Fille du Temple aux Chats (la) Vol.1 - Actualité manga
Fille du Temple aux Chats (la) Vol.1 - Manga

Fille du Temple aux Chats (la) Vol.1 : Critiques

Neko no Otera no Chion-san

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Septembre 2018

Le tout début de l'automne permet aux éditions Soleil Manga d'accueillir une nouvelle série qui s'inscrit dans un registre plutôt rare dans leur catalogue: la tranche de vie. De son nom original Neko no Otera no Chion-san, La fille du temple aux chats est une que l'on doit à Makoto Ojiro, un mangaka que l'on connaît déjà pour le one-shot Nude, paru chez Glénat (et qu'il vaut mieux oublier...). En cours de parution au Japon depuis 2016 aux éditions Shôgakukan, la série semble être la première publiée par Soleil qui provient du magazine Big Comic Spirits, le magazine d'Après la pluie, I am a Hero, Chiisakobé, Dead Dead Demon's DeDeDeDe Destruction, 20th Century Boys, Ping Pong, Asatte Dance... et ça, c'est plutôt une très bonne nouvelle.


Pour Gen Suda, c'est bientôt l'heure de la toute première rentrée au lycée: il s'apprête à passer en seconde. Mais là où nombre d'adolescents préfèrent sans doute rester en ville, lui a fait un choix plus étonnant: même s'il doit s'éloigner de ses amis, et dans un désir de partir le plus loin possible du cocon familial, il a décidé d'aller passer ses années de lycéen à la campagne profonde, et plus précisément chez de la famille très éloignée qu'il avait côtoyée quand il était très très jeune (il n'en a donc pas beaucoup de souvenirs). Arrivé à la gare, il est accueilli dans une tenue qu'il qualifie de "plouc" par Chion Koterasawa, 19 ans, cousine de cousins (il n'a donc aucun sang commun avec elle), et avec qui il va désormais vivre au sien du temple familial, où réside aussi la grand-mère de la jeune fille. Tandis que Chion garde un excellent souvenir de Gen, Gen, lui, va (re)découvrir petit à petit cette cousine éloignée devenue une jolie jeune femme, au gré de moments du quotidien ou de petites mésaventures au sein du vieux temple infesté de chat.


La fille du temple aux chats s'annonce d'emblée comme une pure tranche de vie, avec ce que ça implique: il ne faut pas s'attendre à beaucoup de péripéties, mais plutôt à un récit quotidien ponctué de petites découvertes sur les uns et les autres, sur le cadre... avec une atmosphère qui se veut plutôt calme, voire parfois un peu contemplative. Dès le début, on se laisse facilement porter, en même temps que Gen, dans les premières découvertes sur son nouveau lieu de vie, tout d'abord avec Chion en guide. Un temple plutôt délabré et vieillot, mais conservant son authenticité, les toilettes dans une cabane à l'extérieur, les nuits sombres, une seule télé qui est dans la chambre de la grand-mère... On apprend aussi qu'à notre époque s'occuper d'un temple en campagne ne suffit plus pour vivre, et que cela impliquera peut-être des décisions difficiles pour le futur... Assurément, c'est un tout nouveau mode de vie qui attend le nouveau lycéen. Et Makoto Ojiro s'applique beaucoup à retranscrire ce lieu dans les détails, en choisissant souvent des angles de vue qui permettent de mettre en avant ses recoins, si bien que l'endroit paraît vite assez familier, et que l'on peut si sentir bien malgré son aspect vieillissant.


Au-delà du cadre en lui-même, l'auteur installe aussi des petites "moeurs" sans doute bien éloignées de ce que Gen connaissait avant: ici chacun s'occupe de ses couverts, il faut faire sonner la cloche du temple 2 fois par jour... sans oublier différentes autres tâches que l'adolescent n'aurait pas l'occasion de voir en ville. Au gré des premiers instants de sa nouvelle vie, il pourra aussi entrer en contact avec d'autres personnes du coin, comme la caractérielle Yoko Hiruma, une future camarade de classe, ou tout simplement les autres pensionnaires du temple: la grand-mère, Ten-chan le chien qui a une bonne bouille, mais qui aime bien mordre, et les félins qui offrent leur nom au manga: les chats sont ici omniprésents, mais jamais envahissants. Loin d'être réellement sur le devant, ils sont simplement là, partout, on peut en croiser ici et là, les observer, voire s'amuser à les repérer... quand, toutefois, ils ne font pas quand même quelques petites bêtises. On sent qu'ils occupent complètement les lieux, et ils contribuent discrètement, mais assurément à l'ambiance agréable du tome.


Mais il y a surtout, l'autre personnage qui donne son nom à la série: la fille, Chion, que Gen aura tout le loisir de découvrir ou de redécouvrir par petites touches, en étant en contact avec elle au quotidien. Il pourra éventuellement se remémorer quelques vagues souvenirs lointains de celle qu'elle était toute petite, constater qu'elle n’a rien perdu de son côté farceur, apprendre qu'elle ne va pas à la fac et qu'elle veut rester au temple... Chion est aussi une jeune femme au look de campagnarde, aux vêtements peu sexy, et s'appliquant dans les tâches quotidiennes avec application et sans se soucier de son apparence. Elle a quelque chose de naturel et d'authentique... mais cache aussi, derrière son allure, une réelle beauté, un charme qui, par moments, ne peut que titiller l'adolescent qu'est Gen.


Si l'on devait faire un léger reproche à Makoto Ojiro, ce serait peut-être, visuellement, d'insister parfois un tout petit peu trop sur certaines parties du physique de Chion, qui a clairement ses charmes sous son vieux pantalon. Bien sûr, c'est agréable à l'oeil et ça représente bien ce que l'adolescent Gen peut lui-même penser en voyant la demoiselle. Mais juste que sur certaines pages, les plans sont un peu trop insistants. Cela dit, ça n'enlève rien au charme des dessins, qui opère très bien. En plus d'une héroïne gentiment en valeur et d'angles de vue souvent très bien choisis, soulignons le sens du détail que l'auteur apporte à ses décors, omniprésents. On sent parfois un peu trop que ceux de la campagne extérieure au temple viennent de photos, en revanche ceux dans l'enceinte du temple sont très souvent excellents.


Sur ce premier volume, l'auteur installe bien une tranche de vie séduisante, que ce soit dans son ambiance, son cadre ou ses personnages. On se laisse très facilement porter aux côtés de Gen dans son nouveau quotidien, la seule condition étant d'aimer ce genre de tranches de vie plutôt paisible.


L'édition française bénéficie d'une très bonne traduction de Florent Gorges, bien dans l'ambiance et fluide. En revanche, on regrettera un papier un petit peu fin, parfois un peu transparent, ainsi que quelques problèmes de moirage sur certaines pages. Ce n'est pas catastrophique, mais ça aurait pu être beaucoup mieux. Extérieurement, la jaquette française est fidèle à l'originale japonaise, et l'éditeur a imaginé un logo-titre sobre qui ne dénature rien.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs