Gewalt Vol.1 : Critiques

Gewalt - Aoiro Terror x Seishun Graffiti!!

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Octobre 2013

Critique 1


Du cultissime Racaille Blues à Bakuon Rettô qui s'est récemment terminé, en passant par l'inévitable Sun-Ken Rock, le malheureux Worst arrêté en cours de route en France ou Gangking dont on attend toujours la suite, le manga de furyo peut prendre bien des formes : véritable parcours initiatique (Bakuon Rettô), baston pure et dure avec de l'humour (Sun-Ken rock) ou des mises en avant de valeurs essentielles comme l'honneur et l'amitié (Gangking, Racaille Blue...)... Toutes ces oeuvres ont, en tout cas, pour point commun certain une importante longévité. Alors quand on voit débarquer une nouvelle série du genre ne faisant que trois petits tomes, on est forcément intrigué par ce qu'elle a à nous proposer. Dans le cas de Gewalt, première série paraissant en France de Kôji Kôno (qui en a déjà signé plus d'une demi-douzaine), il ne faut pas attendre longtemps avant de cerner les choses : ce qui nous attend, c'est de la baston pure, via le parcours mouvementé et tourmenté d'un jeune garçon qui, en découvrant la rage qui était cachée en lui, va bien malgré lui enclencher une véritable guerre des gangs dans son lycée.

Ce garçon, il s'appelle Ruito, élève dans un lycée un peu particulier, clairement divisé en deux catégories : la section générale réunissant les élèves bien sous tous rapports, dont notre héros fait partie, et la section technique qui regroupe une multitude de voyous, de caïds, de durs entretenant une paix factice entre leurs différents gangs.
Effacé, transparent, Ruito poursuit son quotidien aux côtés de ses amis... Des amis, vraiment ? En réalité, pas du tout : aux côtés de Ruito, les amitiés sont toutes factices, le jeune garçon se contentant de suivre le moule pour ne pas être mis sur la touche. Mais en lui bout une envie de révolte. Lassé de devoir jouer la comédie, il est au bord du gouffre, et le moindre petit choc pourrait désormais le faire exploser. Et ce choc ne tarde justement pas à arriver. Dès lors que des loubards mettent à nu ses plus secrètes passions d'otaku, le voilà humilié et laissé à l'abandon par ses prétendus amis. Il n'en fallait pas plus pour que le jeune garçon transparent décide de laisser éclater sa rage. Un pétage de câble plus loin, le voici déterminé à passer du côté des durs, des violents...

Le manga ne faisant que trois volumes, il faut à Kôji Kôno un démarrage rapide, et c'est exactement ce qu'il nous offre : dès le début, on découvre un Ruito qui est déjà au bord du gouffre, prêt à l'implosion, et auquel il ne manque plus qu'un déclic qui ne tarde pas à arriver. Le récit peut alors très vite s'emballer, pour ne jamais laisser le rythme retomber : tout va très vite, et le rythme effréné happe sans mal le lecteur dans ce qui se dessine comme une véritable spirale infernale au coeur de laquelle Ruito va laisser peu à peu éclater son véritable lui.
Mais on ne devient pas un dur du jour au lendemain, et Ruito en fera l'expérience, en se frottant au gang du club de baseball qui ne va pas manquer de le faire flipper, ou en tentant désespérément d'attirer l'attention de Gurio, loubard perdu seul en section générale, qui semble être à part et se ficher de tout le monde, et qui va vite le remettre à sa place.
Oui mais voilà : malgré les beignes qu'il se prend, les gros coups de flippe face aux grosses brutes du lycée, et son incapacité naturelle à s'imposer, Ruito découvre littéralement un autre univers, dès lors qu'il se laisse aller au pétage de câble. Pour la première fois, il attire l'attention sur lui, y compris celle de la plus jolie fille de sa classe. Pour la première fois, il découvre ce que signifie se battre, y prend rapidement goût en constatant que les coups ne font mal que si on en a peur. Pour la première fois, il se sent vivre. Le chemin sera long pour qu'il devienne un vrai dur, mais l'envie est là, et c'est un tout nouveau monde qui s'ouvre au jeune garçon, qui fait de nouvelles rencontres et sème la zizanie autour de lui, son comportement étant amené à briser la paix factice entre les gangs de son lycée...

