Gintama Vol.1 - Manga

Gintama Vol.1 : Critiques

Gintama

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Mai 2018

Critique 2
Parmi les hits du Shônen Jump au Japon, il y en a un qui est particulièrement boudé en France : Gintama. Titre mélangeant humour, science-fiction, satire, combats et aventure, le manga de Hideaki Sorachi a une belle carrière à son actif : 72 tomes dans son pays d'origine (le titre étant sur sa fin), une série animée de plus de 300 épisodes (produits par le studio Sunrise, s'il vous plaît), des longs-métrages d'animation, deux films live, sans compter les multiples jeux vidéo et produits dérivés... Gintama est une franchise qui n'a pas à bouder face à d'autres succès du Jump, mais la sauce n'a malheureusement pas pris chez nous, ce qui est malheureusement un refrain pour les œuvres d'un registre gag-manga typiquement nippon, associant humour absurde à la parodie.
Le Japon a été envahi par des extra-terrestres, les Amanto, qui ont interdit le port du sabre et ainsi privé les samouraïs de leur moyen d'action le plus élémentaire.
C'est dans ce contexte que vit Gintoki Sakata, un jeune homme libre et à l'esprit particulièrement relaxe qui refuse d'abandonner son sabre. Shinpachi, un jeune homme vivant de petits boulots pour essayer d'éponger les dettes du dôjo que leur père lui a légué à lui et sa sœur, fait la rencontre de Gintoki et se retrouve directement embarqué dans ses mésaventures. Pourtant, lorsque la sœur de Shinpachi est engagée de force par le créancier pour payer la dette, Gintoki entre en action... Homme à tout faire dans son quotidien, l’ex-samouraï aux cheveux frisés attirera immédiatement la curiosité de Shinpachi, qui décidera de le suivre.
Il est assez difficile de résumer grossièrement Gintama puisque chaque chapitre de ce tome développe une petite histoire qui aura pour effet d'introduire les personnages, schéma très classique dans un shônen de ce genre. Le synopsis proposé ne concerne donc que le premier chapitre, à savoir la rencontre entre Gintoki et Shinpachi.
Un schéma simple, certes, mais un premier tome globalement très prometteur. Sous couvert d'un format typiquement gag-manga, Hideaki Sorachi propose ici un univers qui fourmille d'idées et de personnages, si bien qu'il y a énormément de choses à retenir de ce premier opus. Schématiquement, celui-ci se résume aux différents déboires et missions caractérisant le quotidien de Gintoki et de ses nouveaux camarades de tous les jours, Shinpachi et Kagura, sur un ton très déjanté et par des péripéties allant à 100 à l'heure. Difficile alors de s'ennuyer tant les aventures de ce premier tome sont particulièrement bien rythmées et souvent très drôles, ce grâce aux caractères loufoques de la quasi-totalité des personnages. Un Gintoki un peu détaché, une Kagura totalement je-m'en-foutiste, les membres tous plus loufoques les uns que les autres du Shinsengumi... C'est toute une assemblée de figures délirantes et déjà attachantes qui nous est proposée, un beau programme pour la suite.
Si dans le ton ce premier tome fait office de pur divertissement léger, il n'en garde pas moins d'excellentes idées qui soulèvent des ambitions plus importantes de la part de l'auteur. Car sur quelques points, Gintama ne se contente pas seulement d'être drôle, il instaure aussi un univers particulièrement dense et des éléments de background de personnages beaucoup plus sérieux que ce que ces premiers chapitres nous montrent. Est évoquée, par exemple, la bataille entre samouraïs et Amanto, point d'histoire qui sera rappelé pour caractériser Gintoki qui n'est pas qu'un simple homme à tout faire désabusé. Étant donné sa longueur, le titre a évidemment tout le temps d'exploiter ce point et d'en apporter de nouveaux, ainsi que de développer cet univers et ce Japon anachronique qui joue énormément avec l'histoire de l'époque Meiji et du Bakumatsu, cette période où le Japon s'ouvrit au monde. Forcément, aux yeux d'un lecteur français qui n'a pas ces connaissances de l'histoire japonaise, ces éléments peuvent tomber un peu plus à plat, ce qui n'empêche pourtant pas ce début de récit de briller par ses autres qualités.
Graphiquement, Hideaki Sorachi démontre un style particulièrement maîtrisé. Les traits sont fins et soignés et même si les personnages évolueront physiquement par le style de l'auteur, chacun est très reconnaissable et sa mise en scène sur les séquences humoristiques particulièrement bien pensées.
A noter que ce premier tome ne propose que six chapitres ainsi qu'un one-shot de Hideaki Sorachi : Dandelion. Si apprécier le travail antérieur d'un mangaka reste intéressant, introduire une histoire courte à part dès le premier tome est un choix qui peut faire grincer des dents puisqu'il prend la place d'un autre chapitre qui aurait pu aider encore plus à l'introduction de l'univers et de l'histoire.


