Est-ce qu'un androïde compte pour une première fois ? Vol.1 - Manga

Est-ce qu'un androïde compte pour une première fois ? Vol.1 : Critiques

Android wa Keiken Ninzuu ni Hairimasu ka?

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 28 Novembre 2024

La collection Yuri des éditions Meian s'est drastiquement enrichie au cours des derniers mois. De la romance au drame en passant par la comédie et la tranche de vie enivrante, les genres et les ambiances couverts sont assez vastes, rendant le label particulièrement riche et attractif pour les amateurs de yuri. Mais l'éditeur n'a pas oublié les adeptes de récits plus aguicheurs, et c'est ce registre qu'intègre "Est-ce qu'une androïde compte pour une première fois ?".

La série est celle de Yakinikuteishoku (ou Teishoku Yakiniku), un mangaka spécialisé dans les œuvres érotiques et dont les travaux consistent essentiellement en des dôjinshis et des participations à des anthologies coquines. Sa première série, toujours en cours, est née en 2020. Inédit chez nous, "Hitozuma to JK" dénombre à ce jour quatre volumes et narre l'histoire d'une femme au foyer et d'une jeune femme qui deviennent sex-friends.
L'œuvre qui nous intéresse naît l'année suivante. "Android wa keiken ninzû ni hairimasu ka?" fut proposé entre 2021 et cette année dans la célèbre revue Yurihime des éditions Ichijinsha, pour un total de 5 tomes. Une série qui allie la comédie à un érotisme des plus prononcé, puisque les rapports intimes sont bien présents. Autant dire que le manga est réservé à un lectorat majeur, là où bien d'autres titres de la collection Yuri peuvent être appréciés par les plus jeunes (citons, par exemple, "I"m in Love with the Villainess" ou encore le poignant "Notre été éphémère").

À l'heure où les nouvelles technologies sont de pointe et que l'Intelligence artificielle prend une place de plus en plus importante dans notre société, Akane Tsuda est une femme proche de la trentaine et une employée de bureau modèle. Célibataire, elle ne rechigne jamais à savourer une bonne bière après le boulot, tout en maudissant ces technologies émergentes de menacer son travail. C'est pourtant l'une de ces avancées techniques qui lui est mystérieusement envoyée, un jour, sous la forme d'une androïde reproduisant le comportement et la corpulence de l'humain à la perfection. Bâtisée Nadeshiko, la jeune femme artificielle est programmée pour une seule chose : le sexe ! D'abord réticente, d'autant plus que la possession de sexdroïdes est prohibée, Akane va finir par se prendre au jeu. Mais Nadeshiko peut-elle réellement remplacer une partenaire ? A-t-elle même des sentiments ? Entre deux parties de jambes en l'air, les questionnements d'Akane vont se multiplier...

Les premières pages de "Est-ce qu'un androïde compte pour une première fois ?" donnent le ton du récit. Spécialiste dans l'érotisme et les œuvres coquines, Yakinikuteishoku nous offre une comédie où les rapports entre les deux personnages principaux sont plus qu'explicites. L'ouvrage s'ouvre sur un ébat entre Akane et Nadeshiko et, s'il n'est jamais question de faire de gros plans sur les parties génitales des personnages, il n'y a aucun doute sur la nature des gestes intimes tandis que les deux héroïnes sont montrées dans leur plus simple appareil à moult reprises. La série s'impose clairement comme un récit torride, mais non sans délaisser l'humour.

Sur ces bases, que le lecteur est libre d'apprécier ou non, l'auteur parvient à rendre un début de récit particulièrement bien dosé. Si les moments coquins sont récurrents, ils ne sont pas omniprésents et laissent la place à des moments ancrés dans le quotidien, via la vie de salariée d'Akane notamment, voire des petits instants de tranche de vie entre le personnage central et son androïde, où il est davantage question d'émotions et de sentiments. Entre deux ébats, l'auteur parvient donc à créer une vraie alchimie entre les deux protagonistes et à soulever quelques questionnements concernant la nature de la sexdroïde. Nadeshiko n'est-elle qu'un vulgaire appareil qui reproduit à merveille le corps charnel ? Son IA lui permet-elle d'avoir des sentiments ? Ainsi, Akane pourrait-elle envisager avec elle un rapport plus profond que celui d'un humain et de sa machine ? Certes développés dans une certaine légèreté, ces points permettent de donner de la consistance au manga et ne pas faire de celui-ci qu'une simple succession de moments torrides.

D'ailleurs, ces fameux rapports sexuels ont souvent pour charme leur tournure humoristique. Que ce soit par les mécanismes de Nadeshiko, sa franchise gestuelle liée à sa condition ou la timidité d'Akane à franchir le cap, le récit est aussi émoustillant qu'il est amusant, un autre équilibre que le mangaka parvient à entretenir, tout en renouvelant les situations grivoises autour de ses personnages.

Toujours coquin, mais ne virant pas dans l'explicite du hentai, "Est-ce qu'une androïde compte pour une première fois ?" s'apparente davantage à un "Nozokiana" dans le ton comme dans l'esthétique, avec davantage de comédie néanmoins. La série a donc la matière pour séduire les fans du genre ainsi que celles et ceux qui recherchent un yuri plus érotique. Sur cinq volumes, la série a le potentiel pour satisfaire du début à la fin tant elle cherche à raconter une sympathique histoire entre deux moments de rapports charnels.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14.5 20
Note de la rédaction