Escale à Yokohama Vol.13 - Actualité manga
Escale à Yokohama Vol.13 - Manga

Escale à Yokohama Vol.13 : Critiques

Yokohama Kaidashi Kikô

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 13 Février 2024

L'attente fut longue jusqu'à la parution française, en ce début de mois de février 2024, des deux derniers volumes d'Escale à Yokohama, la pierre angulaire des mangas iyashikei conçue par le talentueux Hitoshi Ashinano: 11 mois se sont effectivement écoulés depuis la sortie des précédents volumes en mars 2023. N'en tenons toutefois pas trop rigueur aux éditions Meian puisque, quelque part, ce long délai colle assez bien au propos de la série: si le temps passe inexorablement, en nous semblant parfois trop rapide ou, au contraire, parfois trop lent quand on attend quelque chose avec hâte (en l'occurrence nos retrouvailles avec Alpha ici), Ashinano, lui, vous demanderait peut-être si, pendant ces 11 mois d'attente, vous n'avez pas oublié de profiter de tous les instants fugaces à votre portée avant qu'ils ne s'effacent. Alors, est-ce que ce fut le cas pour vous ?

Une chose est sûre: dans cet avant-dernier volume de la série, c'est bel et bien le cas pour Alpha et son entourage, alors même que le présent opus cristallise peut-être plus qu'aucun autre auparavant cette idée que le temps passe et que, face à lui, rien n'est immuable. Notre attachante héroïne robot a réparé son café, le fait désormais tourner avec l'aide de Makki en tant que serveuse, quand bien même les clients sont rares. Le quotidien pourrait simplement reprendre comme d'habitude, mais en toile de fond il y a ces petits changements qui en disent long. Takahiro, qui a grandi, n'est plus là. Comme le dit papi, il arrivera aussi un moment où la jeune Makki deviendra elle aussi assez grande pour voler de ses propres ailes ailleurs. A travers une autre discussion avec papi, notre héroïne montre aussi qu'elle a bien conscience qu'un jour son café sera englouti par l'avancée de la mer. De son côté, en poursuivant son voyage, Ayase constate l'effondrement d'une falaise érodée par la mer, et nous offre l'occasion de constater encore un peu plus l'état de ce monde d'anticipation où la civilisation humaine et les grandes villes ne sont plus ce qu'elles étaient.

Rien n'est éternel. Il y a, d'un bout à l'autre de ce tome, une forme de mélancolie, y compris d'Alpha elle-même, face à cette constatation que rien ne pourra changer. Et pourtant, pour notre héroïne et son entourage, il est hors de question de perdre de vue l'importance, face à ça, de profiter de chaque instant présent avant qu'il ne cède sa place à un autre instant. Les moments passés seules par Alpha et Makki dans le café sans client auraient pu être des instants d'ennui pur pour elles. Les discussions de notre héroïne avec papi auraient apparaître comme des moments banals et oubliables. A travers ses personnages qui prennent leur temps, Ashinano en fait pourtant des instants précieux. Et à cela s'ajoutent, bien sûr, bien d'autres moments qu'Alpha et ses proches tâchent de saisir: une visite de Kokone au café, la première rencontre de celle-ci avec Makki, une étonnante pluie d'étoiles filantes à savoir admirer emmitouflées au coeur de la nuit, sans oublier les virées en scooter (habituelles chez Alpha, nouvelles pour Kokone suit à un choix qu'elle fait), sont autant d'instants fugaces que Hitoshi Ashinano sait sublimer, en s'appuyant sur ses visuels contemplatifs et éthérés ainsi que sur sa narration souvent très sensorielle (aaaah, les petites descriptions qu'Alpha fait sur son ressenti quand elle se balade en scooter).

Dans une série déjà si belle depuis ses débuts, cet avant-dernier volume est un vrai petit bijou qui regroupe à merveille toute l'essence d'Escale à Yokohama. Forcément, cela promet le meilleur pour le final de l'oeuvre dans le prochain tome.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs