Fallen Zeus - Le Dieu Suprême et l'esclave Vol.1 : Critiques

Ochibure Zeus to Dourei no Ko

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 22 Octobre 2024

Depuis ce mois d'octobre, la collection Genki des éditions nobi nobi! nous propose de découvrir une épopée mythologique avec Fallen Zeus - Le Dieu Suprême et l'esclave. Cette série est signé Ei Ohitsuji, mangaka déjà connue en France aux éditions Meian Though I Am an Inept Villainess, lui aussi ancré dans un contexte d'inspiration historique/mythologique. Elle est prépubliée au Japon depuis 2022 sous le titre Ochibure Zeus to Dôrei no Ko dans le magazine shôjo Nemuki+ d'Asahi Shimbun, un magazine bien connu chez nous pour avoir notamment accueilli un paquet d'histoire de Junji Ito.

Cette histoire nous plonge dans une époque lointaine, à savoir la Grèce d'il y a environ 2500 ans. C'est là que Tyet, un enfant esclave d'origine égyptienne, exerce ses fonctions après avoir été séparé de ses parents et de son pays. Entre son maître qui le traite plutôt bien pour un esclave, et son jeune "collègue" et ami Lugal qui attire tous les regards par sa très grande beauté, Tyet ne se sent pas forcément trop à plaindre, malgré ses droits très limités puisque les esclaves n'étaient pas considérés comme des humains à part entière, et malgré son grand rêve de retourner un jour en Egypte. Il ne se doute alors pas que deux terribles événements vont bouleverser sa vie: tout d'abord la découverte du véritable rôle qu'a Lugal auprès de leur maître, et surtout l'arrivée, dans un contexte de guerre d'Athènes contre Sparte, d'une épidémie de peste qui va forcément faire des ravages. C'est dans ce contexte marqué par des épreuves douloureuses que des prières désespérées de Tyet vont provoquer l'impensable: un sceau présent en lui se brise en libérant... Zeus en personne ?! Voici effectivement longtemps que le dieu suprême de l'Olympe avait été emprisonné par ses propres enfants Athéna, Apollon, Arès et Artémis, afin de protéger le monde de son comportement arrogant et tyrannique. Désormais libéré mais sans pouvoir après des siècles passés à partager les enveloppes corporelles de différents humains sans pouvoir faire quoi que ce soit, celui-ci va devoir collaborer avec le jeune esclave pour essayer de regagner son trône voire de se venger de ses propres enfants. Mais cela ne se fera pas sans contrepartie: Zeus n'ayant plus le moindre pouvoir, il lui faudra compter sur Tyet qui a ses propres désirs: sauver Lugal et retourner en Egypte !

Vous l'aurez largement compris: ici la mangaka exploite la mythologie grecque. Et même si elle se fait un plaisir de la réinventer via ce que les enfants de Zeus ont fait subir à leur père, elle tâche également de rester fidèle aux grandes lignes concernant les personnages mythologiques qu'elle exploite, ceux-ci restant soigneusement présentés, y compris celles apparaissant plus tard dans le volume comme Asclépios, le dieu "serpent" de la médecine. Mine de rien, ce début de série pourrait être vu par un jeune public comme une porte d'entrée divertissante dans la mythologie grecque, voire aussi dans l'Histoire grecque puisque la mangaka évoque aussi avec soin et fidélité (même si c'est rapide) le contexte de la Guerre du Péloponnèse et de la Peste d'Athènes, ou encore la condition des esclaves à l'époque, en plus de parsemer son récit de diverses petites informations annexes (y compris dans les pages bonus de fin de tome). Et puisque l'on parle de la condition d'esclave,soulignons aussi tout de suite une chose: si l'oeuvre a été placée dans la collection Genki qui se consacre à des séries plutôt orientées pour des adolescents assez avancés, ce n'est pas pour rien car il est question ici, dès les toutes premières pages, de sujets assez délicats qui étaient une réalité à l'époque (en tête, des relations sexuelles avec des esclaves très jeunes, clairement sous-entendues, même si rien n'est montré).

Assez immersif, ce cadre mythologique et un peu historique n'est donc pas là juste pour faire beau et a une réelle utilité pour le début d'une intrigue d'ores et déjà assez prenante: en plus d'être joliment dessiné, Fallen Zeus se veut assez rythmé, entre une première partie introductive qui est très claire, qui pose bien les principaux personnages et leurs liens, et qui s'achève au bon moment pour lancer l'intrigue, puis une deuxième partie où l'heure est déjà venue pour Tyet (et pour Zeus caché en lui) d'effectuer de premières missions pour éventuellement grimper des galons, faire ses preuves, voire déjà rencontrer certaines autres figures divines essentielles à l'intrigue. L'ensemble est plutôt bien mouvementé, y compris via certains personnages secondaires apportant une vivacité et un intérêt supplémentaires chacun à sa manière,et surtout grâce à un personnage principal assez battant et tâchant de faire la part des choses malgré ses douleurs, ne serait-ce qu'envers le docteur Syméon su enfermé dans ses préjugés sur la médecine et sur les esclaves. Si bien qu'à l'arrivée, une question se pose: et si Tyet, au-delà de la mission qu'il doit accomplir au sujet de Zeus, était apte à bouleverser les mentalités de son époque ?

Tout ceci contribue à faire de ce premier volume une petite réussite ! L'intrigue se met bien en place avec beaucoup d'application, l'aspect mythologique/historique est loin de n'être qu'un faire-valoir, la galerie de personnages est prometteuse, c'est joliment gratté, les rebondissements sont déjà bien présents sans que ce soit précipités... Il y a donc de belles promesses dans cette qui est,en plus, proposée dans une édition convaincante: illustration de la jaquette fidèle à l'originale japonaise, logo-titre très bien pensé par Tom "spAde" Bertrand pour coller au thème de l'oeuvre, papier souple et assez opaque, impression très correcte, adaptation graphique convaincante de Studio Charon, et traduction très claire et naturelle de la part de Fédoua Lamodière.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs