Fûka Vol.4 : Critiques

Alors que le groupe est sur le point de donner son premier concert public au lycée, la tension est à son comble. Pas à cause du trac des musiciens, mais parce que les récentes déclarations maladroites de Koyuki ont attisé un vent de haine de ses fans à l'égard de Yû. L'apprenti bassiste doit pourtant prendre son courage à deux mains et monter sur scène, ne serait-ce que pour rendre honneur à tous les efforts consentis ainsi qu'à la confiance que Fûka et les autres lui ont accordée. Dès son apparition, la situation déraille encore plus, le jeune garçon est légèrement blessé, ses soeurs prennent immédiatement sa défense, la bagarre n'est pas loin, et rien ne semble devoir aller. Mais ce serait mal connaître le désir du groupe de faire sa musique, porté par l'entrain d'une jeune chanteuse à la voix d'or. Et quand, en plus, Koyuki elle-même accepte de monter sur scène sur demande de Fûka, tout pourrait changer...

Il y a toujours, à la lecture, quelques facilités propres à Kouji Seo : la sensation que tout s'huile un peu trop bien, la participation facile de Koyuki qui est quand même une star nationale, l'énorme coïncidence que constitue la présence de la star américaine Shelly Hornet... Mais pour le reste, vraiment, l'auteur nous offre des pages vibrantes, qui happent sans mal, et qui marquent un premier point fort dans la série : la consolidation du groupe à travers ce premier concert où chacun montre ses capacités, la tension émotionnelle qui atteint un certain point culminant, car l'auteur a bien préparé les choses (autant côté musique que côté sentimental), et le charme d'une héroïne énergique, enjouée, qui entraîne tout le monde avec elle.

Le début du volume, malgré quelques grosses ficelles habituelles chez l'auteur, marque donc un premier tournant... qui en appelle forcément d'autres, autant musicalement qu'amoureusement. 

D'un côté, le tout jeune groupe , en plus de devoir se trouver un nom, voit déjà sa montée en puissance démarrer avec la promesse de sa participation à de premiers événements. L'osmose semble bien se créer entre les 5 membres du groupe, et Seo parvient à rendre leurs liens assez vivants, notamment par le biais de quelques notes d'humour autour du trio masculin ou d'une méprise de Sara.

D'un autre côté, à l'issue du concert qui a encore accentué les attentes de Koyuki, Yû ne semble plus pouvoir se défiler. Le garçon autrefois si timide a bien changé en peu de temps, et est décidé à poursuivre dans cette voie en affirmant déjà ses sentiments... Quelle sera la réaction de la principale intéressée, et celle de l'éconduite ? Là aussi, Kouji Seo joue vraiment bien son coup, en ne faisant pas traîner les choses inutilement (comme il a pu le faire dans ses précédentes séries, avec d'incessants quiproquos lourdingues), et en soignant bien ses effets émotionnels, aussi classiques qu'efficaces. Une relation démarre, le mangaka nous en fait ensuite vivre les premiers balbutiements d'une façon plutôt jolie... Et, surtout, il en profite pour parfaitement souligner à quel point Fûka a changé la vie de Yû, et vice versa. En l'incitant à commencer, la musique, Yû, a donné un sens à la vie de la jeune fille. Et en lui demandant de rejoindre son groupe, Fûka a permis à l'adolescent de se sortir de sa torpeur, de sa timidité, pour commencer à s'affirmer et à donner une direction à son existence.

Parfois lourd en tournant beaucoup trop autour du pot dans ses précédentes séries, Kouji Seo impressionnerait presque ici, dans la mesure où il condense en un volume tout ce qu'on a toujours voulu voir dans ses oeuvres. Son récit avance très bien, sans détour inutile, avec des moments forts et des émotions bien dosées, à un rythme emballant, et en pouvant compter sur une héroïne lumineuse. La lecture en devient même grisante par instants, tant tout semble bien tourner, surtout pour deux jeunes héros qui semblent avoir tout l'avenir devant eux.

Et pourtant. Au bout d'un volume si emballant, le choc. Des dernières pages soudaines, brutales, cruelles, difficiles à voir venir, changeant complètement de ton, laissant sans voix, et vouées à tout faire basculer. Il est rare qu'on dise ça de cet auteur, mais là, chapeau, tant il a bien su mener les choses pour nous amener à ça, à ce bouleversement qui semble signer le véritable départ de la série et qui nous laisse sur une attente insupportable.

A près ça, on trouve deux petits chapitres bonus, l'un revenant sur l'enfance de Koyuki, l'autre sur l'installation de Fûka avant sa rencontre avec Yû. Celui sur Koyuki est vraiment intéressant, car il montre plus en détail les raisons pour lesquelles la demoiselle tient tant à Yû, qui fut, à une époque, son seul rayon de soleil.