Critique 1
En pleine époque Edo, le Japon féodal subit l’invasion d’une espèce extraterrestre : les « amantos ». S’engage alors une lutte entre ces créatures venues d’ailleurs et les samouraïs, éternels gardiens de l’archipel nippon. Les années passent, l’envahisseur prend le contrôle du pays et décrète l’interdiction du port du sabre : les samouraïs, désormais devenus sans utilité, errent à travers le pays, en quête de tâches quelconques afin de survivre. Dans le restaurant d’une de ces vieilles ruelles de la capitale, alors que des amantos s’en prennent à un serveur innocent, ils s’attireront les foudres d’un jeune homme en colère : il leur infligera, sur le champ, une petite correction ! Il ? Lui c’est Gintoki, un samouraï qui a du style. Et il n’était pas content du tout ! Parce que ces extraterrestres venaient tout simplement de troubler son rituel quotidien autour d’un gâteau au chocolat ! Inadmissible ! Surtout que le médecin venait de lui annoncer qu’il faisait de l’hyperglycémie ! Trop de sucre dans le sang ! Seulement, voilà, il est interdit de s’en prendre aux amantos, eux qui règnent désormais en maître sur le monde : la police ne va pas tarder à se pointer et une montagne de problèmes avec. Gintoki le samouraï prend immédiatement la fuite à bord de son… scooter ! Mais bon, pas trop vite non plus, car s’il fait un excès de vitesse, il risque de prendre une amende : pas folle la guêpe. L’aventure Gintama est belle et bien lancée !

D’abord, au cours ce premier tome, le fameux Gintoki fera la rencontre de personnages assez hauts en couleur qui l’accompagneront tout au long de l’histoire.
Un certain Shinpachi le rejoindra en premier lieu : le garçon le plus ordinaire qui soit, binoclard et constamment en train de crier à raison des situations extraordinaires qui s’enchaînent, tout en ayant peur de se faire gronder par sa grande sœur ! D’ailleurs, aidés par Gintoki, ils iront porter secours à celle-ci. Car elle fût réquisitionnée par un étrange personnage afin de travailler dans un bateau-restaurant aérien à un poste de serveuse sans culotte ! Heureusement, c’est sans compter sur l’aide de son nouvel allié Gintoki, lui qui aura l’excellente idée, non réfléchie au demeurant, de voler la première voiture venue, appartenant accessoirement à un policier… juste avant d’enfoncer la vitrine dudit bateau-restaurant, pour rétorquer, en sortant de l’automobile détruite, de ne pas s’inquiéter, car il s’agit d’un véhicule de location !
Une deuxième rencontre tout à fait marquante sera celle d’une jeune fille appelée Kagura : elle est belle, à la peau blanche, porte un parapluie d’époque et vient du clan Yato, l’ethnie la plus forte de l’univers. Comment ? Oui, parce qu’en réalité elle vient d’un autre monde. Un jour, alors qu’elle voulait se rendre sur la planète Terre, elle s’est accrochée à la carlingue d’un vaisseau spatial qui était en train de partir en direction de chez nous ! Puis, bon… elle est super forte, certes, mais qu’est-ce qu’elle mange ! Elle n’arrête pas ! Et Gintoki, ça le ruine : chez lui il ne reste plus que du sel et du sucre…

Mais, d’ailleurs, ce Gintoki, qu’est ce qu’il fait exactement ? Bah, en réalité, comme le métier de samouraï ça marche plus trop en ce moment, à cause des extraterrestres tout çà, il a monté une agence en ville avec une grande pancarte où il est inscrit « Homme à tout faire » : la moindre chose ? Et bien vous l’appelez et, pas de soucis, il s’en occupe : c’est un pro ; par contre il risque d’y avoir un peu de casse, mais bon… à vous de voir quoi. Muni de son sabre il est inarrêtable : en plus, lorsqu’il cri pour faire style, en portant ces attaques dont il a le secret, il ne se souvient pas vraiment du nom des techniques traditionnelles qu’il utilise ; du coup, il modifie leurs appellations et en invente !

