Evol Vol.8 : Critiques

Séparément, Nozomi et Sakura ont tous les deux échoué dans leur objectif. Ayant quand même pu échapper à la terrible attaque de Thunder Girl grâce à l'intervention de Lightning Volt, Nozomi doit désormais se coltiner ce dernier, mû par son désir de récupérer ses "pouvoirs" (et, surtout, par son ego démesuré), toutefois sans se douter ce que sa pire ennemie, emprisonnée par le Conseil des Héros en guise de punition, est en train d'endurer. C'est alors que Sakura, alors qu'elle doit encaisser la manipulation de Damned et l'échec du plan "Zhidkost" face à Mom, reçoit un très surprenant appel de son défunt père...

Qui se cache réellement derrière cet appel, et quel est son but ? C'est là l'enjeu essentiel d'un début de volume voué à éclaircir certaines choses sur Mom, sur l'état du monde, sur les Evol... avec deux choses cruciales à la clé: Non, les Evol ne sont pas seuls, car la souffrance des enfants ne s'arrête pas au Japon et frappe le monde entier. Et oui, malgré les échecs successifs, il y a sans aucune doute encore un moyen d'anéantir le monde, mais pour cela il faudra être soudés, se réunir comme avant pour Sakura, Nozomi et Akari... mais pour ça, encore faut-il qu'ils retrouvent cette dernière telle qu'ils la connaissaient.

Après avoir été absente du tome précédente, la troisième des Evol originels est alors au centre de l'attention ici, pour un résultat percutant et chaotique en tous points. Cela commence dès les premières dizaines de pages où, par l'intermédiaire de Kokoro dont on découvrira bien vite la vraie nature, les plus sombres ténèbres d'Akari sont à nouveau révélés, jusqu'à faire douter le jeune garçon lui-même de sa véritable mission, si bien que l'on en revient toujours à la même idée: au vu de toute l'horreur dont les humains sont capables, ce monde mérite-t-il vraiment d'être sauvée et protégé, même par les héros ? Surtout, l'heure est enfin venue de voir plus précisément ce qu'est M. Lapinoir, de comprendre quel refuge il peut être pour cette jeune fille traumatisée... mais aussi de constater, dans la suite du volume cataclysmique, toute la place que le "seul ami" de l'adolescente a fini par prendre en se nourrissant de ses pires douleurs et de ses plus noirs sentiments.

Face à un monde ne cherchant pas réellement à comprendre ses erreurs, entre les héros qui ne pensent qu'à eux sans se soucier véritablement de ceux qui souffrent, la population qui fait mine de ne pas voir la souffrance, et la manière dont Akari est vue comme le mal incarné alors qu'elle reste avant tout une enfant traumatisée et qui n'a cessé de souffrir seule, on attendra avec impatience de voir une chose: si les Evol pourront être à nouveau réunis comme autrefois, à l'époque où ils voulaient simplement tout casser, et si Sakura et Nozomi pourront enfin tâcher de comprendre réellement la douleur d'Akari et l'extirper un tant soit peu de sa souffrance solitaire. En attendant de voir tout ça, Atsushi Kaneko nous livre encore un tome d'une intensité rare, et d'une belle force dans sa manière très punk de poser son regard critique sur la folie de notre monde et sur ce que nous sommes.