Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 09 Janvier 2024
Alors que le conflit entre les homo sapiens et les néandertaliens bat son plein, Taiga se réveille en sursaut, avec de mauvaises nouvelles qui l'attendent: Nakum et ses hommes ne sont pas revenus, et pendant l'assaut Yuka a (encore) été enlevée. Nakum étant l'indispensable chef de la tribu, tout porte à croire que si lui et sa troupe ne reviennent pas, tout le village sera condamné. Voler à sa rescousse est donc la priorité, mais cela doit-il revenir à abandonner Yuka à son sort ?
Deux enjeux très clairs se dessinent alors dans ce volume: retrouver Nakum, et sauver Yuka. Deux objectifs que Kouji Mori, dans l'ensemble, mène plutôt bien, en premier lieu en jouant sur une part d'action, entre certains moments de combat de mêlée suffisamment tendus et, en sorte de petit point d'orgue, un duel de Taiga contre le néandertalien Doucs, ce dernier se révélant assez intéressant puisqu'il serait prêt à se sacrifier pour permettre à Wolff de fuir. Ajoutons à ça d'autres choses comme le besoin de notre héro de retrouver Africa pour l'épauler, et on obtient un déroulement toujours assez divertissant.
Cependant, au-delà de l'action, c'est toujours aux lentes évolutions de ses personnages que Kouji Mori accorde aussi une place importante: on soulignera le rôle nouveau de Ren dont les prises de conscience se poursuivent, le sens du sacrifice d'Arata si la situation en venait à l'exiger... mais c'est surtout Nakum qui, cette fois-ci et fort logiquement au vu des événements, prend la place la plus essentielle. Alors qu'on le sait blessé depuis la fin du tome précédent, le chef de tribu assume toujours autant son rôle en combattant vaillamment en étant mu avant tout par une volonté: protéger les siens. Et dans cette optique, même si l'auteur aborde les choses un peu vite, il y a de quoi rester assez touché par son abnégation pour protéger sa famille, Yuka comprise, et par la place qu'il accorde désormais à Taiga, ce dernier ayant plus que jamais un grand rôle qui l'attend à l'issue de ce tome.
C'est, alors, sur des événements assez forts que s'achève la première partie de Genesis... "Première partie", oui, non seulement parce que ce volume marque un important changement à venir dans l'histoire, mais aussi car l'auteur, au Japon, en a profité pour changer d'éditeur suite à l'arrêt du premier magazine de prépublication de l'oeuvre, l'Evening des éditions Kôdansha. Kouji Mori en a profité pour faire basculer sa série chez les éditions Hakusensha en mars 2023, tout d'abord dans le magazine bimensuel Young Animal (son magazine historique en tant qu'auteur, où il avait déjà publié ses deux précédentes séries longues Holyland et Suicide Island, et pour lequel il conçoit aussi l'histoire de Berserk désormais) puis dans le magazine bimestriel Young Animal Zero. Entre le changement d'éditeur japonais (qui obligera aussi l'éditeur français Vega-Dupuis à renégocier les droits), le passage de l'oeuvre dans un magazine bimestriel ralentissant donc le rythme, et le fait que Mori planche aussi en parallèle sur le manga D. Diver qu'il a lancé au Japon en mai 2023, il faudra désormais être très patient pour découvrir la suite de Genesis, d'autant plus qu'à l'heure où ces lignes sont écrites, aucun tome 12 n'a encore été annoncé là-bas.