On l’aura compris, ce manga, qui fait un carton chez nos amis japonais, est une aventure complètement déjantée, créative, hilarante et pleine de rebondissements : un pur bonheur. L’auteur, s’il maîtrise et utilise allègrement les codes du shonen – notamment  nekketsu – il les tourne, également et constamment, en ridicule ; avec brio. A titre d’exemple, l’agence « Homme à tout faire » pourra être aperçue à l’instar d’une moquerie à l’égard de la technique utilisée par d’autres auteurs – parfois sous la forme d’une guilde – afin de constituer une source intarissable de quêtes qui viendront constituer les différents arcs de la saga. Et, lorsqu’en début de tome, Gintoki mettra un bordel sans nom dans le petit restaurant, il présentera ses excuses : désolé, c’était la scène d’intro me fallait assurer un max et marquer les esprits ! D’ailleurs, si l’auteur manie assurément les codes il n’en maîtrise pas moins le rythme : les moments d’émotion, de tension, de suspense et d’action s’enchevêtrent dans un classique très efficace : car Gintama ce n’est pas seulement des fous rires, mais aussi de l’aventure et tous les ingrédients qui font un excellent shonen : de l’amitié, de l’honneur, de l’émotion,  le dépassement de soit face à l’adversité, et cetera.

Dans ses deux premiers tiers, l’ouvrage, à travers des arcs relativement cours voire chapitrés, introduit les nouveaux alliés de Gintoki et dépeint lesdits personnages susdits à travers de mini-aventures toutes plus délicieuses les unes que les autres. Puis, dans son dernier tiers s’inscrit dans un cycle davantage long faisant écho au passé du protagoniste principal : un malheureux facteur faisant sa ronde habituelle, soudainement pris d’un grave accident, demandera à ce que soit transmis à sa place un colis d’importance : Gintoki et ses deux acolytes se rendent alors à une ambassade extraterrestre afin d’en faire livraison ; et, tandis qu’un garde les aperçoit, soudainement, le colis explose dans un amas de fumé et de flammes ! Détruisant le bâtiment des amantos ! Oh la galère ! Gintoki et sa bande prennent la fuite accusée de terrorisme ! En plus ils passent à la télévision ; mince… c’est pas de bol : Shinpachi à peur que sa sœur le reconnaisse et lui mette un savon ! Encore des problèmes ! Le trait fin de l’auteur possède une véritable personnalité pour un ensemble qui sied parfaitement à l’ambiance. D’ailleurs ce dessin associé à une mise en scène maîtrisée et à un découpage réfléchi sert tout à la fois le dynamisme de l’action que les moments d’hilarité. Aussi le chara-design est très original, qu’il s’agisse du protagoniste principal ou de sa partenaire Kagura : des styles inspirés et reconnaissables arborant des tenues vestimentaires à la fois traditionnelles, singulières et pleines de punch.

L’édition de Kana est de bonne facture et offre un plaisir de lecture intégral. Le papier à la fois souple et fin est agréable. L’ancrage et le lettrage sont à point. Les couvertures sont belles, leurs couleurs très léchées et pleines de panache. On appréciera également les nombreuses traductions en marge de l’éditeur afin d’expliciter certaines spécificités traditionnelles et culturelles nipponnes qui sont souvent consubstantielles à l’œuvre : en espérant que cette pédagogie se poursuive sur le long terme. La traduction de Pascale Simon retranscrit parfois à merveille les effets comiques. Et nous sommes abreuvés, en fin de tome, par l’une des premières histoires de l’auteur publiées sur le Jump : Dandelion. Les afficionados ne bouderont point leur plaisir, tant c’est goûteux ; de surcroît accompagné de plusieurs notes successives de l’auteur. Bref, un petit régal. Pour clore l’étude de l’édition, on remerciera d’avoir sauvegardé, à certains endroits, des onomatopées japonaises qui confèrent un cachet unique à quelques effets de dynamisme ou de points d’intensité.

Un tome d’introduction assez exceptionnel en son genre, qui nous démontre sans mal pourquoi Gintama est un monstre-shonen au Japon ; lequel, lorsqu’il fut publié pour la toute première fois se retrouva en rupture de stock ! Tellement l’éditeur n’avait su voir poindre son succès à l’horizon ! Du très bon shonen.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Alphonse
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs