Flow Vol.1 - Actualité manga

Flow Vol.1 : Critiques

Neko ga nishi mukya

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 19 Novembre 2021

Mondialement connue pour sa magnifique oeuvre-phare Mushishi qui fut adaptée en anime, mais également autrice du non moins excellent Underwater - Le Village immergé, la talentueuse Yuki Urushibara est de retour aux éditions Kana (déjà éditeur de Mushishi dans notre pays) en ce mois de novembre, avec sa toute dernière série en date: Neko ga Nishi Mukya (titre que l'on pourrait traduite littéralement par "Si le chat fait face à l'ouest"), une oeuvre qu'elle a lancée au Japon en 2018 dans le magazine Afternoon de Kôdansha (magazine qui avait déjà accueilli Mushishi et Underwater) et qu'elle a achevée au tout début de cette année 2021, pour un total de 3 volumes.

Pour la publication française, Kana a choisi de s'écarter du titre japonais un peu nébuleux, afin d'opter pour un nom plus clair: Flow. Mais qu'est-ce qu'un Flow ? Eh bien, dans l'univers de cette série, cela désigne d'étranges phénomènes, à la fois naturels et surnaturels, qui semblent frapper par-ci par-là au hasard en prenant n'importe quelle forme et en semant la pagaille, de façon toutefois temporaire puisqu'ils sont normalement voués à disparaître au bout d'un certain moment sans avoir de grosse incidence.

Notre histoire commence quand une femme nommée Chima Kondô, envoyée par la mairie, arrive chez Hirota Flow pour y travailler, Hirota Flow étant une toute petite entreprise dont les deux uniques membres, Hirota et "son" chat Shachô, ont pour mission d’estimer l’ampleur d’un Flow, de déterminer autant que possible la durée qu'il devrait avoir, et d'essayer d’en découvrir l'origine pour, quand c'est possible, mettre fin au phénomène. D'emblée, Chima est embarquée par Hirota pour une mission, qui ne sera que la première de toute une série.

Démarrant très vite avec un cas de Flow dès les premières pages, ce premier volume pose un schéma somme toute très simple, où chacun des 6 chapitres composant ce premier volume placera Chima, Hirota et Shachô face à un nouveau phénomène étrange. Et du côté de ces phénomènes, Urushibara démontre dès ce tome 1 (et même dès le chapitre 1) une certaine originalité. Un carrefour qui a vu son nombre de rues passer de 3 à 7, un cerisier qui fleurit abondamment en plein été au lieu du printemps, Shachô qui disparaît dans un "paradis félin", tous les angles d'un quartier (couteaux, bâtiments, etc...) qui s'arrondissent, un miroir que l'on peut traverser à l'infini en atterrissant dans des "mondes parallèles" où tout est inversé, des immeubles qui ont disparu comme si l'endroit avait retrouvé son aspect d'autrefois...

Yuki Urushibara a, en somme, imaginé un concept tout simple avec ces Flow, concept qui lui permet toutes sortes de petites fantaisies tour à tour juste étranges voire fascinantes, amusantes, un peu inquiétantes, ou même potentiellement dramatiques. Les ambiances seront, ainsi, suffisamment variées... Mais l'idée de base permet avant tout une chose à l'autrice: se faire plaisir dans les paysages. Urushibara a toujours adoré mettre les paysages en valeur, choses qu'elle avait déjà excellemment faite à travers les environnements souvent naturels et traditionnels (mais aussi déjà surnaturels) de Mushishi et d'Underwater. Ici, le cadre est plus urbain, mais la dessinatrice s'y régale tout autant, encore plus en y incorporant la part surnaturelle qui lui permet de décupler son imagination, à l'image de ce carrefour aux rues multipliées, de ce quartier où tout les bords se sont arrondis, ou de cet autre côté du miroir où toute la ville est inversée.

Le risque, avec ce schéma et cette envie de dessiner des paysages, était clairement de vite devenir redondant et de manquer d'enjeux. Mais de ce côté-là, l'autrice parvient, petit à petit, à esquisser des enrichissements, en premier lieu grâce à la nature même des Flow, événements tout bonnement incontrôlables, venant toucher la population sans prévenir, et face auxquels il reste difficile d'agir. Ainsi, si nos héros arrivent parfois à trouver l'origine des problèmes et que ces origines sont parfois humaines (à cause de certaines pensées négatives des gens pour x raison, entre autres), d'autres restent inexpliqués. S'il parviennent de temps à autre à mettre fin aux phénomènes, il y en a d'autres où il n'y a rien à faire, hormis attendre que le Flow se résorbe tout seul, le hic étant que cela peut tout aussi bien prendra quelques jours que quelques mois ou des années... Quelque part, les Flow peuvent rappeler les Mushi de Mushishi, de par leur nature assez imprévisible et incontrôlable, impactant plus ou moins fortement la vie des personnes qui y sont impliquées.

Enfin, n'oublions pas les principaux personnages, qui parviennent petit à petit à nous intéresser. Tandis que l'on voit en Hirota un homme assez étonnant avec sa part de nonchalance (agaçant parfois Chima, qui le prend un peu pour un incapable au départ) cachant pourtant un réel talent dans son domaine (surtout estimer la durée des Flow), le félin Shachô séduira les amateurs de ces animaux grâce à son comportement de chat souvent assez typique, alors que lui-même a un rôle essentiel de par sa faculté à détecter les Flow. Enfin, le cas de Chima elle-même est intrigant, car son physique de petite fille de 12 ans (alors qu'elle est adulte) trouve une explication (que l'on vous laisse découvrir) en lien avec les Flow.

Au bout du compte, Flow a déjà de quoi charmer, avec son petit univers, son concept, et sa part d'imagination qui se mettent en place, le tout étant joliment servi par le travail visuel de Yuki Urushibara, en particulier sur les paysages. Autant dire que l'on attendra la suite avec plaisir.

Cette chronique ayant été écrite à partir d'une épreuve numérique, pas d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs