Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 20 Octobre 2017
Onizuka est enfin devenu professeur ! Mais à son grand désarroi, c'est d'une classe de collégiens dont il s'occupe, au sein d'un établissement a priori sans histoires. Mais la fameuse Troisième 4 semble être la classe la plus redoutée par les enseignants, si bien que leur dernière prof principale a perdu les pédales... Pourtant, ce sont des élèves ordinaires en apparence qui se présentent à Onizuka, sur son premier cours. Mais les premiers coups bas ne vont pas tarder à avoir lieu...
Avec ce troisième tome de GTO, nous entrons dans le vif du sujet. Nombreux sont les lecteurs qui savent que les déboires les plus importants du prof en herbe ont lieu par rapport à la fameuse Troisième 4, la série a justement atteint ce stade où la carrière d'Onizuka prendra un tournant majeur.
L'excellente idée de Tôru Fujisawa est de nous prendre à total contrepied sur ce tome. Si les rumeurs quant au caractère infernal de la classe nous sont dictées, l'auteur a évité les gros clichés du genre, notamment la fameuse classe de racailles typique de ce genre de récit, préférant des élèves sans problèmes en apparence, plus fourbes et dont les troubles semblent si profonds que développer cet aspect en un seul tome n'était pas possible. Le Great Teacher doit donc faire face à des coups bas, des montages pornographiques à son effigie affichés sur les murs et autres bassesses, tant de pièges qui ne semblent pas atteindre le prof qui, par ses réactions, se démarque, souvent de manière amusante ! Le cas Murai, qui commence à être bien développé dans cet opus, ne fait pas exception, la véritable guerre que se mène les deux personnages étant aussi survoltée que farfelue.
Par ce traitement, cette sorte de dualité, l'auteur amène doucement l'un des aspects phares du professeur afin de montrer sa maturité : les soucis qu'il développe à l'égard de ses élèves. Dès ce tome, les prouesses qui ont fait d'Onizuka le personnage qu'il est aujourd'hui commencent à avoir lieu. Eikichi devient progressivement ce prof génial, bourrin, mais compréhensif et à l'écoute de ses élèves, le professeur que chacun aurait aimé avoir.
Et outre les faces à face entre Onizuka et certains de ses élèves, le tome donne une toute autre dimension à la série en installant un background solide derrière la fameuse Troisième 4. La classe semble haïr les professeurs et quitte à les pousser au suicide, elle se plait à les pousser hors de l'établissement. Pour le moment, le problème n'est qu'exposé, mais par certaines figures importantes de cette assemblée d'élèves, on comprend d'ores et déjà que Tôru Fujisawa installe une trame plus complexe et que derrière ça, c'est la thématique de la fissure entre la nouvelle génération et les adultes, qui semble chère au mangaka, qui continue de s'installer. Dès lors, GTO démontre son immense potentiel pour devenir une série qui marquera les esprits. Évidemment, cette version étant une réédition et la série actuelle étant terminée depuis belle lurette au Japon, personne n'ignore qu'Onizuka est un Great Teacher qui a désormais marqué bien des esprits, surtout en France suite à la diffusion de l'anime.
La série se déroulant sous forme de succession d'arcs, la fin de tome inaugure une nouvelle partie, de nouveau centrée sur le timide Yoshikawa qui a bien du mal à se défaire de ses bourreaux. L'auteur traite donc ses personnages au cas par cas, de la même manière que le sous-directeur Uchiyamada se voit lui aussi développé et se montrerait presque attachant par l'exposition de sa situation familiale. Mais concernant Yoshikawa, c'est un coup osé dont fait preuve Onizuka, ce qui le place dans une situation délicate, achevant le tome sur un certain cliffhanger. Parfois d'une grande humanité et parfois extrême, le Great Teacher n'en a pas fini de nous surprendre...