First job, New Life Vol.1 - Actualité manga
First job, New Life Vol.1 - Manga

First job, New Life Vol.1 : Critiques

Gozen Sanji no kiken chitai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 03 Juillet 2020

Après avoir été inaugurée en mai avec le très bon Just Not Married, la récente collection Life des éditions Kana accueille en ce début de mois de juillet sa deuxième oeuvre: First Job, New Life!. Au Japon, cette série finie en 4 tomes a été publiée de 2009 à 2011 dans le magazine Feel Young des éditions Shôdensha, sous le titre Gozen 3-ji no Kikenchitai. Et on la doit à Yôko Nemu, une autrice dont la prolifique carrière dure depuis 2004, et qui n'avait auparavant jamais été publiée en France... Néanmoins, on la connaît tout de même pour un autre travail: on lui doit le character design original de l'excellent film Lou et l'île aux sirènes de Masaaki Yuasa, un film auquel elle a également apporté des idées de design et de scénario, excusez du peu !

Dans sa postface (par ailleurs assez longue et très intéressante), la mangaka précise que cette série est un spin-off d'un autre manga qu'elle a dessiné juste avant: Gozen 3-ji no Muhouchitai, un titre en trois tomes ayant connu un beau succès au Japon, au point d'avoir même été adapté en drama. Et par la suite, un autre spin-off en un seul tome, Gozen 3-ji no Fukyouwaon, a aussi vu le jour en 2011. De ce fait, on retrouve dans les trois séries plusieurs personnages communs, toujours autant de la même société de design, mais rassurez-vous: First Job, New Life! s'avère parfaitement indépendant à la lecture.

La série nous plonge donc au sein de P-design, une agence de design graphique spécialisée dans l'univers du pachinko, ces machines de jeux de billes et d'argent typiquement japonaises auxquels nombre de nippons sont (parfois trop) accros. Tout commence par l'arrivée dans cette entreprise d'une toute nouvelle employée, Tamako Ogura, jeune femme qui vient toute juste de finir ses études. P-design, ce n'était clairement pas son choix idéal, et elle y a même été embauchée un peu malgré elle. Mais elle fera du mieux qu'elle peut pour s'y faire sa place, progresser, apprendre le métier, voire peut-être même tomber amoureuse pour la première fois de sa vie, quand bien même les conditions de travail sont régulièrement loin d'être idéales...

Après la vie de couple dans Just Not Married, la collection Life s'intéresse donc ici à un autre aspect que tout (ou presque) jeune adulte connaît forcément un jour: le premier emploi, et plus largement le milieu du travail. Cela, Yôko Nemu nous le présente à travers une héroïne que l'on se plaît très vite à suivre de par ses spécificités. Car Tama est le genre de femme qui n'entre pas tout à fait dans le moule préétabli: elle n'est jamais tombée amoureuse jusque-là, ne s'est même jamais intéressée franchement à l'amour, à un physique que certains qualifieront de peu féminin et qu'elle ne cherche pas spécialement à embellir avec ses bouclettes courtes, ses lunettes et son absence de maquillage... mais on a surtout ici une battante. Forcément parfois maladroite et inexpérimentée, mais qui ne se laisse pas démonter face aux remarques de tous types (sur son travail, sur sa féminité...), qui s'accroche et qui travaille dur même quand les conditions de travail ne sont pas idéales.

Car c'est bien là l'un des enjeux de ce récit adulte: nous dépeindre une vision du monde du travail assez précise, avec ses potentiels bons côtés (certains collègues semblent tout à fait sympathiques, notre héroïne s'éprend même petit à petit de son supérieur hiérarchique attentionné même si elle peine forcément à comprendre tout de suite ce qu'elle ressent) et, surtout, ses nombreux aléas éprouvants: nombreuses heures supplémentaires faisant qu'il y a dans l'agence un lit si jamais on ne peut pas rentrer chez soi la nuit, houspillements du patron parfois, stage dans une salle de pachinko où notre héroïne ne comprend pas vraiment ce qu'elle est censée apprendre... et, du fait de son statut de femme, pas mal de réflexions apparaissant franchement déplacées notamment sur son manque de féminité (qui n'aura pas envie de mettre des claques à Miyashita ?), mais aussi des formes de harcèlement (trop) ordinaire voire du stalking.

Alors, certes, on peut bien noter quelques petites facilités dans le déroulement (comme Miya qui arrive pile au bon moment au studio de Tama), mais le récit jouit surtout d'un réalisme prononcé dans sa peinture d'un certain milieu du travail, et plus encore quand on est une femme. Sur ce dernier point, il est intéressant (et triste) de voir que, dix ans après sa publication au Japon, la série est toujours autant d'actualité. Pour autant, pas question pour Yôko Nemu de tomber dans des excès alarmiste, bien au contraire: elle se contente de raconter son histoire sur un ton réaliste, sans exagérations, et en s'appuyant sur un style visuel où la pointe d'épure et les lignes fines apportent le dynamisme qu'il faut (ce style est assez typique du magazine Feel Young). Qui plus est, si le contexte et les personnages apparaissent si réalistes, sans doute est-ce aussi parce que Yôko Nemu s'est inspirée de sa propre expérience: elle a elle-même travaillé dans ce type d'agence avant de devenir mangaka, et ses personnages sont très largement basés sur des personnes qu'elle a elle-même côtoyées à cette époque.

Au bout du compte, First Job, New Life! commence très bien, en décortiquant avec immersion et réalisme les premiers pas de cette jeune femme attachante et volontaire dans le milieu du travail.

Côté édition, on notera que Kana a choisi de créer des jaquettes inédites pour la version française. Assez pop, le résultat se veut assez moderne et colle sans doute bien au propos, même si l'on est un peu triste de ne pas avoir les illustrations des jaquettes japonaises, qui étaient fort jolies avec leur petite touche onirique. A part ça, on a un papier fin mais de qualité, une impression convaincante, et une traduction assez efficace de Misato Raillard.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs