Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 19 Décembre 2013
Salut, je suis Shinji Ikari ! Vous savez, le gamin dépressif insupportable de la célèbre série Neon Genesis Evangelion qui a inspiré de nombreux produits dérivés ! Cette série a eu tellement de succès qu'on nous a dit de capitaliser à mort sur le fan-service, du coup je suis de retour dans un tout nouveau manga spin-off: Plan de Complémentarité: moi-même.
Cette nouvelle aventure débute dans un monde parallèle où je vis une vie paisible avec mes parents et tous mes copains de classe. Mon amie d'enfance Asuka vient me chercher tous les matins, du coup tout le monde s'imagine qu'on est un couple. Il faut dire que mes meilleurs amis Toji et Kensuke sont de gros pervers, mais cela pourrait encore aller si la prof Misato n'y rajoutait pas son grain de sel (qu'elle a de gros nichons celle-là, l'idole de tous les garçons). Pourtant, nous ne sommes que des amis d'enfance, du moins parce qu'on est trop niais pour réaliser qu'Asuka a des sentiments enfouis à mon égard.
Les choses changent le jour où, par la force des choses (ou par un scénario forcé), je fasse par hasard la rencontre de Rei Ayanami, la première fille qui m'ait jamais fait rougir par sa beauté. Ah, que ça serait trop beau si elle pouvait être dans ma classe ! Ou même vivre chez moi, soyons fous ! Bah... Qu'est-ce qu'elle fait dans ma salle de bain ? Quoi, elle va loger chez moi ? Et dans ma classe ? Il y a donc un dieu pour les personnages principaux coincés ! Très vite, tout le monde s'imagine que je me fais mon harem perso entre deux filles et me disent que c'est dégueulasse (tiens, ça me rappelle quelque chose...). J'ai beau leur dire qu'ils se trompent, la vie est assez étrange parfois: Rei me fait du gringue (mais je suis trop niais pour le réaliser), Asuka montre des signes de jalousie et me tabasse (elle joue bien son rôle de tsundere et j'en prends plein la poire), mais surtout je me retrouve dans des situations pas possibles tout ça parce qu'un auteur qui aime les maid cafés a décrété que ça manquait d'humour sexuel pour attirer les fanboys.
Bref, c'est mon monde, un manga shojo (harem en devenir) où on passe par tous les clins d'oeil forcés à la série d'origine, où les romances passent par tous les clichés possibles et imaginables et où l'humour ne va pas plus loin que les petites culottes des filles. Reprenez Step Up Love Story mais sans les scènes de sexe et vous avez l'idée ! On est là pour attirer les fanboys et faire du fric, pas pour faire du hentai.
Heureusement, on nous a attribué un auteur plutôt sympa, Osamu Takahashi, qui a su insuffler un esprit déjanté à cette série. On est tous complètement cons et l'univers d'Evangelion est devenu fou, mais il a le mérite de ne pas faire les choses à moitié et il l'assume. Du coup, c'est peut-être une lecture assez sympathique à lire pour les fans purs et durs la première fois... enfin j'espère parce que sinon c'est un navet (soupir). Cela dit, Takahashi nous a aussi fait une assez jolie couverture qui montre ses designs plutôt réussis. Bon, bien sûr, pour un manga appelé "moi-même", j'espérais être un peu plus mis en avant, mais le fan-service exige que ce soit Rei et Asuka qui soient à l'honneur sur les couvertures (et si je me travestissais en fille ? Enfin, j'imagine que c'est déjà programmé...).
Mais n'hésitez pas quand même à tourner la page, vous nous découvrirez dans le milieu universitaire, à la plage (les filles en maillots), à une fête d'été (les filles en yukatas), et finalement dans le labo où mes parents travaillent sur un projet ultra-secret auquel je n'ai absolument rien compris. Ca devrait théoriquement être lié à des gros robots mais je n'en ai pas vu dans le hangar. Enfin, je m'en fiche, j'ai pu voir Rei en plug suit et rien que ça, ça valait la visite. Bref, une belle variété de décors, dommage que l'auteur ne les dessine pas la plupart du temps, nous mettant souvent en scène dans des cases vides. Il préfère certainement dessiner les formes des filles.
On peut toutefois remercier notre éditeur Tonkam d'avoir fait une édition de belle qualité comme à leur habitude. C'est toujours plaisant de surfer sur du papier de bonne qualité avec une belle impression et le traducteur a aussi fait un joli travail. J'imagine que ça doit aussi être plaisant pour le lecteur et lui offrir un beau confort de lecture. Ah, le chroniqueur du volume me le confirme !
Enfin bon, voilà donc notre tout nouveau manga spin-off pour fanboys. Si vous voulez vous amuser avec une série déjantée avec un univers complètement con qui ne se prend pas au sérieux, ça peut valoir le temps d'une lecture, mais en fait je n'ai pas trop compris pourquoi un manga appelé Evangelion devait faire du fan-service sans jamais reprendre les éléments de la série. J'imagine que je vais devoir demander à mon père...