Neon Genesis Evangelion - Gakuen Datenroku Vol.1 - Actualité manga

Neon Genesis Evangelion - Gakuen Datenroku Vol.1 : Critiques

Neon Genesis Evangelion - Gakuen Datenroku

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 29 Janvier 2013

Tout le monde connait Neon Genesis Evangelion, cette série mythique qui a révolutionné le monde des animés de science-fiction et qui a déchaîné les passions d'une horde de fans tout au long de sa diffusion. Comme toute série animée à succès, elle a eu droit à nombre d'adaptations dérivées sous toutes les formes: des films, des jeux vidéos et, bien sûr, des mangas. Parmi ces derniers, on trouve bien sûr l'adaptation directe de la série, mais aussi une horde de spin-off très dispensables jouant la carte du fan-service, des romances collégiennes et de l'humour qui ne va pas plus haut que le niveau de la (petite) culotte.

La bonne surprise, c'est que Gakuen Datenroku se veut très différent dans son approche de tous ces spin-off à l'intérêt très discutable. Il se lance ainsi dans un pari plutôt risqué: réinventer la mythologie et les personnages d'Evangelion tout en les transposant dans un univers très différent, plus mystique et plus gothique (pas de méchas). L'initiative est intéressante (bien que j'entends déjà les puristes crier à l'hérésie) mais reste encore à voir ce que cela donne au final.

Shinji Ikari est un jeune collégien de l'académie Nerv. Il loge chez son précepteur Ryoji Kaji, reporter de presse, et il a pour meilleurs amis Toji Suzuhara et Kensuke Aida, un passionné de l'occulte toujours à l'affut de la moindre rumeur. Il a toujours vécu une existence où chaque jour se ressemble inlassablement. Jusqu'à ce soir fatidique où il aperçoit sa camarade de classe Rei Ayanami et un mystérieux garçon fuir les lieux d'un drame. Il retrouve le garçon en question lorsque celui-ci rejoint les rangs de l'académie Nerv sous le nom de Kaworu Nagisa, devenant instantanément un élève populaire auprès de la gente féminine. Mais Kaworu semble porter un intérêt tout particulier à Shinji qui, de son côté, est intrigué par ce garçon et par les blessures de Rei.

Lorsque ses deux camarades s'éclipsent à la fin des cours, Shinji les suit et il se retrouve impliqué malgré lui dans l'affrontement qu'ils livrent contre un "ange", Ramiel. Car Kaworu et Rei sont en réalité des shemhazais, des individus qui ont éveillé leur "Eva" intérieur et matérialisé leur volonté sous la forme d'une arme afin de combattre les anges, des entités spirituelles qui prennent possession du corps d'être humains, les tuant dans le processus, et qui menacent l'équilibre du monde. Les anges doivent être arrêtés, sans quoi cette réalité disparaîtra dans le néant.

Au cours de l'affrontement, un étrange pouvoir mystique s'éveille en Shinji, forçant l'ange à se replier. Mais le jeune garçon s'effondre juste après. A son réveil, on l'emmène dans un endroit étrange où sont réunis l'ensemble des shemhazais. Une volonté supérieure ordonne alors à Shinji de combattre les anges à leurs côtés à l'aide de son propre Eva: un revolver magique. Mais le jeune garçon n'a jamais voulu se retrouver impliqué dans une bataille dont doit dépendre l'avenir de l'humanité et il refuse de laisser les autres décider ainsi de son destin à sa place. Pourtant, ne fait-il pas que fuir son destin depuis bien longtemps déjà ?

Gakuen Datenroku est donc avant tout une réinvention intégrale de la mythologie Evangelion. Pour faire simple, la série n'a pas grand chose à voir avec son modèle, se contentant d'en reprendre les personnages principaux dans de nouvelles incarnations et certains éléments réinventés afin de coller à ce nouvel univers mystique. Mais si la forme est différente, on retrouve néanmoins bien l'essence d'Evangelion... dans une certaine mesure.

Ce premier tome installe avant tout l'univers et l'intrigue de la série et, à ce niveau, on ne peut pas dire que l'auteur ait fait preuve d'une grande originalité. Alors que la nature même du titre évoque un pari et une certaine prise de risque, cette introduction demeure extrêmement classique et convenue, un point de départ qu'on peut trouver dans nombre de mangas shonens aux univers un peu mystiques. Est-ce pour autant une mauvaise chose ? Pas forcément car, si cette base est très convenue, la série sera amenée à affirmer son identité propre par la suite, mais c'est surtout que ce tome 1 ne va pas plus loin en fait.

Concernant les personnages, pour dire les choses très simplement, le titre tourne essentiellement autour de Shinji, Kaworu, Rei et Asuka. Les autres ne servent bien souvent à rien et ils sont surtout là pour décorer et pour donner un peu l'impression qu'on est dans un manga d'Evangelion (quand même). On retrouve par exemple Misato et Ritsuko dans leurs rôles "fan-service" attitrés de professeur d'école et d'infirmière.

Mais le plus intéressant dans tout ça reste que l'auteur s'est particulièrement intéressé à dépeindre les relations entre les quatre personnages principaux. Kaworu est certainement le personnage le plus réussi, brillamment mis en valeur (ce qui n'a pas toujours été le cas malgré son potentiel indéniable) et sa relation avec Shinji se trouve au centre du titre. En comparaison, Rei est plus effacée dans ce tome, ce qui correspond bien à la nature de son personnage. Quant à Asuka, elle est l'archétype même de la tsundere. Si son personnage apparait initialement très effacé, jouant les filles sympathiques et populaires du collège, elle acquiert ensuite une toute autre présence dès lors qu'elle dévoile sa véritable personnalité. Elle a notamment droit à une scène phare dans le tome où on la voit déchainer sa rage intérieure de manière spectaculaire et terrifiante au cours d'un affrontement contre un ange (lequel est le plus dangereux des deux ?). Dans l'ensemble, ces nouvelles incarnations des quatre personnages sont réussies et constituent l'intérêt principal de ce titre.

Passons maintenant à un sujet qui fâche plus: les dessins. Le style de l'auteur est très particulier et il ne plaira pas à tout le monde. Certains lui trouveront un côté stylé avec ces personnages aux designs gothiques, mais d'autres trouveront ses dessins assez brouillons, et la vérité se situe certainement quelque part entre les deux. Les décors sont par ailleurs assez vides et l'auteur a tendance à utiliser des couleurs sombres pour masquer justement les détails. Les dessins sont donc assez pauvres et chacun appréhendera à sa manière le style particulier de l'auteur. Ce qui rattrape un peu le coup, ce sont les scènes de combat, réussies et très lisibles quant à elles.

Alors, dans tout ça, quel est l'intérêt de Gakuen Datenroku ? Le manga ne plaira assurément pas aux puristes qui ne jurent que par la série originale mais, d'un autre côté, qui d'autres que les fans peuvent s'intéresser à un manga dérivé pareil (on ne parle pas vraiment de Lost Canvas là) ? D'autant que ce premier tome n'est pas non plus aussi intéressant qu'on aurait pu l'espérer (même s'il reste plaisant à lire en l'état) et qu'on ne l'achètera également probablement pas pour admirer ses dessins. Ses attraits particuliers résident surtout dans ses personnages et dans son ambiance mystique qui sont assez sympathiques pour l'heure. Mais cela n'en fait assurément pas un grand titre pour autant et il reste à voir comment la série va continuer à évoluer par la suite. On se retrouve donc avec une sorte d'ovni auquel les fans jetteront peut-être un oeil par curiosité pour découvrir un "autre" Evangelion.


Glass Heart


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
GlassHeart
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs