Ere des cristaux (l') Vol.5 : Critiques

Phos poursuit son étude des séléniens, le souhait chevillé au corps de mettre la main sur du lourd : apprendre certaines choses du passé qui semblent demeurer cachées. Et si Maître Vajra enfouissait une vérité qu’il serait préférable de taire ? 

Un volume d’errance : une marche dans le brouillard. Le déboussolé Phos ne sait plus vraiment vers où donner de la tête. Au gré des jours, il improvise un brin d’enquête, par-ci, par-là.  Le mystère paraît s’épaissir autour du Maître : l’auteur s’amuse d’abîmer son image de sage séculaire. Phos s’interroge : le pater familias bienveillant mériterait-il réellement la confiance ? Le doute se renforce page après page ; jusqu’à un affrontement lors duquel il sera appris sans doute l’une des raisons pour lesquelles ledit Maître est régulièrement épris de grandes fatigues l’obligeant à sommeiller durant ses fameuses siestes longues.  

Les personnages secondaires sont invariablement mis sur le devant de la scène, et avec beaucoup de fluidité. Même s’il devient parfois difficile de pouvoir identifier au premier coup d’œil les personnages en présence. Puisque, d’ailleurs, les différences entre les protagonistes tiennent parfois à très peu de détails graphiques. Et d’autant que le noir et le blanc du manga – au rendu certes très éthéré – ne permet pas de profiter de l’essentiel de la différentiation des êtres de cristal lequel consistera jusqu’alors dans la pigmentation de leur chevelure. A l’image d’une pierre de cristal, « L’Ere des Cristaux » se veut une œuvre épurée où le détail relève du fondamental. 

C’est dans le cadre de cet habile brassage de personnages que deux nouveaux venus feront leur apparition. Le premier se nomme – attention les yeux – Padparadscha. Et il n’est ni plus ni moins que le plus puissant des guerriers après l’infatigable Bort. Un personnage dont l’intérêt pouvant lui être porté ne pourra qu’aller en se renforçant, notamment de par le nombre très limité de ses apparitions, mais à raison aussi de son étonnante composition. En conséquence de son ancienneté, Padparadscha semble en savoir long sur le Maître ; et ses propos sur les « vérités par toujours bonnes à raconter » ne feront que renforcer la noirceur de l’endroit où les démarches de Phos pourraient bien mener !

Le second nouveau personnage à faire son entrée ici répond au nom de « Quartz Fantôme ». Hein ? A la vérité, celui-ci semble souffrir d’un dédoublement de personnalité. Plus encore, la dualité de sa composition paraît faire coexister deux êtres parfaitement distincts en un seul. A la fois particulier, déroutant et délicieux. Il aura été  noté ici la singularité de la conception des portraits dressés par Haruko Ichikawa, et ce jusque dans l’utilisation faite des particularités du cristal. Et s’il n’était pas réellement compris la raison pour laquelle l’auteur souhaitait mettre un terme au duo Bort-Phos,  cela deviendra vraisemblablement davantage intelligible par la suite à raison de la prise d’importance de Quartz Fantôme. 

Les personnages, l’intrigue et l’univers s’étoffent subrepticement. Un tome calme et maîtrisé dont on pardonnera une séquence finale un zeste facile. « L’Ere des Cristaux » se veut une œuvre définitivement à part. Après une forte ascension, l’auteur oriente son protagoniste principal vers un cul-de-sac : une nouvelle évolution folle en perspective ?