Evol Vol.9 - Manga

Evol Vol.9 : Critiques

EVOL

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 18 Septembre 2025

Ayant enfin compris toute la douleur qu'Akari a endurée seule pendant beaucoup trop longtemps, Sakura et Nozomi se sont précipités à la poursuite de leur amie qui semble déterminée à aller détruire l'usine de produits chimiques et, par la même occasion, la ville de Hiiragi. Mais tandis que l'ensemble de l'agglomération est évacué dans un certain chaos où quelques visages comme le maire brillent toujours par leur égocentrisme, les trois EVOL se voient chacun attaqués par un héros différent, ces héros semblant bien décidés à les empêcher de se réunir. Les adolescents devront donc d'abord en découdre avec ces figures héroïques, mais ont-il la moindre chance au vu des pouvoirs incroyables de leurs adversaires ? Et même si Sakura et Nozomi, contraints de fuir face à leurs ennemis, finissaient par s'en sortir, ont-ils encore la moindre chance d'atteindre Akari ? En effet, cette dernière n'est plus elle-même. Marquée par beaucoup trop d'années de souffrance et de solitude, elle a vu grandir en elle son fameux ami imaginaire M. Lapinoir, son seul soutien psychologique pendant des années, qui a désormais pris une place immense au point de vouloir la remplacer...

Alors que sa série ne nous lâche pas depuis ses débuts, Atsushi Kaneko a pourtant su encore l'intensifier depuis quelques volumes, et ce neuvième opus de l'oeuvre est un peu le point culminant de toute cette folle intensité. Sur le plan de l'action pure, l'auteur régale à travers la course poursuite urbaine des EVOL pour échapper aux héros qui veulent les tuer, ces héros ayant ici des pouvoirs incommensurables (faire s'évaporer toute chose rien qu'avec son souffle, wow) auxquels ils doivent répondre avec autant d'ardeur et d'abnégation que possible. Et cette ardeur ainsi que cette abnégation, Sakura et Nozomi en auront également besoin s'ils veulent avoir la moindre chance de sauver Akari face à M. Lapinoir, déterminé à garder la jeune fille pour elle et à faire exploser l'usine de produits chimiques.

Mais derrière l'action pure, c'est toujours le message de l'auteur qui prime et qui, ici, brille de manière plus forte que jamais, par bien des aspects.
D'un côté, on ne peut que constater que les héros lancés à la poursuite des EVOL sont bien plus meurtriers que les adolescents qu'ils poursuivent, à l'image de cette héroïne faisant s'évaporer sans sourciller les immeubles et les gens sur son passage, en poussant toujours à se questionner sur leur sens tout relatif de la justice, et sur la notion de justice elle-même.
De l'autre côté, toute la symbolique que dégage M. Lapinoir, en tant que représentation de tous les traumatismes les plus noirs d'Akari, est d'une puissance rare, car si l'idée n'est pas forcément nouvelle, elle est ici exploitée à fond, dans ses extrêmes limites, y compris sur le plan graphique: voir la jeune fille comme emmurée et perdue dans un abyssal vide noir a quelque chose d'à la fois cauchemardesque et déchirant, tant cela cristallise bien l'idée de solitude et d'abandon que l'adolescente peut ressentir depuis toutes ces années.
Enfin, au centre de tout ça, il est surtout question du lien qui unit les trois jeunes protagonistes de la série. Avec émoi, Kaneko sait mettre en avant cette relation de bien des manières, entre la détermination de Sakura et de Nozomi pour extirper Akari de ses fantômes et ne plus répéter leurs précédentes erreurs, la volonté d'Akari elle-même de se sortir de ses démons cristallisés par M. Lapinoir, les quelques notes nostalgiques où ces trois-là chérissent l'époque plus insouciante où ils se sont rencontrés et ont créé EVOL sans se douter de la proportion que ça allait prendre, et le symbolisme qu'il y a dans leur désir de se retrouver non pas pour tout détruire bêtement mais bien pour se soutenir et affronter ensemble leurs souffrances intérieures... quitte, pour ça, à devenir ceux qui empêchent l'usine et la ville d'être détruite, sous l'oeil hagard des habitants évacués qui semblent prendre conscience de beaucoup de choses.

On ressort alors du neuvième volume d'Evol estomaqué, ébouriffé et touché par l'intensité et la justesse de tout ce que le mangaka propose, le tout en s'appuyant toujours sur son travail graphique plus abouti que jamais. A l'aube de la conclusion de sa série (puisqu'il est confirmé que le tome 10 sera le dernier), Atsushi Kaneko atteint des sommets à la fois dans son art visuel, dans l'exploitation de ses symboles, dans l'action pure et dans tout ce que véhiculent ses personnages... tout en n'oubliant aucunement de préparer son grand final où tous les personnages-phares (nos trois protagonistes, Mom, le héros déchu Lightning Volt, Thunder Girl qui s'est volatilisée après avoir massacré les membres du conseil...) devraient en toute logique être réunis.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs