Frankenstein - Classique en manga - Manga

Frankenstein - Classique en manga : Critiques

Frankenstein

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Octobre 2023

A l'approche de Halloween, pouvait-on imaginer meilleure nouveauté que Frankenstein chez nobi nobi! ? En effet, depuis quelques jours, on peut découvrir une nouvelle version manga du roman culte de l'écrivaine britannique Mary Shelly, souvent considéré comme un précurseur de la science-fiction horrifico-gothique lors de sa première parution en 1818, au sein de la collection Les Classiques en Manga. Une collection qui, pour rappel, vise à rendre plus accessibles auprès du jeune public divers chefs d'oeuvre littéraires en s'appuyant sur la popularité et les spécificités du format manga.

Maintes et maintes fois adapté à toutes les sauces, l'histoire de ce roman n'est normalement plus à présenter dans les grandes lignes: quand le talentueux savant Victor Frankenstein arrive à insuffler la vie à un être de sa création qui a été construit à partir de chairs mortes récupérées sur différents cadavres, il se retrouve lui-même horrifié d'emblée par l'apparence sinistre de ce monstre, si bien qu'il préfère abandonner la créature en la livrant à elle-même, elle qui finalement vient à peine de naître. Parvenant à survivre dans la nature, mais systématiquement rejeté violemment par les humains même quand il les approche amicalement (à l'image d'un moment où il sauve une fillette de la noyade et qu'il se retrouve pris pour cible par le père qui croit qu'il veut tuer l'enfant), le monstre en vient à maudire son créateur à qui il n'avait rien demandé, nourri par le désir de vengeance, par la colère et par l’amertume, il entreprend d'éliminer les proches de Victor Frankenstein, afin de lui faire payer son horrible existence...

Dans le flot d'oeuvres adaptant le roman ou s'en inspirant plus ou moins grandement, Liu Linus, le dessinateur américain à qui a été confié ce manga sur la base d'une adaptation M.Chandler, entreprend d'offrir une version rigoureusement fidèle, à la fois dans les textes et dans la construction narrative qu'il reprend très soigneusement, le roman initial ayant effectivement la particularité de se partager en trois segments narratifs enchâssés: tout d'abord un récit-cadre narré par le dénommé Robert Walton qui rencontre un Victor Frankenstein au bout de lui-même lors d'une expédition au Pôle-Nord, puis l'histoire de Victor qui raconte à Walton son périple dramatique depuis la création du monstre sous la forme de deux parties, et enfin, entre ces deux parties, le focus sur le monstre qui, lors de retrouvailles sinistres avec Victor, lui fait part de son parcours chaotique où il fut rejeté par tous (par son créateur en tête) jusqu'à se lancer dans sa quêtes vengeresse. Une construction assez claire et plutôt ambitieuse, qui dynamise efficacement l'oeuvre tout en permettant de traiter correctement chacun de deux principaux visages de l'histoire. Autant dire que Liu Linus a très bien fait de ne pas aseptiser cette narration en en gardant toute l'essence.

C'est sur ces bases que se déroule une histoire sur laquelle nous n'en dirons pas plus afin de ne pas spoiler celles et ceux qui ne la connaîtraient toujours pas, mais où l'on peut tout de même souligner certaines des thématiques-phares autour des progrès et dérives de la science, du rejet par l'être humain de ce qui est différent, de la culpabilité (tandis que Victor est hanté par sa création, le monstre ressent lui aussi un poids dans sa quête de vengeance), ou encore l'identité à travers cette créature qui se demande pourquoi elle a été créée et qui ne trouve aucun sens à son existence. Et pour appuyer tout ceci, le dessinateur livre un rendu visuel tout à fait honnête: les designs humains sont suffisamment expressifs et peuvent parfois être assez denses, celui du monstre est assez bien adapté à un jeune public puisqu'il peut inquiéter sans être excessivement effrayant, les décors sont classiques mais efficaces et bien présents... et même si la mise en scène reste globalement très standard, l'ensemble est limpide, et on voit même à plusieurs reprises Liu Linus tenter des petits éléments plus artistiques dans découpages, angles de vue et perspectives.

Servi dans l'habituelle qualité éditoriale de cette collection (charte graphique immédiatement identifiable pour la couverture, aspect "beau-livre" avec une reliure de qualité supérieure et un signet marque-page, première page en couleurs, bonne qualité de papier et d'impression, présence de quatre pages bonus proposant des recherches graphiques ainsi qu'une présentation de la romancière et de son oeuvre, lettrage propre et traduction soignée de Tomoko Seigneurgens), cette adaptation manga constitue alors une approche tout à fait honnête du roman d'origine pour un jeune public.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs