Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 17 Février 2025
Azusa Shimizu, collègue de Taku qu'il trouve parfois épuisante (rappelons qu'il est anthropophobe) mais qui semble dans une situation assez similaire à celle de Megumi, a invité nos deux personnages principaux à venir manger dans son petit foyer familial, avec tant d'insistance que le jeune homme s'est senti incapable de refuser. Une nouvelle expérience s'ouvre alors pour ces deux-là: une incursions au sein d'un sympathique couple qui est dans une situation semblable à la leur. Ainsi découvre-t-on mieux, en même temps que Taku et Megumi, Azusa et ses troubles, son époux Kôsuke qui tâche soigneusement de l'accompagner, et leur fils de 5 ans Makoto qui a lui-même des difficulté à s'exprimer. Alors que nos deux protagonistes craignaient cette soirée, ils pourraient bien en ressortir riches de nouvelles choses, avec des perspectives inédites en tête... et cela, même si ce petit événement a priori anodin mais si spécial pour eux réveillera aussi certains de leurs tourments.
Ainsi, même si Megumi parvient à s'ouvrir un peu à Azusa d'une manière touchante, la situation familiale des Shimizu réveille également en elle, inévitablement, ses vieux démons du passé qui ne peuvent pas s'oublier en si peu de temps, d'autant plus que la jeune femme apprendra une nouvelle importante sur son père. Quant à Taku, voir Megumi ouvrir son coeur à Azusa lui fait prendre conscience de certaines choses, derrière les bienfaits évidents d'un tel moment: il pourrait exister des personnes plus à-même que lui pour réconforter et accompagner la jeune femme, et se demande s'il sera capable de la laisser voguer ailleurs si un jour Megumi souhaitait suivre une de ces personnes.
Dans tous les cas, on ressent bien les troubles qui continuent d'occuper l'esprit des deux protagonistes... et, surtout, leurs efforts pour continuer d'avancer et de se porter mutuellement de l'avant. Malgré les moments où il est impossible de partager leur souffrance, et même si ce n'est pas en seulement quelques mois qu'ils pourront efface les 18 ans de cauchemar de la jeune femme, ils continuent leurs efforts au jour le jour car c'est tout ce qu'ils peuvent faire, et ils le font avec attachement au gré de différents moments: leur travail qui leur permet plus ou moins de joindre les deux bouts, les petites discussions avec Takamatsu qui semble avance aussi de son côté, la volonté de Megumi d'avoir une responsabilité à la maison et de se sentir égale à égal avec Taku... sans oublier les observations attentives du jeune homme, ainsi que ses réflexions sur certaines choses (par exemple sur la hiérarchie sociale qui existe inévitablement), et les petites discussions franches de ces deux-là sur certains points de leur vie commune et de leur relation, ne serait-ce que leur rapport au sexe et à la nudité où ils tâchent d'avancer à petits pas sans se brusquer.
Dans l'immédiat, on ne posera juste quelques questions sur la scène avec le dénommé Ryûnosuke, le fils de la propriétaire qui semble avoir une vision des femmes très spéciale et franche, cette séquence semblant jetée un peu à l'arrache au milieu du récit sans qu'on en saisisse tout l'intérêt pour l'instant. Mais hormis cela, on reste sur une lecture au fil de laquelle Souhachi Hagimoto dégage encore beaucoup du sujet forts dans l'abord de ses personnages, qu'il prend soin de décortiquer avec réalisme.