Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 23 Novembre 2023
"Que la Terre s'effondre !"
Les parents si toxiques et violents d'Akari ne sont plus de ce monde: puisque les adultes de la ville semblaient incapables de faire quoi que ce soit (comment aurait-on osé attaqué le commissaire de police à la botte du maire ?), la jeune fille, complètement à bout, s'est fait justice elle-même, en les calcinant par la force de son pouvoir de flammèche qui a grandi sous la colère. A présent, l'adolescente, déterminée à en finir avec cette ville pourrie, se dirige vers l'usine, qu'elle compte bien cramer pour en répandre les substances toxiques. Mais c'est alors que Lightning Volt, le héros protecteur de la ville, se montre face à elle, pour éradiquer celle qu'il considère juste comme "le mal" sans chercher à voir plus loin. Arrivant à la rescousse, Sakura pourra-t-elle faire quelque chose ? C'est que Lightning Volt, ne supportant pas l'idée que des gens du peuple puissent acquérir des pouvoirs autrement que par l'hérédité, semble bien décidé à en finir.
Dans le même temps, Nozomi, alors qu'il n'avait plus l'envie d'en finir avec cette ville puisqu'il a le soutien de sa bienveillante mère, doit subitement faire face au kidnapping de cette dernière par Thunder Girl. Alors que le jeune garçon essaie de discuter avec cette soit-disant héroïne, son adversaire ne semble aucunement avoir envie de l'écouter. Pire, Thunder Girl semble prendre du plaisir à malmener la pauvre mère innocente de l'adolescent...
Peut-on vraiment appeler des gens pareils des héros ?
"Le peuple doit être impuissant, pour continuer à avoir besoin de héros !"
Quand on voit Lightning Volt prononcer une phrase pareille, on a tout compris.
Si la dernière partie du tome 2, sans concessions dans les actes d'Akari (qui n'avait plus que ça à faire pour se sortir de son enfer quotidien), frappait déjà très fort, ce n'est peut-être rien à côté de l'horreur qui se joue au fil de la première partie de ce 3e tome, marquée en particulier par un véritable drame insondable et esthétiquement puissant du côté de Nozomi. Alors que le jeune garçon parlait désormais d'EVOL comme d'une mauvaise blague, ses plus dures pensées risquent fort logiquement de reprendre le dessus. Dans le cas d'Akari, depuis la mise à mort de ses ignobles parents le désir de détruire la ville pourrie était déjà une réalité bien tangible. Et qu'en est-il pour Sakura? Eh bien, la réponse se dessinera au fil de ce tome, puisque la jeune fille, après ses deux camarades de rébellion dans le tome 2, aura à son tour droit ici à un petit focus sur son passé. Un passé que l'on avait déjà bien entrevu et que l'on découvre désormais pleinement, en permettant à Kaneko d'encore souligner une autre tare de notre société. Un passé que Kaneko aborde avec une redoutable intelligence, puisque Sakura n'était pas forcément différente des autres avant de sombrer par leur faute: elle qui était persuadée que le monde est génial juste parce qu'elle était autrefois du bon côté, elle a bien compris que ce n'était pas le cas dès lors que tout a déraillé.
Une nouvelle fois, il est difficile de ressortir indemne de ce que nous proposer Kaneko, dans cette première partie de volume vraiment puissante dans son genre et enclenchant d'importante évolutions. Après ces événements terribles, et même s'il y a toujours le côté hautain de certains adultes qui ne voient ces adolescents révoltés que comme des gamins qui piquent une crise, la situation change en ville sur plusieurs plans (le maire, le commissaire, les héros...), mais aussi pour nos trois personnages principaux. A l'heure où les tragédies qu'ils vivent font naître en eux une colère qui semble nourrir/intensifier leurs pouvoirs, ils pourraient bien constater qu'ils ne sont pas seuls, car une jeunesse entière semble prête à les suivre, que ce soit pour des convictions fortes ou pour des raisons plus stériles. Reste à voir sur quoi ça aboutira !