Gash Bell!! - Perfect Vol.1 : Critiques

Quelle surprise de voir ressortir "Gash Bell!!" dans un si bel écrin ! Annonce surprise des éditions Meian, succédant d'une certaine manière à la perfect edition de "Karakuri Circus", l'oeuvre de Makoto Raiku a droit à une seconde vie chez nous, après sa première parution aux éditions Kana entre 2005 et 2012, sous le fameux titre "Zatch Bell!".

L'existence de l’œuvre mérite qu'on lui dresse un petit historique. Makoto Raiku, adorateur de Kazuhiro Fujita ayant possiblement été son assistant, lance son manga "Konjiki no Gash!!" dans les pages du magazine Shônen Sunday, en 2001. Une parution qui prend fin en 2008 avec son 33e volume. Entre temps, le titre aura même droit à un anime fleuve en 150 épisodes, produit par le studio Toei, et diffusé entre 2003 et 2006. La série animée nous est aussi parvenue aux éditions Kana bien que partiellement, un destin similaire aux DVD de "D.Gray-Man" et "MÄR"...
Trois ans après la fin de la parution d'origine, entre 2011 et 2012, Kôdansha récupère les droits du manga pour en publier une édition bunkô en 16 volumes. Un changement d'éditeur qui a certainement eu un rôle dans l'arrêt de commercialisation chez nous, Kana étant habitué à entretenir son fond de catalogue, même le plus discret.

Puis, coup de théâtre en 2019, année où le petit éditeur nippon Krakem Comics reprend les droits de "Gash Bell!!" pour en publier une perfect edition (ou kanzenban) en 16 volumes. C'est bien cette version qui a intéressé Meian qui nous offre, de manière inattendue, le manga phare de Makoto Raiku dans sa meilleure édition possible, tandis que l'auteur dessine en indépendant la suite directe de son œuvre, sobrement nommée "Konjiki no Gash!! 2".

L'histoire du manga est d'abord celle de Kiyomaro, un adolescent doué qui vit avec sa mère, mais qui a perdu tout intérêt dans sa vie. À cause de son arrogance liée à son intelligence, il ne fait que se mettre son entourage à dos. Exaspéré, son père envoie un étrange être aider son fils à rentrer dans le droit chemin. Ce petit bonhomme, qui débarque que Kiyomaro en tenue d'Adam, est Gash Bell, et il n'a rien de commun. Le jeune homme prend vite conscience qu'en manipulant un étrange grimoire rouge qui accompagnait l'enfance, il est capable d'exploiter les puissants pouvoirs électrisants de Gash ! Dès lors, la vie entière du garçon commence à changer, et ce dernier se remet à apprécier son existence. Mais le calme est loin d'être revenu dans sa vie : quand la vraie nature de l'enfant est dévoilée, Kiyomaro et Gash se lancent malgré eux dans un véritable affrontement pour décider de l'identité du futur roi des démons !

"Gash Bell!!" est un manga indéniablement ancré dans son époque, celle des années 2000. Un constat fulgurant dès ce premier tome, que ce soit par la patte de son auteur, la fraîcheur de cette histoire qui associe action et humour avec efficacité, ou encore son rythme assez doux qui ne permet d'apprécier les premiers enjeux qu'au bout de quelques chapitres. Alors, quand on shônen fleuve porteur de son époque revient chez nous en 2023, ère où les codes du shônen d'action populaire ont bien changé sur certains aspects, l’œuvre de Makoto Raiku apporte une énergie qui nous manquait, et qu'on aime retrouver avec ce premier ouvrage, sur les 16 qui composeront cette édition.

Avec ce tome de départ, "Gash Bell!!" appelle à notre patience, et à notre capacité de nous poser pour découvrir ses différentes forces qui apparaissent au compte-gouttes. Dans un premier temps, la légèreté prime avec les déboires de Kiyomaro et de Gash, ancrés dans une tranche de vie presque insouciante. Ce n'est qu'après que les choses sérieuses commencent, quand la véritable nature de l'enfant électrique se dévoile, tandis qu'une flopée d'adversaires apparaissent face aux protagonistes.

Mais quand bien même l'intrigue entre dans une dimension plus sérieuse, et démontre un univers démoniaque qui ne demande qu'à être exploité, le récit conserve sa fraîcheur et son authenticité. Pour l'heure, Makoto Raiku ne cherche pas l'épique des confrontations, mais exploite celles-ci pour peaufiner ses objectifs tout en dressant des combats aux enjeux humains avant tout. La sincérité des deux héros est la force indéniable de cet opus premier, l'ensemble s'enrobant dans une candeur touchante et qui fait mouche, alors que se multiplient les rivaux face au duo de choc de la série.
Et parce que la fraîcheur de cette amorce ne vient pas que de cette part innocente, "Gash Bell!!" s'impose déjà comme un récit à l'humour efficace. La comédie prend forme autour des mécaniques fantastiques de l'intrigue, mais aussi par le trait du mangaka qui jouer sur les moments absurdes et improbables, menant à des réactions de personnages purement jubilatoires par instants. Et puisque l'on part de l'art graphique de l'auteur, difficile d'éviter un héritage de Kazuhiro Fujita, par des designs excentriques et anguleux, ce qui n'empêche pas Makoto Raiku d'avoir un cachet qui lui est propre. Son style sied à l'ambiance pure de la série, et gagne en cachet sur les illustrations couleur de la prépublication, présentes dans cette édition. Et parce que son art est déjà efficace, on est déjà curieux de voir comment celui-ci évoluera au cours des 15 tomes suivants.

Typique de son époque, chaleureux et électrisant, porteur de bien des promesses, "Gash Bell!!" offre un début hautement convaincant et qui donne l'envie de se ruer sur le deuxième opus, paru en même temps que ce premier ouvrage. On apprécie découvrir (ou redécouvrir) l’œuvre via le format perfect de Meian, toujours aussi solide, que ce soit par son papier de très belle facture, les pages couleur que nous avons déjà évoquées, ou une couverture aux effets ravissants.

La nouvelle traduction est signée Jean-Baptiste Bondis qui nous offre un texte fort, à la hauteur de la sincérité du titre de Makoto Raiku. Le lettrage est le travail de Florian Monnier, et garantit un bon confort de lecture.