Forêt des roses (la) - Actualité manga
Forêt des roses (la) - Manga

Forêt des roses (la) : Critiques

Bara no mori ni Ita koro

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Avril 2019

Haruko Kumota a beau posséder sa popularité autant en boy's love que dans d'autres genres, elle reste une artiste trop rare en France (un éditeur osera-t-il un jour publier en France Shouwa Genroku Rakugo Shinjuu, alias Rakugo ou la vie, adapté en un très bel anime en 2016 ?). Mais la collection Hana tend à changer un peu ça: après avoir proposé en février 2017 Shinjuku Lucky Hole qui était à la fois un peu inabouti et ravissant, elle a accueilli en juillet 2018 Bara no mori ni Ita koro, un recueil paru au Japon en mai 2017. Publié en France sous le nom La Forêt des Roses, ce livre regroupe donc 4 des plus récentes histoires courtes de la mangaka.

Un jeune garçon qui vit depuis toujours avec un vampire, et qui entretient avec lui un amour platonique et fusionnel survivant à travers les générations. Un acteur japonais dont le plus gros de la carrière est derrière lui qui accepte de tourner à Monte Carlo avec un jeune premier qui l'admire, pour un film d'auteur qui réservera quelques surprises. Deux fougueux lycéens qui, quand ils ne se font pas la guerre à l'extérieur, se découvrent autrement dans les bains publics. Un jeune employé de bureau fétichiste des jambes qui, en suivant la piste d'un blog, découvre les plus belles gambettes qui soient, là où il ne pensait certainement pas en dénicher.

Telles sont les bases de ces quatre récits qui, d'emblée, ont donc le mérite d'être variées dans leurs sujets... mais pas uniquement dans leurs sujets. En effet, Kumota dévoile une palette de personnages très diversifiés, que ce soit au niveau de l'âge (allant de lycéens et l'acteur mature, en passant par l'employé), des physiques, ou tout simplement des caractères. Mais plus encore, l'autrice brille bien souvent dans les ambiances spécifiques qu'elle apporter à chacun de ses récits. Là où le dernier récit offre une jolie friandise légère autour d'un fétichisme, l'avant-dernier insiste surtout sur un érotisme un peu sulfureux autour de deux héros de caractère. Quant à la deuxième histoire, celle sur l'acteur sur le déclin, elle offre une atmosphère un peu plus posée et chic (tournage de film à Monte Carlo oblige) jouant bien sur les différences entre l'homme mûr qui n'attend plus grand chose de sa carrière et de sa vie amoureuse et l'élégant et doué jeune acteur qui l'admire. Le récit le plus marquant reste toutefois, sans doute, le premier, avec cette histoire entre un jeune garçon et un vampire où Kumota insiste avant sur la découverte du deuxième à travers le premier, le tout en déconstruisant certains mythes autour du vampire, ou en en utilisant d'autres (l'immortalité en tête) de façon magnifique, pour un récit platonique et tendre d'un amour traversant les réincarnations.

La patte visuelle de Kumota, elle, s'est bonifiée et peaufinée depuis Shinjuku Lucky Hole (qui était sortir au Japon en 2012, donc 5 ans avant ce recueil). Plus précis, son trait conserve toute sa finesse et ses envolées, en offrant des personnages pouvant être élégants ou à fleur de peau, mais en qui il y a souvent une certaine sensibilité et des réactions sur l'instant. Ce dessin virevoltant est ben appuyé par un grand soin dans les angles de vue, les découpages, ou les décors quand il le faut (même si Kumota peut aussi donner dans l'épure)

Servi dans une édition satisfaisante (papier épais et souple, impression correcte et sans bavure, traduction soignée de Delphine Desusclade, première page en couleur), La Forêt des Roses est donc un recueil réussi, où Haruko Kumota séduit beaucoup pour la diversité dont elle fait preuve ainsi que pour sa patte visuelle assez reconnaissable et si séduisante.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction