Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 28 Avril 2022
L'isekai est un genre très populaire en ce moment, un peu à l'instar du survival game il y a quelques années, aussi certains éditeurs font ces œuvres un frai filon, donnant une part d'identité à leur catalogue. C'est le cas de Meian qui tente de brasser le genre sous des tons variés, aussi l'éditeur propose régulièrement de nouveaux mangas isekai, bien souvent des adaptations de light novel tant ce format est un véritable vecteur de scénarios de ce registre.
Lancé chez nous le 21 février 2022 avec la parution simultanée de ses deux premiers volumes, Failure Frame est le manga de Shô Uyoshi et Keyaki Uchuiuchi, lancé en 2019 dans la revue Comic Gardo des éditions Overlap, et comptant 5 volumes au Japon à ce jour. Il s'agit de l'adaptation du roman Hazure Waku no [Jôtai Ijô Skill] de Saikyô ni Natta Ore ga Subete wo Jûrin Suru écrit par Kaoru Shinozaki et illustré par KWKM, en cours depuis 2017 et comptant actuellement 8 tomes. Autant dire que l'adaptation manga a de beaux jours devant elle, puisqu'il faut généralement quelques opus pour retracer un volet du roman d'origine.
Dans Failure Frame, ce n'est pas un personnage mais bien une classe antière qui se trouve transportée dans un autre monde où chacun est doté d'une capacité selon son rang. Tôka Mimori, élève plus que discret au point de se considérer comme un PNJ, écoppe de la pire classe possible. Immédiatement mis de côté par ses camarades, il est même mis au rebut par la déesse qui les a invoqué, dans un lieu hostile où sont jetés les laissés pour compte. Seulement, Tôka dispose quand même d'une capacité, celle de manipuler les altérations d'état. Secondaire à première vue, ce pouvoir pourrait être bien utile et destructeur, s'il est utilisé intelligemment. Dès lors, Tôka entame une aventure pour prendre sa revanche.
A partir de l'idée de l'invocation dans un autre monde, Failure Frame propose un postulat qui peut apporter un poil de fraîcheur pour un lecteur ne connaissant qu'une poignée de titres du genre. Ici, le héros ne cherche pas la grande aventure, et l'enjeu ne consistera pas à montrer sa rencontre avec un univers garni de nouveaux codes. Non, ce que veut Tôka, c'est la revanche, celle d'avoir été jeté tant par ses camarades que par une déesse dont il aimerait faire la peau. Afin qu'il accomplisse sa quête, le récit devait lui trouver une aptitude un poil originale. Aussi, c'est la carte allant à l'inverse du don exceptionnelle qui est jouée, celle d'un pouvoir a priori anodin que nous même, dans un RPG, on aurait tendance à laisser de côté : Celle des altérations d'état. Après tout, qui dans Pokémon ne privilégie pas les techniques offensives plutôt qu'un « Hypnose » ?
Et aussi simple que soit le concept, force est de constater que Shô Uyoshi et Keyaki Uchiuchi l'exécutent de belle manière. Par une narration extrêmement vive et un pouvoir du héros dont l'extrême simplicité cache une ingéniosité toute aussi évidente, les auteurs aboutissent à un récit dynnamique et qui se lit sans aucun déplaisir. La petite force de Failure Frame, un pièce dans lequel tombent d'autres récits, c'est de ne pas insister outre mesure sur les mécaniques du monde dans lequel le héros a été projeté. On comprend les inspirations vidéoludiques de cet univers par le dessin, alors pas besoin de mille et un discours pour nous expliquer les statistiques, les capacités ou l'expérience que peut remporter le héros en combat. Tout ça, on le comprend visuellement, permettant au récit de ne pas avoir à tout décortiquer, évitant ainsi une narration aussi lourde que superficielle.
Par ce début d'aventure, les premières situations complexes dans lesquelles se trouve Tôka s'apprécient sans mal, avec un bon degré d'intensité, mais malheureusement par un héros qui tombe parfois dans la caricature du genre. Néanmoins, il parvient ponctuellement à trouver une certaine nuance, voire même à nous toucher comme c'est le cas pour le climax de ce premier tome où il est question de sauver les âmes damnées. On ne s'attendait pas forcément à cette pointe d'émotion dans un récit qui cherche à aller dans la violence psychologique, par différents points de vue, aussi la proposition est plus que bienvenue.
Mais on sent bien que ce premier opus n'est qu'une amorce, et que Failure Frame est un titre voué à aller plus loin, voire même à planter plus d'épique qu'il n'y paraît à première vue. Ainsi, le petit focus sur une jolie elfe anonyme (qui apparaît même sur le visuel de couverture) ne laisse aucun doute sur son rôle à venir, y compris pour une camarade de classe du héros, elle aussi victime de la violence de leur groupe. La conclusion du tome tease d'ailleurs ces destins qui se croiseront pour mener « l'ère de la révolte » dans ce monde, ce qui place un bel intérêt pour la suite du titre.
Concernant l'édition, Meian livre une jolie copie, avec les qualités de fabrication qu'on connaît chez l'éditeur, tandis que le lettrage de Genki Design assure le confort de lecture et que la traduction de Marina Bonzi (corrigée par Juliette Lemaitre) sait retranscrire les différentes ambiances de ce premier opus, y compris les plus excessives.
Lancé chez nous le 21 février 2022 avec la parution simultanée de ses deux premiers volumes, Failure Frame est le manga de Shô Uyoshi et Keyaki Uchuiuchi, lancé en 2019 dans la revue Comic Gardo des éditions Overlap, et comptant 5 volumes au Japon à ce jour. Il s'agit de l'adaptation du roman Hazure Waku no [Jôtai Ijô Skill] de Saikyô ni Natta Ore ga Subete wo Jûrin Suru écrit par Kaoru Shinozaki et illustré par KWKM, en cours depuis 2017 et comptant actuellement 8 tomes. Autant dire que l'adaptation manga a de beaux jours devant elle, puisqu'il faut généralement quelques opus pour retracer un volet du roman d'origine.
Dans Failure Frame, ce n'est pas un personnage mais bien une classe antière qui se trouve transportée dans un autre monde où chacun est doté d'une capacité selon son rang. Tôka Mimori, élève plus que discret au point de se considérer comme un PNJ, écoppe de la pire classe possible. Immédiatement mis de côté par ses camarades, il est même mis au rebut par la déesse qui les a invoqué, dans un lieu hostile où sont jetés les laissés pour compte. Seulement, Tôka dispose quand même d'une capacité, celle de manipuler les altérations d'état. Secondaire à première vue, ce pouvoir pourrait être bien utile et destructeur, s'il est utilisé intelligemment. Dès lors, Tôka entame une aventure pour prendre sa revanche.
A partir de l'idée de l'invocation dans un autre monde, Failure Frame propose un postulat qui peut apporter un poil de fraîcheur pour un lecteur ne connaissant qu'une poignée de titres du genre. Ici, le héros ne cherche pas la grande aventure, et l'enjeu ne consistera pas à montrer sa rencontre avec un univers garni de nouveaux codes. Non, ce que veut Tôka, c'est la revanche, celle d'avoir été jeté tant par ses camarades que par une déesse dont il aimerait faire la peau. Afin qu'il accomplisse sa quête, le récit devait lui trouver une aptitude un poil originale. Aussi, c'est la carte allant à l'inverse du don exceptionnelle qui est jouée, celle d'un pouvoir a priori anodin que nous même, dans un RPG, on aurait tendance à laisser de côté : Celle des altérations d'état. Après tout, qui dans Pokémon ne privilégie pas les techniques offensives plutôt qu'un « Hypnose » ?
Et aussi simple que soit le concept, force est de constater que Shô Uyoshi et Keyaki Uchiuchi l'exécutent de belle manière. Par une narration extrêmement vive et un pouvoir du héros dont l'extrême simplicité cache une ingéniosité toute aussi évidente, les auteurs aboutissent à un récit dynnamique et qui se lit sans aucun déplaisir. La petite force de Failure Frame, un pièce dans lequel tombent d'autres récits, c'est de ne pas insister outre mesure sur les mécaniques du monde dans lequel le héros a été projeté. On comprend les inspirations vidéoludiques de cet univers par le dessin, alors pas besoin de mille et un discours pour nous expliquer les statistiques, les capacités ou l'expérience que peut remporter le héros en combat. Tout ça, on le comprend visuellement, permettant au récit de ne pas avoir à tout décortiquer, évitant ainsi une narration aussi lourde que superficielle.
Par ce début d'aventure, les premières situations complexes dans lesquelles se trouve Tôka s'apprécient sans mal, avec un bon degré d'intensité, mais malheureusement par un héros qui tombe parfois dans la caricature du genre. Néanmoins, il parvient ponctuellement à trouver une certaine nuance, voire même à nous toucher comme c'est le cas pour le climax de ce premier tome où il est question de sauver les âmes damnées. On ne s'attendait pas forcément à cette pointe d'émotion dans un récit qui cherche à aller dans la violence psychologique, par différents points de vue, aussi la proposition est plus que bienvenue.
Mais on sent bien que ce premier opus n'est qu'une amorce, et que Failure Frame est un titre voué à aller plus loin, voire même à planter plus d'épique qu'il n'y paraît à première vue. Ainsi, le petit focus sur une jolie elfe anonyme (qui apparaît même sur le visuel de couverture) ne laisse aucun doute sur son rôle à venir, y compris pour une camarade de classe du héros, elle aussi victime de la violence de leur groupe. La conclusion du tome tease d'ailleurs ces destins qui se croiseront pour mener « l'ère de la révolte » dans ce monde, ce qui place un bel intérêt pour la suite du titre.
Concernant l'édition, Meian livre une jolie copie, avec les qualités de fabrication qu'on connaît chez l'éditeur, tandis que le lettrage de Genki Design assure le confort de lecture et que la traduction de Marina Bonzi (corrigée par Juliette Lemaitre) sait retranscrire les différentes ambiances de ce premier opus, y compris les plus excessives.