Les choses reposent essentiellement sur la dualité de Ruito, partagé entre ses craintes et ses pulsions de plus en plus violentes. Et pour faire ressortir cela, on peut compter sur des dessins au premier abord assez particuliers, avec des faciès exagérés et des yeux exorbités... Des dessins qui se révèlent redoutablement efficaces dès lors que l'action prend le dessus, car ils excellent pour faire ressortir tout le côté branque d'un personnage principal capable de subitement péter des câbles, au détour de doubles pages qui arrivent sans prévenir pour laisser le lecteur estomaqué. Pour s'en convaincre, il suffira de voir la scène où il balance soudainement sa table par la fenêtre, ou celle en fin de tome où il débarque comme un forcené entre les deux gangs. Soyons francs, on a tous eu envie, un jour ou l'autre, pour x raison, de péter une durite comme ça, et voir Ruito passer ainsi de l'autre côté a alors quelque chose de totalement jouissif.
Pour le reste, il faut souligner la violence des coups lors des scènes de baston. Les coups représentés ne sont pas forcément nombreux, mais le mangaka s'applique à bien les faire ressortir, en les figeant via des planches qui en jettent pas mal.

Il y a donc clairement quelque chose dans Gewalt, courte série de baston qui commence sur les chapeaux de roue. Rythme très soutenu, développement rapide et efficace, rendu visuel aussi branque que jouissif... On a hâte de voir quelles évolutions va connaître Ruito, au coeur de cet univers violent dont il a lui-même réveillé les plus ardentes rivalités.


koiwai




Critique 2


« J’ai rien pour moi... Mais bon... Au final, je m’en sors pas si mal comparé aux losers intégraux d’en bas. Des voyous ? Mouais... Disons plutôt de la raclure ». Voilà la manière dont pense Ruito, qui s’échine à rester chez les gens qu’il considère comme « normaux ». Mais cette pensée est amenée à changer à partir du moment où il se fait humilier par deux voyous. Il se fait sauver in extremis par Gurio Anno, un drôle de lycéen gravitant entre voyou et personne à part. A partir de cet instant, notre héros se rend compte qu’il n’a plus de chance de s’intégrer dans l’univers qu’il considérait autrefois comme étant la normalité. Non maintenant, il a trouvé une autre source d’inspiration dans le monde qu’il exécrait jusqu’ici, celui des voyous. Le choix est une chose mais la mettre en pratique est une autre chose. Sera-t-il dès lors trouver sa place avec seulement de la volonté et de l’endurcissement ?

Doki Doki nous propose ici une nouvelle œuvre à trois volumes, on espère donc que cela soit une bonne découverte (on se souviendra notamment de l’excellent Vamos là !), tout en prenant le risque que cela soit une déception sur la fin (on pensera ici à Rex Fabula). Mais ne rechignons pas dès le départ, ce serait tout simplement de la mauvaise foi. Dès le départ, on sent que Gewalt n’est pas une série qui plaira à tout le monde, rien que le dessin et le scénario donnent déjà le ton (de la baston, des jeux de pouvoir, ...). Toutefois, une fois passé outre ses considérations de genre, il faut avouer que Gewalt s’assume dès le début et fixe d’entrée de jeu l’intrigue, qui se trouve être simple et efficace. Ce qui s’avérera comme la vraie force de ce présent opus est l’évolution progressive de la mentalité du protagoniste principal et ce, sans que cela paraisse tiré par les cheveux. Pour seule preuve, Ruito n’est pas du tout doué en combats et cela se confirmera sur les diverses confrontations qui jonchent le tome. C’est juste ses choix et sa psychologie évolutive qui feront la différence, en tout cas jusqu’ici. Le lecteur n’aura donc aucun souci pour s’attacher au héros et à s’immiscer dans le récit. Au niveau de la trame, Kono Koji prend le temps de disposer les différents pions et gangs pour mieux ensuite étoffer les événements à venir, se complexifiant à chaque fois un peu plus, sans pour autant que le lectorat ne s’y perde. En somme, on a affaire à une nouvelle série qui ne va pas par le dos de la cuillère mais qui s’accepte pleinement dans le genre qui l’est et dans son intrigue.

Par contre, ce qui pourrait rebuter en partie les lecteurs est la spécificité du visage des personnages. On n’ira pas jusqu’à dire que c’est moche mais que c’est certainement particulier. Mais si le liseur passe outre ce détail en s’essayant un tant soit peu à l’histoire, celui-ci se rendra vite compte qu’au delà de ce détail, le mangaka sait dessiner le reste (décors, habits, corps, ...) et la tête des protagonistes ne va finalement pas trop mal avec le genre de récit qu’est Gewalt. Sinon au niveau de l’édition, il n’y a pas grands choses à préciser, le papier est de bonne facture et la traduction est fluide et correspond au type du titre. Il n’y a donc plus qu’à croiser les doigts pour que la suite s’avère aussi entraînant que ce premier volume.


titali


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs