autant plus qu'ils ont choisi en première mission le sauvetage de villageoise retenue par des gobelins dans leur tanière ! Vous savez bien, les gobelins, ces créatures faibles, répugnantes, qui sont si souvent la risée dans les bestiaires de fantasy... Mais quand on est inconscient des dangers que peuvent représenter ces immondes créatures, on peut vite le regretter. L'horreur totale s'abat autour de la jeune prêtresse, qui semble complètement perdue... jusqu'à ce qu'apparaisse une ombre, commençant à massacrer tous les gobelins sans difficulté. Entièrement vêtu d'une armure de piètre qualité, se protégeant à l'aide d'un bouclier qui a déjà bien subi nombre de combats, l'homme ne paraît clairement pas impressionnant. Pourtant, il sait comme personne à quel point les gobelins sont une nuisance et peuvent être redoutables à leur manière si on les sous-estime. Son nom ? Goblin Slayer. Le Crève-Gobelin, qui hait ces êtres plus que tout et ne pense qu'à une chose: les exterminer.


En choisissant pour point de départ les débuts d'une petite prêtresse en tant qu'aventurière ainsi que sa toute première quête particulièrement brutale et sanglante, Kumo Kagyu donne très bien le ton. Bien sûr, dès le départ, on devine comment les choses vont tourner, au vu du caractère particulièrement inconscient de ses trois jeunes compagnons sans expérience et sous-estimant le danger. Mais il reste qu'ainsi, on voit très vite, en même temps que la prêtresse, à quel point les gobelins peuvent être terribles. Pas du tout puissants séparément, ils ont pourtant en eux une soif de violence et une haine envers les humains à qui ils font subir les pires choses (viols, tortures... jusqu'à ce que leurs victimes meurent, et souvent uniquement par plaisir), peuvent être redoutables en groupes, ont une excellente vision dans le noir, savent aussi monter des traquenards souvent rudimentaires, mais pouvant être fatals... et ils pullulent. Destinée à devenir un personnage-phare, la prêtresse, de par sa méconnaissance du monde au départ, est un excellent moyen pour le lecteur de se familiariser avec tout ça, avec le fait qu'ici les gobelins ne sont pas que de la pathétique chair à pâté comme dans les autres oeuvres du genre... Et c'est aussi à travers elle que l'on découvre d'abord le Crève-gobelins, un homme qui ne sait que trop bien à quels points ces bestioles sont infâmes. Oh oui, bien sûr, il n'en impose pas forcément avec son armure et son bouclier en mauvais état, mais il sait à quel point il ne faut pas sous-estimer ces créatures, reste toujours prudent, mais sait exploiter les occasions qui se présentent pour les éliminer, échafaude des stratagèmes, prend soin de repérer les pièges pour anticiper... il n'occulte aucun détail, pas même d'abattre les enfants gobelins (car en grandissant ils deviendraient eux-mêmes de terribles nuisances ayant soif de vengeance), ou de prendre garde à ne pas utiliser des armes trop longues dans leurs tanières étroites. Il en résulte donc, très vite, ce qui fait pour l'instant la principale force de la lecture: Kumo Kagyu installe un univers plus réaliste que la moyenne dans le genre, ou même une menace normalement chétive comme les gobelins peut devenir à tout moment un facteur de mort. Ici, les hommes ne sont que des hommes, tout aventuriers soient-ils, et peuvent succomber à tout moment.


Après un début installant efficacement le duo prêtresse/Crève-gobelins, la suite adopte un schéma somme toute très classique, visant à poser petit à petit un univers. On cerne le système hiérarchique des aventuriers (divisés en 10 niveaux d'expérience, de porcelaine à platine, le platine étant extrêmement rare, et notre Crève-gobelins étant de niveau argent, donc très haut), on découvre des personnages récurrents comme l'hôtesse de la, guilde ou la vachère (amie d'enfance de notre héros, dans sa ferme), on a évidemment rapidement l'occasion de découvrir pourquoi le Crève-gobelins hait tant les gobelins au point d'en faire son unique obsession, ce qui découle d'une enfance traumatisante. On constate qu'il est très peu bavard et ne sait pas mentir (il est très clac-clac avec une économie de mots, qu'il se fiche de quêtes importantes (comme une chasse au Roi des démons menaçant le royaume), car il ne prend que des quêtes de massacre de gobelins... et les quêtes de gobelins étant vues comme des tâches particulièrement ingrates, il s'attire les railleries des uns et l'admiration des autres (l'hôtesse en tête, car elle sait bien à quel point les gobelins sont une menace grouillante qui ne s'estompe jamais), mais n'a que faire de tout ceci. On cerne également bien à quel point la Vachère est importante pour lui, entre autres, puis plus tard, au gré de différentes quêtes, l'univers s'enrichit efficacement avec des personnages récurrents de différentes espèces, ainsi que d'autres espèces de gobelins (ogre, baron... ayant leurs propres spécificités). L'auteur parvient ainsi à installer pas mal de choses, tout en entamant quand même une évolution de son personnage principal et de ce que les autres pensent de lui. D'un naturel solitaire, il se met d'abord à s'occuper de la prêtresse, puis accepte de faire équipe avec une elfe, un nain et un homme-lézard (dont les relations ne manquent pas de piquant), se résout même à faire ce qu'on ne pensait pas de lui dans la dernière partie du tome quand une menace plus grande apparaît... C'est bien géré, et chaque quête de ce premier tome a son intérêt, la dernière étant particulièrement intéressante pour ce qu'elle montre dans la collaboration entre différents types d'aventuriers, avec stratégie et réalisme.


L'écriture de Kumo Kagyu est on ne peut plus simple, mais agréable, avec généralement du passé simple, une bonne diversité entre phases de dialogues, petites phases descriptives et phases de pensées... Le style est assez direct, va plutôt à l'essentiel la plupart du temps, ne s'embarrasse pas de superflu, et ça colle plutôt bien à l'ambiance voulue. Qui plus est, Kagyu, lors de certaines scènes particulièrement affreuses (comme le sort de la lutteuse au début...), est généralement plus dans le sous-entendu qui laisse bien deviner les choses, que dans les descriptions brutes qui pourraient être indigestes.


Côté illustrations, Noboru Kannatuki (ou Kannatsuki) livre un très bon travail ! Ses illustrations arrivent toujours au bon moment pour coller à l'action du moment, elles alternent entre focus sur les personnages et petits moments tendus, on y trouve quelques décors de fond en plus des personnages, et les personnages en eux-mêmes ont souvent d'excellents designs. Même si, comme souvent dans les light novels, il y a un côté très manga "mignon" ou "moe" chez les demoiselles.


Au niveau de l'édition, on a droit à un pavé d'environ 300 pages de bonne facture, avec une traduction très soignée de Sandy Julien, et la conservation de toutes les illustrations d'origine. Pour ce premier roman, l'éditeur a toutefois choisi de changer l'illustration de couverture, pour offrir quelque chose de plus mâture et dark que la couverture japonaise avec sa prêtresse toute mignonne. Mais Kurokawa faisant bien les choses, on retrouve quand même l'illustration originale japonaise dans le tome, en guise de toute première page couleur.


Suivant un schéma classique, ce premier volume du light novel Goblin Slayer pose pourtant clairement un univers très intéressant. La volonté de faire quelque de plus réaliste est séduisante, le Crève-gobelin impose quelque chose, la palette de personnages qui s'installe autour de lui est certes assez clichée, mais efficace, l'univers général s'enrichit doucement, mais sûrement... On attend désormais la suite avec beaucoup de curiosité.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs